Ce n'est que lors de sa septième grossesse que Mme Salama Traoré a pu bénéficier de soins de santé adéquats : prise en charge dans un centre de santé communautaire de Bamako, elle exprime un soulagement teinté de lourds souvenirs. Les épreuves endurées par son couple, parfois tragiques, ne sont pas oubliées. « Mes six premiers enfants sont nés à domicile, parce que mon mari et moi n’avions pas les moyens pour payer les soins prénatals et postnatals », confie-t-elle, évoquant la perte de deux de ses enfants, faute de soins appropriés. Mme Traoré fait désormais partie des bénéficiaires du projet Accélérer les progrès vers la couverture sanitaire (PACSU), qui offre un accès à des soins de qualité aux plus démunis au Mali.
Jusqu'à récemment, obtenir des soins de santé relevait d’un parcours du combattant pour les populations vulnérables, limitées par leur pouvoir d'achat et la disponibilité des soins. « Auparavant, il n'était pas rare que les patients parcourent entre 3 et 5 km pour rejoindre un centre de santé communautaire, souvent sans être sûrs d’être pris en charge en raison des frais élevés », se remémore M. Zanga Dao, secrétaire général de la Mairie de Kati.
En effet, les chiffres de l'enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages (EICVM 2018 – 2019) révèlent que 51 % des Maliens renoncent aux soins de santé pour des raisons financières. Ce taux de renoncement est encore plus élevé pour le quintile le plus pauvre (60 %) classé selon le revenu des niveaux de consommation et dans certaines régions comme Kayes, Koulikoro et Taoudenit. Même à Bamako, la capitale, l'obstacle financier demeure conséquent (40 %). Le faible niveau d’utilisation des services de santé, même là où l'accessibilité géographique est meilleure que la moyenne, suggère que les barrières financières et la qualité des services sont des facteurs clés.