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ARTICLE08 février 2024

Djibouti : donner aux enfants réfugiés la chance d’aller à l’école

Maria Abdi Mohammed, Réfugiée somalienne

Maria Abdi Mohammed, 13 ans, Réfugiée somalienne.

 

GPE/Federico Scoppa

LES POINTS MARQUANTS

  • Djibouti accueille environ 35 000 personnes en situation d’urgence, dont plus de 23 000 réfugiés et 11 000 demandeurs d'asile (principalement originaires de Somalie, d'Éthiopie et du Yémen) dont près de 40 % sont des enfants en âge d'aller à l'école.
  • Pour aider le pays à assurer l’accès et l’inclusion des enfants réfugiés dans le système éducatif national, la Banque Mondiale et le Partenariat mondial pour l’éducation soutiennent la mise en œuvre du Projet de renforcement des opportunités d’apprentissage financé à hauteur de 30,35 millions de dollars.
  • Le programme permet également de renforcer les capacités de gestion du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle.

Cet article a été publié dans sa version originale par le GPE le (14 décembre 2023)

Il est 6h50 ce lundi matin. Maria Abdi Mohammed s’apprête pour l’école. « Mes matières préférées sont l'anglais et les sciences et je suis l'une des meilleurs élèves de ma classe » dit-elle, souriante, vérifiant ses livres dans son cartable qu’elle s’empresse de mettre sur son dos.

« Il faut que je me dépêche. Je ne veux pas être en retard » lance-t-elle, avant un aurevoir furtif à sa maman et son petit frère.

Comme tous les élèves de son école, Maria est réfugiée. Sa famille a quitté la Somalie pour Djibouti durant le conflit en 2008.

« Pour arriver ici, ma famille a marché des jours et des nuits, parfois sans se reposer et même sous la pluie. » dit-elle, l’air triste.

Le Kulmiye College qu’elle fréquente est situé dans le village des réfugiés d’Ali Addeh, au sud de Djibouti. L’établissement fait partie des 15 écoles pour réfugiés que compte le pays.

Environ 40 % des réfugiés sont des enfants en âge d'aller à l'école. Djibouti a instauré une loi octroyant aux réfugiés des droits similaires à ceux des citoyens, garantissant ainsi une qualité de vie équivalente.
H.E. Moustapha Mohamed Mahamoud Minister of National Education and Vocational Training
S.E. Moustapha Mohamed Mahamoud
Ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle
The World Bank

Vue aérienne du Collège Kulmiye dans le village de réfugiés d’Ali Addeh. Djibouti.

GPE/Federico Scoppa

Situé dans la Corne de l’Afrique et entouré de pays ayant récemment connu une situation de crise, Djibouti [LT1] est devenu, au fil des années, à la fois une terre de passage et une terre d’accueil pour de nombreuses personnes ayant quitté les pays voisins en temps de crise, à la quête d’un havre de paix.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Djibouti accueille environ 35 000 personnes en situation d’urgence, dont plus de 23 000 réfugiés et 11 000 demandeurs d'asile, résidant dans les villages de réfugiés d'Ali Addeh (49 %), de Holl Holl (23 %), de la ville de Djibouti (20 %) et de Markazi (8 %). Ces personnes sont principalement originaires de Somalie, d'Éthiopie et du Yémen.

Pour le pays, protéger le droit à l’éducation des enfants comme Maria est une nécessité, certes, mais qui vient avec son lot de défis.

Pour soutenir les efforts du gouvernement à assurer l’accès à l’éducation des enfants réfugiés, l’Association internationale de développement (IDA) (le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres), le Partenariat mondial pour l’éducation et des partenaires, dont Education Above All, soutiennent la mise en œuvre du Projet de renforcement des opportunités d’apprentissage (PRODA).

Financé à hauteur de 30,35 millions de dollars (dont 18 millions du IDA), le programme vise à accroître l'accès équitable à l'éducation de base, améliorer les pratiques pédagogiques et renforcer les capacités de gestion du ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFOP).

Le programme prévoit aussi d‘élargir l’accès à l’enseignement primaire et au premier cycle du secondaire et d’améliorer la rétention des populations vulnérables, notamment les réfugiés.

Grâce au PRODA, des enfants réfugiés comme elles peuvent poursuivre leur éducation en toute sérénité et prétendre à un avenir meilleur.

Mettre en œuvre un programme d’enseignement unique

Autrefois assurée par le HCR, en partenariat avec des ONGs de 2009 à 2016, la gestion des camps de réfugiés est redevenue la responsabilité du gouvernement en 2017, suite à l’adoption de la Déclaration de Djibouti sur l'éducation des réfugiés par les pays membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), dont le pays fait partie.

Jusqu’en 2016, les programmes enseignés dans les villages de réfugiés étaient différents du programme national. Dans le village des réfugiés d’Ali Addeh par exemple, le programme enseigné était celui du Kenya.

Cette reprise par le gouvernement marque un changement radical dans la prise en charge de l’éducation des enfants réfugiés à Djibouti, soutenu par le PRODA.

Les enfants réfugiés, comme Maria, suivent donc le même programme scolaire que les jeunes djiboutiens du même âge et de même niveau scolaire.

Exception faite du village de réfugiés de Markazi où l’enseignement se fait en arabe (l’anglais et le français y étant enseignés comme langues étrangères), le choix de l’anglais comme langue d’enseignement est justifié, d’une part, par le fait que les réfugiés viennent en majorité de pays anglophones (Somalie, Ethiopie, Erythrée, Kenya).

D’autre part, c’est aussi « … parce que nous avons espéré qu'au cas où il y aurait un retour de ces jeunes dans leur pays d'origine, ils seraient en mesure de s'intégrer facilement sur le marché du travail de leur pays. » affirme le ministre de l’Éducation.

Améliorer les pratiques pédagogiques pour de meilleurs résultats d’apprentissage

Le PRODA a soutenu la formation pédagogique spécialisée des enseignants intervenant dans les écoles de réfugiés.

Pour faciliter l’enseignement du programme national dans ces écoles, le projet a financé l’impression de supports pédagogiques révisés (manuels, guides et livrets scolaires) et la traduction des manuels et programmes d’enseignement.

En dépit des efforts du gouvernement et de ses partenaires, des difficultés persistent. Le besoin d’infrastructures scolaires, par exemple, reste important.

De plus, certains enfants réfugiés éprouvent des difficultés à s'intégrer dans leur nouveau milieu, notamment en raison des obstacles linguistiques liés à l'apprentissage dans une langue autre que celle de leur pays d'origine, où l’anglais n’était pas la langue d’enseignement et d’apprentissage

Fin décembre 2023, près de 14 000 enfants non scolarisés avant le début du programme – dont des Djiboutiens et des enfants réfugiés –, étaient désormais inscrits dans des écoles trois ans après le début de sa mise en œuvre. Il est prévu que 10 000 enfants de plus soient scolarisés d'ici 2025.

Nul doute que l'engagement du gouvernement en faveur de l'intégration d’enfants réfugiés comme Maria dans le système national, pourra contribuer au développement et au rayonnement de Djibouti.

La Banque Mondiale et le Partenariat mondial pour l’éducation, en collaboration avec les partenaires, continuera d'accompagner Djibouti dans son cheminement vers la transformation de son système éducatif, pour garantir à tous les enfants, réfugiés ou non, d’exercer pleinement leur droit à une éducation de qualité.

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