Skip to Main Navigation
ARTICLE19 décembre 2023

Nzingoula Delaunay à l’école des poules pondeuses

The World Bank

Nzingoula Delaunay dans son poulailler.

Crédit : Franck Sidney Chrysantheme Bitemo / Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • Le projet de développement des compétences pour l’employabilité (PDCE) a offert la possibilité à des jeunes déscolarisés et vulnérables d’acquérir les compétences nécessaires pour accéder au marché du travail à travers un emploi salarié ou indépendant.
  • L’accent a été mis sur la formation pratique et l'établissement de liens solides avec des employeurs du secteur privé.
  • Le projet a soutenu l’entrée des jeunes sur le marché du travail, y compris comme des apprentis. Il a par ailleurs assumé les coûts de formation et de stage ou d’apprentissage de ces jeunes, ainsi que ceux de restauration et de transport pendant lesdits stages, apprentissages et formations. Il les a également aidés à élaborer des plans d’entreprise.

Nzingoula Delaunay passe l’essentiel de son temps au poulailler : « Les poules m’enseignent, » dit-il. Pourtant, ce jeune homme de 31 ans avait été « un peu découragé » il y a trois ans, d’être inscrit à la section aviculture par le Projet de développement des compétences pour l’employabilité (PDCE), qui proposait des formations gratuites aux jeunes vulnérables de Brazzaville.

Financé par la Banque mondiale par le biais de l’Association Internationale de Développement (IDA), le projet PDCE a ainsi ouvert des opportunités d’acquisition de compétences à des jeunes vulnérables et non scolarisés, et accru leur employabilité.

Aviculteur malgré lui

Passionné d’électricité domotique, Nzingoula Delaunay avait obtenu son brevet d’études techniques au collège mais avait dû abandonner ses études faute de moyens financiers. L’annonce du PDCE avait ravivé son rêve de poursuivre sa formation en électricité. Malheureusement, cette section étant déjà saturée, il s’est vu contraint de se rabattre sur sa deuxième option qu’était l’aviculture. « J’avais fait un peu d’élevage dans mon enfance, » justifie-t-il, « mais cette activité est dénigrée dans notre société, considérée comme un métier d’illettrés ou de ceux qui ont échoué à l’école. »

Sans enthousiasme donc, Nzingoula entame sa formation de six mois, assortie de trois mois de stage, en aviculture au Lycée d’enseignement professionnel agricole Amilcar Cabral situé à 17 km au sud de Brazzaville. Conscient cependant de sa chance de bénéficier d’une formation gratuite, et soucieux d’aider sa famille démunie, le jeune homme s’applique dans sa formation. Il achète quelques poussins et monte un poulailler de fortune dans la parcelle familiale, grâce aux économies réalisées sur les 12 600 FCFA (21 dollars) fournis toutes les deux semaines par le PDCE pour son déplacement et sa ration alimentaire. « Ainsi, je pouvais pratiquer à la maison tout ce que j’apprenais à l’école. »

The World Bank
Grâce à du matériel de récupération, Nzingoula Delaunay fabrique du matériel pour son poulailler. Crédit : Franck Sidney Chrysantheme Bitemo / Banque mondiale

Découverte d’une vocation

L’appétit venant en mangeant, Nzingoula Delaunay prend vite goût à l’aviculture, d’autant qu’il réalise le bénéfice qu’il peut tirer de ses notions en électricité domotique. « J’ai fusionné les deux métiers », s’enthousiasme le jeune garçon qui se met à fabriquer lui-même, avec du matériel de récupération, couveuses, séchoirs et éleveuses dotés d’un système automatique de régulation thermique.

Au terme de sa formation, le jeune aviculteur est déjà à la tête d’un petit cheptel d’une cinquantaine de poulets adultes qu’il vend rapidement pour développer son activité. Mais la parcelle familiale dans laquelle il installe sa ferme, située dans un quartier populaire du sud de Brazzaville, fait à peine 400 m2. Elle comprend une grande maison centrale quadrillée par des poulaillers. La cour, la véranda et le salon sont jonchés de caissons en bois, de couveuses d’une capacité de 100 à 5 000 œufs, de séchoirs et d'éleveuses. Le salon sert aussi de lieu de fabrique d’aliments de bétails. Orphelin, Nzingoula Delaunay cohabite avec ses frères, ses sœurs et ses cousins. Non seulement nul ne se plaint de son activité mais tous mettent la main à la pâte. « Ces poules nourrissent la famille », précise-t-il.

Nzingoula Delaunay se targue d’avoir réussi à atteindre jusqu’à 685 têtes de poulets adultes dans sa petite ferme urbaine. Confronté au manque d’espace et de financement pour les nourrir et les soigner, il doit cependant changer d’approche. Une rapide étude de marché lui fait comprendre l’intérêt d’investir dans des poulets de races améliorées. « Pour que ma ferme soit viable, je devais avoir des poulets résistants aux maladies, peu consommateurs d’aliments mais à croissance rapide, avec une chair de qualité ». Il se lance alors dans l’élevage de poulets de races améliorées et l’expérimentation de races hybrides. « J’ai réussi à créer une nouvelle race en croisant des poulets et des pintades », assure-t-il.

Ce que j’ai appris grâce au PDCE, c’est qu’il n’y a pas de sot métier dans la vie. Tout ce que tu fais peut aboutir pourvu que tu sois patient et que tu y mettes du cœur.
Nzingoula Delaunay

The World Bank
Nzingoula Delaunay et une avicultrice de la CADCE. Crédit : Franck Sidney Chrysantheme Bitemo / Banque mondiale

Il n’y a pas de sot métier

Avec sept autres jeunes aviculteurs formés par le PDCE dont trois jeunes filles, Nzingoula Delaunay crée en 2020, en pleine crise sanitaire de la Covid-19, la Coopérative avicole de développement des compétences entrepreneuriales (CADCE) qu’il dirige. « Nous élevons des races améliorées de poulets Brahma, Hanovre, Sussex, Coucou de Malines, Label Rouge, et autres races hybrides que nous avons créées nous-mêmes par divers croisements », explique-t-il. La coopérative propose d’autres types de volailles de races améliorées comme des pigeons, des canards et des dindons. Au gré de la demande, elle vend des œufs frais, des poussins ou des poulets de chair. L’ambition est d’offrir des produits bio et bon marché à tous les Congolais.

La coopérative forme également des jeunes aviculteurs – une soixantaine déjà, à ce jour, envoyés par le PDCE ou des structures privées. Enfin, elle commercialise son savoir-faire à travers la fabrication d’équipements avicoles modernes ou l’appui-conseil en aviculture.

« Ce que j’ai appris grâce au PDCE, c’est qu’il n’y a pas de sot métier dans la vie », conclut Nzingoula Delaunay. « Tout ce que tu fais peut aboutir pourvu que tu sois patient et que tu y mettes du cœur. » C’est le message qu’il adresse à tous les jeunes qui hésitent à se lancer dans l’aviculture ou dans toute autre activité professionnelle.

Blogs

    loader image

Nouveautés

    loader image