Skip to Main Navigation
ARTICLE03 novembre 2022

Dix choses à savoir sur notre première série de rapports nationaux sur le climat et le développement

Premières conclusions des rapports nationaux sur le climat et le développement 2021-22 du groupe de la Banque mondiale

Couverture du rapport.

En 2021, le Groupe de la Banque mondiale annonçait la création d’un nouvel outil diagnostique de fond et novateur : les rapports nationaux sur le climat et le développement (a), ou « CCDR » selon leur acronyme en anglais. L’objectif ? Recenser pour chaque pays les stratégies les plus efficaces et rapides pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et protéger la population tout en soutenant un développement vert, résilient et inclusif. Une nouvelle publication dresse aujourd’hui le bilan des 24 premiers rapports réalisés à ce jour. Il ressort de cette analyse que les pays peuvent renforcer leur résilience et atteindre leurs objectifs climatiques sans compromettre leur développement, mais il faudra pour cela des changements majeurs. Voici, en dix points, ce qu’il faut en retenir :

1. Les pays à revenu élevé doivent accélérer leur action climatique et accroître leur soutien aux pays à revenu faible et intermédiaire. Afin d'atténuer les plus graves effets du changement climatique sur les pays à revenu faible et intermédiaire, il faut réduire rapidement les émissions dans les pays à revenu élevé, qui disposent de ressources plus importantes pour y parvenir et sont les plus gros émetteurs par habitant. Les CCDR mesurent l’ampleur des besoins des pays à faible revenu en matière d’adaptation et d’atténuation, tant sur le plan du renforcement des institutions que sur celui des investissements, en particulier dans les infrastructures. Les pays riches doivent mobiliser davantage de ressources financières sur plusieurs fronts : ils doivent promouvoir des politiques et des réformes judicieuses en faveur d’une transition juste, assurer l’accès à des financements abordables et fournir des fonds concessionnels, y compris sous la forme de dons, en direction des pays à faible revenu.

2. Le renforcement de la résilience et de l’adaptation est une nécessité urgente qui fait partie intégrante du développement et de la lutte contre la pauvreté, en particulier dans les pays à faible revenu. La pauvreté est étroitement liée à la vulnérabilité climatique. Pour faire en sorte que les populations locales soient mieux préparées aux effets du dérèglement du climat, il est essentiel de réduire la pauvreté et de stimuler le développement. Les CCDR montrent avec force exemples comment un système économique opérant, conjugué à des politiques qui assurent un accès équitable aux ressources et aux services de base, contribue à atténuer l’impact du changement climatique. En outre, sans une action plus vigoureuse dans le domaine de l’adaptation et de la résilience, les pauvres seront les premiers et les plus durement touchés. Dans les pays du Sahel, le taux de pauvreté pourrait atteindre 34 % d’ici 2050 dans un scénario de climat sec et de fortes émissions, contre 27 % pour le scénario de référence. Ce sont 13,5 millions de personnes supplémentaires qui basculeraient ainsi dans la pauvreté.

3. Les pays peuvent conjuguer croissance et réduction des émissions de GES, mais des changements majeurs sont nécessaires. Une baisse significative des émissions de GES est compatible avec la croissance économique et les objectifs de développement nationaux. Pour y parvenir, plusieurs conditions clés doivent être réunies : des actions climatiques bien conçues, une solide participation du secteur privé, un soutien international et des mesures appropriées pour gérer les arbitrages inévitables, protéger les pauvres et faciliter une transition juste.

4. Pour accroître la résilience et réduire les émissions, les besoins d’investissement annuels s’élèvent en moyenne à environ 1,4 % du PIB sur la période 2022-30 pour la totalité des pays étudiés jusqu’à présent, et à 8 % du PIB pour les seuls pays à faible revenu. Ce volume d’investissement permettrait à la fois de renforcer la résilience et d'atteindre d’ici 2050 la cible de 70 % de réduction des émissions par rapport aux niveaux actuels. Pour répondre à de tels besoins sans nuire au développement et à la réduction de la pauvreté, il faudra assurer un accès durable aux financements et une aide internationale suffisante, en particulier pour les pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure, qui ont besoin d’investissements initiaux plus importants pour combler les importants déficits d’infrastructure existants et sont pénalisés par un accès plus restreint aux capitaux.

5. Ces investissements résilients et sobres en carbone procureront des avantages qui compenseront tout ou partie des coûts. En Türkiye (a), par exemple, la réduction des importations d’énergie et de la pollution atmosphérique devrait entraîner un gain net de 146 milliards de dollars sur la période 2022–40 (1 % du PIB). Au Ghana (a), les améliorations en matière de santé publique, les économies réalisées sur les importations de carburant et l’intensification de la production de bois grâce à l’augmentation des plantations pourraient se chiffrer à 35 milliards de dollars de bénéfices nets d’ici 2050 (environ 2 % du PIB sur la même période).

6. Dans le secteur de l’énergie, les renouvelables constituent un élément clé de la solution au changement climatique, et souvent le moyen le moins coûteux de faire face à la hausse de la demande d’énergie, à condition toutefois d'accompagner leur développement par des mesures d’efficacité énergétique. Ces efforts, et plus généralement l’ensemble des démarches visant à réduire et maîtriser la consommation d’énergie, sont essentiels à plusieurs titres : ils peuvent faire baisser le coût de la décarbonation du secteur de l’électricité, améliorer la sécurité énergétique en rendant les pays moins vulnérables à la volatilité des prix des combustibles fossiles et réduire les émissions. En améliorant l’efficacité énergétique dans des secteurs clés, le Kazakhstan peut parvenir à des économies totales de plus de 70 milliards de dollars d’ici 2060. De même, le Bangladesh (a) pourrait réduire d’environ 30 % la consommation d’énergie dans le secteur du prêt-à-porter et du textile et augmenter la productivité de 10 à 15 %.

7. La réalisation des objectifs climatiques mondiaux passe par la réduction des émissions de méthane. Même s'il a une durée de vie dans l'atmosphère relativement courte, le méthane est un gaz à effet de serre puissant, responsable d'une part considérable des émissions dans plusieurs des premiers pays étudiés. En cause, le secteur de l’énergie, mais aussi l’élevage, la production de riz et la gestion des déchets. Au Bangladesh (a), l’amélioration de la collecte, du tri et du traitement des déchets municipaux, en procédant notamment à la récupération du méthane dans les décharges, pourrait permettre d’augmenter la production d’énergie renouvelable et de réduire localement la pollution atmosphérique.

8. Dans le secteur des transports, une réduction de la dépendance à la route serait en même temps bénéfique pour le climat et pour le développement. Les pouvoirs publics peuvent limiter les émissions liées aux transports en actionnant plusieurs leviers : faire baisser la demande grâce aux plans d’occupation des sols et d’urbanisme ; investir dans les infrastructures nécessaires aux transports en commun et aux déplacements non motorisés ; améliorer l’efficacité énergétique des véhicules et électrifier leur flotte. En plus d'atténuer les émissions de GES, cette combinaison de mesures aurait pour autres avantages de réduire les embouteillages et la pollution atmosphérique. Par ailleurs, il est également important de se pencher sur la résilience des réseaux de transport face au changement climatique. Comme le montrent les rapports CCDR consacrés au Malawi (a), au Pérou, au Viet Nam (a) et à l’Argentine, l’analyse ne se contente pas d'examiner l’enjeu de l’adaptation d’infrastructures isolées. Elle s'intéresse plus largement à la connectivité des réseaux de transport et aux services, systèmes et chaînes d’approvisionnement stratégiques qui assurent la continuité de la circulation des personnes et des marchandises malgré les aléas climatiques et autres perturbations.

9. Les efforts de protection et de restauration des forêts génèrent de multiples retombées économiques. Si la croissance s’est souvent faite aux dépens de la préservation du capital naturel, il apparaît de plus en plus évident que la lutte contre la déforestation peut aller de pair avec la création d’emplois et la croissance économique. Au Pérou, où l’agriculture représente 90 % de la superficie totale déboisée, la réalisation de la neutralité carbone pourrait générer 85 000 emplois par an d’ici 2050 et rapporter 3,5 milliards de dollars de bénéfices liés à la restauration des services écosystémiques. Améliorer la planification de l’utilisation des terres et les systèmes d’innovation agricole, promouvoir une intensification durable de la production, intégrer les petits exploitants et les organisations communautaires dans les chaînes de valeur agricoles... Ce sont autant d’axes d'action qui permettent non seulement d'enrayer la déforestation, mais aussi d’accroître les revenus et l’accès aux marchés.

10. Les pays ne peuvent pas se permettre d'attendre d'avoir résolu leurs problèmes de gouvernance pour commencer à investir dans l’action climatique. Les rapports CCDR sont unanimes : l'existence d’un environnement institutionnel solide réduit les coûts de la transition et maximise ses effets bénéfiques. Cependant, face à l’urgence du climat, les pays doivent s’efforcer parallèlement de renforcer leurs institutions et d’investir dans l’action climatique. Les CCDR mettent en évidence les synergies susceptibles d'être mobilisées dès maintenant, même avec des institutions, une gouvernance et des structures économiques imparfaites.

Pour en savoir plus sur les premiers enseignements tirés des rapports nationaux sur le climat et le développement, consultez le Programme d'action pour le climat et le développement.

Blogs

    loader image

Nouveautés

    loader image