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ARTICLE06 mai 2022

Garantir la sécurité transfusionnelle au Kenya dans le contexte de la pandémie

The World Bank

Collecte de sang dans un centre satellite de transfusion sanguine, Narok.

Photo: Satellite Blood Transfusion Center (Narok)

LES POINTS MARQUANTS

  • Au Kenya, sept personnes ont besoin d’une transfusion sanguine toutes les dix minutes. Or, les collectes de sang ne couvrent que 16 % des besoins.
  • Cette pénurie a été exacerbée par la pandémie, faute de volontaires dans les centres de don du sang, mettant en danger de nombreuses vies.
  • Le projet d'urgence sanitaire pour la lutte contre la COVID-19, financé par la Banque mondiale, a permis d'accroître de 86 % la quantité de sang collecté, au profit de plus de 214 187 patients.

NAIROBI, 6 mai 2022 - Lorsque Kennedy Sanya s’est rendu pour la première fois dans un centre de don du sang, il pensait moins à sauver des vies qu’à la bouteille de soda frais et rafraîchissant qu’on allait lui offrir. C'était il y a plus de 41 ans. Même s'il n'est plus très friand de sodas, à 58 ans, ce père de trois enfants continue de donner son sang, et ce jusqu'à trois fois par an, car il sait que son geste altruiste peut sauver des vies. Il est le plus gros donneur de sang du Kenya, avec pas moins de 98 dons à son actif.

« Le don de sang est une bénédiction. C'est une joie de donner son sang et de sauver une vie », confie-t-il.

Un sentiment que partage Aisha Dafalla, au premier rang des donneurs chez les femmes : « Quelqu'un, quelque part, a besoin de sang. Les hôpitaux sont remplis de gens qui attendent du sang. C'est tellement triste d'entendre que quelqu'un meurt par manque de sang. C'est la raison qui me pousse à donner mon sang. »

Kennedy et Aisha font partie des nombreux héros du Kenya qui participent chaque année volontairement aux collectes de sang. Ces gestes généreux doivent s’appuyer sur un système performant de banque du sang, capable de transformer ces dons en injections vitales.

L'accès à du sang et à des produits sanguins sûrs reste essentiel et fondamental pour sauver des vies. Chaque goutte compte dans un pays où sept personnes ont besoin d'une transfusion sanguine toutes les 10 minutes, une situation exacerbée par la pandémie de COVID-19. En 2020, la collecte représentait à peine 16 % du million d'unités de sang dont le pays a besoin.

« La pandémie de COVID-19 a accentué la pression, car les donneurs évitaient de se rendre aux collectes de sang par crainte de contracter le virus », explique le Dr Nduku Kilonzo, directeur des services nationaux de transfusion sanguine du Kenya. « On commence à retrouver les niveaux d'avant la pandémie, mais les pénuries de sang et de produits sanguins continuent de faire courir un énorme risque aux patients qui ont besoin d’une transfusion, en particulier les femmes enceintes et les personnes souffrant de comorbidités. »

The World Bank

Pour répondre à ces besoins pressants, le projet d'urgence sanitaire pour la lutte contre la COVID-19 (ou CHERP selon son acronyme en anglais), financé par la Banque mondiale, soutient les services nationaux de transfusion sanguine du Kenya. Il apporte une aide essentielle à six centres régionaux de transfusion sanguine et à 14 centres satellites afin d’améliorer la collecte de sang sûr, de qualité et en quantité suffisante dans le pays. Il s’agit de l'un des premiers projets de lutte contre la COVID-19 à s'attaquer aux difficultés du système sanitaire identifiées comme prioritaires pour le renforcement des systèmes de santé publique nationaux.

Plus précisément, ce projet améliore l'approvisionnement en sang grâce à des investissements dans les systèmes de don et de collecte, de dépistage, de traitement, de stockage et de distribution. Il prévoit notamment des investissements dans les processus et les installations de don de sang, une augmentation des capacités des services de dépistage des infections transmissibles par transfusion, une amélioration de l'efficacité des systèmes de traitement des composants sanguins grâce à l'automatisation, un renforcement des systèmes d'assurance qualité et une amélioration de la coordination des services de collecte et d'approvisionnement en sang.

« Le sang est au cœur de tous les aspects cliniques du système de santé. La transfusion sanguine sauve des vies et améliore l’état de santé », souligne Jane Chuma, économiste senior spécialisée dans la santé à la Banque mondiale et responsable du projet. « Nous nous réjouissons que les interventions du CHERP aient renforcé la capacité du Kenya à fournir du sang et des produits sanguins sûrs. »

En plus d'avoir fait augmenter de 47 % le nombre de donneurs de sang, les interventions du CHERP ont produit les résultats suivants :

·        Augmentation de 86 % de la quantité de sang collecté, qui est passée de 100 018 unités en juin 2020 à 186 239 unités en juin 2021, ce qui a bénéficié à plus de 214 187 patients

·        Réduction des ruptures de stock, des annulations de collectes de sang et du temps d'attente des donneurs grâce à l'acquisition de 144 fauteuils de prélèvement pour six centres régionaux et 47 centres satellites, de 12 véhicules mobiles adaptés à la collecte de sang, dont deux sont réfrigérés, et d'un grand nombre de poches de sang de formats divers

·        Amélioration du traitement du sang grâce à l'acquisition d'équipements adaptés à la préparation des composants pour les centres régionaux de transfusion sanguine

·        Amélioration de la capacité de préparation et de stockage sécurisé des plaquettes, qui est passée de zéro à environ 388 unités dans huit centres satellites, grâce à l'achat d’appareils d'aphérèse, de kits d'aphérèse et d’agitateurs de plaquettes

·        Doublement de la capacité de stockage de huit installations et huit sites, qui est passée de 25 000 à 50 000 unités, grâce à la fourniture de réfrigérateurs et de congélateurs : rénovation et installation de chambres froides supplémentaires dans les services nationaux de transfusion sanguine et dans les centres satellites

·        Augmentation des capacités de congélation et d'archivage de 10 000 échantillons grâce à l'acquisition d'une biobanque

·        Réduction du délai d'obtention de sang sûr dans les centres de transfusion qui passe de 96 heures (quatre jours) à 48 heures (environ deux jours) grâce à la fourniture continue de réactifs dans les laboratoires d'analyse

·        Amélioration de la saisie des données et de la qualité des comptes rendus dans les centres de transfusion grâce au recours à des outils de traçabilité

·        Fourniture d'électricité aux équipements et aux chambres froides en cas de panne de courant grâce à l'achat de climatiseurs, de groupes électrogènes et de combustible

Le projet vise également à lutter contre les idées fausses et les préjugés qui dissuadent les Kényans de donner leur sang massivement. Des campagnes s’emploient ainsi à sensibiliser la population à l'importance d'assurer des stocks de sang sûr et en quantité suffisante pour la santé en général et pour la survie de ceux qui en ont besoin.

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