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Plus rien n’arrête les riziculteurs de Nyagatare, au Rwanda

20 décembre 2016


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LES POINTS MARQUANTS
  • Dans les zones rurales du Rwanda, la riziculture est une nouvelle source de revenus stables.
  • Plus de 340 000 agriculteurs, dont bon nombre de femmes, ont vu leur productivité et leur revenu augmenter grâce à un projet agricole de valorisation de terres marécageuses.
  • Ce projet renforce également les liens avec les marchés, favorisant ainsi le commerce.

NYAGATARE, le 20 décembre 2016 – Fièrement campé devant sa nouvelle maison qui compte quatre chambres, John Muyango, un habitant du village de Kayigiro dans le district de Nyagatare, est un homme satisfait. Il y a cinq ans, cet éleveur de 45 ans a décidé de passer de l’élevage de bovins à la riziculture, une décision difficile, mais sa réussite a été quasi instantanée.

« Au début, j’hésitais à me lancer dans la riziculture, car je pensais que c’était plus compliqué que l’élevage et qu’il fallait beaucoup investir », explique-t-il. « J’ai vite compris que je me trompais. »

Nyagatare, dans le nord-est du Rwanda, est une grande région d’élevage, où celui-ci se pratique de façon traditionnelle sur de vastes pâturages. Entre l’élevage et l’agriculture, elle aussi très répandue, il reste peu de terres disponibles pour les villageois.

Conscient de ce problème, John Muyango a compris que l’élevage ne suffirait plus pour subvenir aux besoins des 10 membres de sa famille. Ainsi, lorsque le projet d’appui au secteur rural (RSSP) a valorisé les terrains marécageux de Muvumba et ainsi permis aux villageois de cultiver le riz, il s’est tout de suite lancé.

John a converti ses deux hectares de pâturages en rizières, une décision qu’il affirme n’avoir jamais regrettée. Sa production avoisine aujourd’hui les 11 tonnes, il a pu construire une maison, d’une valeur de 17 millions de francs rwandais, et paye sans difficulté les frais de scolarité de ses enfants.

« C’est presque incroyable, » dit-il avec un large sourire. « Je n’avais jamais imaginé que j’arriverais à faire tout cela aussi vite, et encore moins grâce à la riziculture. »

Le RSSP vise à améliorer la productivité des agriculteurs, regroupés en organisations, sur certains terrains marécageux et flancs de coteau des bassins versants, ainsi qu’à renforcer les chaînes de valeur agricoles pour faciliter l’accès au marché. Avec l’appui financier de l’IDA, le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, plus de 7 400 hectares de terres marécageuses ont ainsi été remis en état ou valorisés. Plus de 343 240 personnes, dont 42 % de femmes, ont bénéficié de ce programme. Ce projet a également permis de construire plusieurs infrastructures rurales reliant les zones de production aux marchés, ce qui a eu pour effet d’accroître les échanges commerciaux et les revenus des cultivateurs.

Ce projet a aussi permis d’édifier un barrage et de former les agriculteurs à des techniques culturales améliorées, à l’utilisation de semences et d’engrais. Il a également contribué à améliorer leurs méthodes entrepreneuriales, managériales et commerciales. Le projet les a aussi aidés à créer la COPRIMU, une coopérative regroupant 586 riziculteurs, et à mettre sur pied une infrastructure post-récolte, comprenant cinq terrains de séchage et des installations de stockage d’une capacité de 1 500 tonnes.

Aujourd’hui, près de  98 % de ces agriculteurs ont adopté des techniques améliorées, et utilisent des engrais sur 86 % des surfaces cultivées, contre une moyenne nationale de 30 %. Sur les terres marécageuses valorisées ou remises en état, le rendement a été multiplié par deux, passant de 3 tonnes par hectare avant le projet, à plus de 6 tonnes aujourd’hui, une hausse des revenus provenant de la vente de riz.

Non seulement John gagne bien sa vie grâce à la riziculture, mais comme ses revenus sont maintenant plus stables, il a pu revenir à sa première passion : l’élevage de bovins. Il a acheté trois vaches frisonnes qu’il fait paître à côté de sa maison. Elles produisent plus de lait que la race locale aux longues cornes qu’il possédait auparavant, et elles lui donnent du fumier pour son exploitation, qu’il espère développer.

« Je suis en train d’investir dans des champs situés sur des terres marécageuses », explique-t-il. « Dans cinq ans, je pense que je ferai partie des riziculteurs les plus prospères du Rwanda. » 


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