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Un nouveau départ grâce aux formations agricoles

21 décembre 2016


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LES POINTS MARQUANTS
  • La décennie de guerre civile traversée par le Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011 a affecté tous ses secteurs économiques, à commencer par celui de l’agriculture.
  • Les conséquences n’ont pas tardé à se faire sentir sur les indicateurs de développement avec un accroissement du taux de pauvreté, de 38,4% à 48,9% entre 2002 et 2008. Le milieu rural a été le plus touché, avec 62,5% de pauvres contre 29,5% en milieu urbain.
  • Pour y remédier, l’État a décidé de relancer les principales filières agricoles, à fort potentiel commercial sur le marché national et international (cacao, palmier, hévéa, coton et noix de cajou). Le Programme d’appui au secteur agricole de Côte d’Ivoire (PSAC), financé par la Banque mondiale y a contribué.

ABIDJAN, le 21 décembre 2016— Après avoir raté son Baccalauréat, Vincent Kouakou Koffi a décidé de rentrer dans son village pour créer une plantation de cacao. Son père l’a soutenu dans cette initiative en lui octroyant une parcelle de terre. Dans son village de Pascalkro, au sud-ouest de la Côte d’Ivoire, où il cultive deux hectares de cacao, Vincent a reçu plusieurs formations pour apprendre les bonnes pratiques agricoles.

Ces formations pratiques cofinancées par le PSAC et le Conseil du café-cacao, visent à apprendre de nouvelles techniques aux agriculteurs, afin d’améliorer durablement la productivité des plantations de cacao.

Chaque matin, Vincent a le même rituel. Après avoir aiguisé avec habileté sa machette, il se dirige vers son champ, visiblement bien entretenu : désherbage assuré, gourmands élagués, branches et cabosses mortes arrachées, foyer de maladies ou d’insectes détectés et éliminés immédiatement…rien n’est négligé par ce jeune producteur méticuleux. Cette discipline n’a pas tardé à porter ses fruits, « Depuis que j’applique toutes les règles de bonnes pratiques agricoles apprises lors de ma formation, ma production est passée de 500 kg par an à plus de 1,8 tonne sur ma parcelle de 2 ha.»

 

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Rolando Appali Zizigoa connu à peu près le même parcoursAprès plusieurs tentatives manquées pour obtenir son Baccalauréat, et faute de moyens pour poursuivre ses études, il a décidé de retourner dans son village natal de Yopuhué, dans le département de Gagnoa, pour se lancer dans l’agriculture. « J’ai compris que ce n’est pas seulement à l’école qu’on peut réussir. »

Malgré son handicap moteur, cet agriculteur de 34 ans, marié et père de trois enfants, produit et distribue des plants améliorés d’hévéa fournis par le PSAC.

Il compte développer sa parcelle de terre héritée de son père, pour pouvoir s’occuper de ses trois filles. « Malgré mon handicap physique, je me suis rapproché de la communauté d’hévéa de Yopohué à laquelle j’ai adhéré en 2015. Avec les revenus de ma production, je compte financer la scolarité de mes trois filles. »


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Andé YAPI API a pour sa part reçu des plants améliorés de palmier à huile, qu’elle cultive dans sa parcelle de Grand-Alépé, à une heure d’Abidjan. Lors de la mission de suivi de projet effectuée par l’équipe du PSAC, en septembre 2016, cette agricultrice de 55 ans et mère de 4 enfants, ne cachait pas sa fierté en montrant ses champs, « J’ai commencé cette plantation de palmiers pour préparer ma retraite, et gagner assez d’argent pour me soigner et aider mes enfants et petits-enfants », explique-t-elle.

Son terrain d’un hectare, situé à quelques encablures du village, lui a été octroyé par son frère aîné, chose rare, dans un pays où les femmes n’ont souvent pas accès à la terre. Elle a fait appel à son courage et son imagination pour parvenir à payer sa quote-part nécessaire pour recevoir les plants améliorés de palmier, « Grâce à mon champ de manioc, j’ai produit et vendu de l’attiéké (semoule de manioc). C’est avec cet argent que j’ai payé les plants qui m’ont coûté 80 000 francs CFA », insiste-t-elle, comme pour marquer son autonomie.

Battante, Yapi envisage maintenant d’agrandir sa plantation à 2 hectares avec l’appui du PSAC.

Si l’augmentation de la productivité est une chose importante, l’acheminement de cette production vers les zones de transformation et de commercialisation l’est tout autant. Or, la dégradation de nombreuses routes, parfois impraticables compliquait souvent la vie des petits producteurs et transporteurs locaux. C’est pour y remédier que le PASC a également prévu de réhabiliter certaines routes de desserte agricole.

 

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Pour Zakaria Sawadogo, transporteur de graines de palme depuis trois ans sur l’axe Wohou-Bénakré-Aboisso, ces travaux de restructuration lui ont apporté une véritable bouffée d’oxygène. « Ça fait presque 4 ans que je passe le plus clair de mon temps sur cette voie. Franchement, elle était très dégradée, mon camion tombait souvent en panne à cause du mauvais état de la route. On pouvait à peine faire 1 voyage par jour. Il m’était même impossible de transporter 2 tonnes de graines sur cette voie », explique-t-il.

Assise à côté de lui dans le camion, Sawadogo son collègue, ne veut plus revivre ces moments difficiles. Aujourd’hui, le même trajet prend deux fois moins de temps. « Depuis que la route a été réhabilitée, notre rotation s’est aussi améliorée. J’effectue au moins 3 voyages par jour avec 4 à 5 tonnes de chargement. »

Mis en œuvre depuis 2013, le PASC cible les agriculteurs des cinq filières les plus rentables du pays, c’est-à-dire le cacao, le caoutchouc, le palmier à huile, la noix de cajou et le coton. Financé à hauteur de 50 millions de dollars par l’IDA, le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, il a aidé 120 000 paysans des régions les plus productives du pays : le Sud-ouest (Nawa) pour le cacao, le Sud-est (Sud-Comoé et la Mé) pour le caoutchouc et le palmier à huile, la région centre-est (Hambol et Gontougo) pour la noix de cajou, et le Nord pour le coton. 


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