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Mobiliser un financement initial pour les jeunes entreprises au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

21 juillet 2016


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LES POINTS MARQUANTS
  • Une conférence de la Banque mondiale organisée à Beyrouth s’est intéressée aux solutions permettant d’améliorer le financement initial de l’innovation pour les petites et moyennes entreprises (PME) dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA)
  • Pouvoirs publics, investisseurs et entrepreneurs ont réfléchi aux moyens de renforcer le financement par capital d'amorçage et par capital-risque, ainsi que l’appui non financier, pour aider les jeunes pousses à démarrer et dynamiser l’emploi
  • Les autorités doivent veiller à ce que les programmes subventionnés créent des emplois et favorisent l’inclusion dans les régions sous-développées

Bien souvent, les entrepreneurs et les start-ups foisonnent d’idées, mais ils ne disposent pas du financement et de l’accès aux réseaux nécessaires pour lancer, développer et pérenniser leur activité.

Cette problématique était au cœur de la conférence, baptisée How-To (a), qui s’est tenue le mois dernier à Beyrouth, au Liban. Des représentants des pouvoirs publics, des investisseurs et des entrepreneurs y ont débattu des moyens d’améliorer l’appui financier et non financier pour aider les jeunes entreprises à démarrer et cr. Or, d’après des recherches empiriques,. Les pays MENA disposent d’une importante population jeune, généralement instruite mais sous-employée. Il est donc impératif d’aider les start-ups si l’on veut garantir la croissance et la prospérité de cette région.

Élaborer des modèles de financement innovants

Les participants ont discuté des moyens de développer des sources de financement autres que les classiques (ou très recherchées) prises de participation des fonds de capital-risque.

En comblant les lacunes dès les premières étapes du cycle de financement – investisseurs providentiels, financement de démarrage et de « super démarrage » – on peut créer un flux et constituer des pipelines d’investissement. 

Par exemple, en Palestine, le fonds Ibtikar (a) ambitionne de faire évoluer les schémas de financement traditionnels en recourant à des accélérateurs locaux afin de mettre en relation capitaux d’amorçage et capital-risque traditionnel (CR). Les programmes d’accélérateurs apportent aux entreprises une assistance technique (mentorat, coaching, développement des compétences) qui les aide à relever les défis organisationnels, opérationnels et stratégiques qu’elles rencontrent entre la phase de démarrage et la phase de croissance.

Les participants ont également discuté du rôle que pouvaient jouer les institutions de financement du développement (IFD) pour épauler les entreprises en phase de démarrage et pour créer un flux de financement, même si cela s’accompagne d’une prise de risques accrue.

Le fonds de financement du capital-risque de la Banque européenne d’investissement est un exemple de programme d’IFD qui pourrait être développé et mis en relation avec des accélérateurs locaux au profit d’un financement initial.

Une question connexe s’est aussi posée, celle du renforcement des capacités des gestionnaires de fonds. Un nombre croissant de gestionnaires de la région s’intéressent au capital de démarrage, et pourraient tirer parti d’activités de formation et de mentorat supplémentaires, qui vont au-delà de la relation avec les entrepreneurs (laquelle se résume à remplir un chèque). Si on les aide à progresser sur des aspects tels que les sources de financement, la diligence raisonnable, la gestion du risque de portefeuille et les stratégies de sortie, on pourrait voir s’accroître le nombre et la qualité des contrats financés par des entreprises de capital-risque dans la région.


Du côté de la demande, l’assistance technique devrait améliorer la capacité des entrepreneurs à élaborer des conditions, à négocier avec les bailleurs de fonds et à renforcer leur volonté d’investir. C’est important si l’on considère que, et que .

Renforcer les structures d’appui non financier

Les jeunes pousses bénéficient aussi, dans une large mesure, de l’appui non financier offert par les incubateurs, accélérateurs et autres prestataires de services de développement des entreprises (business development services, BDS). Les prestataires BDS se sont multipliés ces dernières années dans la région. Beaucoup adaptent leur offre et, malheureusement, pâtissent de cycles de financement à court terme, ce qui limite leurs opérations. Leurs services gagneraient à être étoffés et mieux coordonnés.

Aujourd’hui, le plus important pour la région, c’est la mise en relation des différents acteurs – innovateurs, entrepreneurs, centres d’appui, associations – avec les sources de financement, a expliqué Khater Abi Habib, président-directeur général de Kafalat (l’organisme libanais de garantie de prêts).

En outre, ces prestataires BDS doivent nouer des contacts avec des plateformes similaires, situées dans des économies plus avancées, pour apprendre à améliorer et à diversifier les services qu’ils proposent aux start-ups locales.

Les participants à la conférence ont pu découvrir les modèles d’aide aux entreprises que Blackbox (a) a déployés dans la Silicon Valley, ainsi que les programmes d’incubation mondiaux introduits par Endeavor (a) et Mowgli (a) dans la région

Par ailleurs, la conférence a été l’occasion de présenter les dispositifs mis en œuvre par d’autres pays, tels que le Liban, les États-Unis, l’Australie et le Maroc.

Giuseppe Gramigna, économiste en chef au sein de la Small Business Administration (SBA), l’autorité ayant pour mission de faire respecter la loi favorisant le développement des PME aux États-Unis, s’est penché sur le Small Business Investment Capital (SBIC) (a) et son rôle dans la viabilité des nouvelles entités, via des fonds d’investissement privés accompagnés de garanties SBA.

De nouveaux modèles technologiques

Même si le secteur financier traditionnel pourrait continuer d’être dominé par les banques, la technologie financière (Fintech) offre des opportunités nouvelles pour intégrer l’activité informelle dans l’économie structurée, ainsi que pour promouvoir l’inclusion financière des microentreprises.

Il a également été question de Liwwa (a). Ce réseau de prêts collaboratifs (peer-to-peer lending) met en relation emprunteurs et investisseurs grâce à un marché du crédit en ligne, et vend aux banques des analyses de solvabilité en exploitant des sources de données alternatives (examen de documents bancaires ou analyses tiers, notamment).

Le Groupe consultatif d’aide aux pays les plus pauvres (CGAP) (a) a montré comment les plateformes numériques (a) peuvent améliorer l’accès aux services financiers, tels que les paiements, l’épargne et le crédit.

Tom Jacobs, représentant résident de l’IFC (a) pour le Machrek, a animé une discussion sur le soutien apporté par les institutions financières aux technologies recourant aux énergies renouvelables et encourageant la maîtrise de l’énergie.

Le financement des énergies durables constitue une priorité pour les autorités et pour les institutions financières de la région, étant donné la pénurie énergétique et son incidence sur l’activité économique.

Fransabank, troisième groupe bancaire au Liban, a fait part de son expérience concernant le renforcement des opérations de prêt (a) aux entreprises et aux ménages souhaitant se doter d’une technologie verte. Ont aussi été présentées des start-ups spécialisées dans les technologies propres innovantes. C’est par exemple le cas d’Energy 24 (a), dont les solutions permettent de faire face aux pannes d’électricité prolongées.

Et demain ?

Randa Akeel, économiste senior à la Banque mondiale et responsable d’un projet de financement initial au Liban, ainsi que d’un autre en cours d’élaboration au Maroc, a synthétisé les thématiques pour l’avenir :

  • amélioration des données des gestionnaires de fonds et des prestataires BDS afin d’évaluer l’incidence de l’écosystème entrepreneurial sur les emplois, la productivité, l’emploi des femmes et la lutte contre la pauvreté,
  • utilisation de subventions pour mobiliser les acteurs du capital-risque et du capital-investissement grâce aux effets de démonstration auprès des entreprises à risque dans les zones sous-développées ;
  • poursuite de l’essor de l’entrepreneuriat à l’extérieur des capitales de la région, et diversification au-delà du secteur de la haute technologie ;
  • expansion du financement de l’innovation à un stade précoce, notamment des réseaux d’investisseurs providentiels, des titres obligataires à impact social et des plateformes de prêt Fintech (prêts collaboratifs, big data, tests psychométriques, etc.).

La conférence a été accueillie conjointement par le Pôle mondial d’expertise en Finance et marchés de la Banque mondiale, Kafalat et le ministère de l’Économie et du Commerce du Liban (a).


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