« J’aurais dû prendre contact avec les Estoniens quand nous avons développé notre site web d’assurance-maladie ! », a plaisanté le président Barack Obama en septembre dernier, faisant allusion aux technologies dernier cri mobilisées par ce pays pour son système de santé. Peu après cette remarque du président américain, une délégation composée de Bahreïnis et de membres du personnel de la Banque mondiale embarquait à bord d’un avion à destination du pays balte.
Ce déplacement s’inscrivait dans le cadre d’un voyage d’études visant à soutenir la réforme ambitieuse à laquelle aspire le royaume de Bahreïn dans le secteur de la santé. Sous l’impulsion du Conseil suprême de la santé, le pays envisage en effet d’introduire des réformes à grande échelle dont les principaux axes concernent l’assurance-maladie, le paiement et l’autonomie des prestataires, et les systèmes de gestion de l’information. Organisée au titre du programme de services de conseil remboursables de la Banque mondiale, cette visite a permis aux responsables bahreïnis de découvrir concrètement la manière dont d’autres pays ont réussi à négocier ce virage des réformes. « L’Estonie offre un bon exemple de ce qu’il convient de faire pour réussir des réformes de long terme », estime Firas Raad, chef d’équipe du projet à la Banque mondiale. « C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’assurance-maladie, de la télésanté mais aussi des systèmes de paiement et de l’autonomie des prestataires. »
Bien qu’appartenant à des blocs géographiques très différents, l’Estonie et Bahreïn ont de nombreux points communs sur le plan démographique et épidémiologique. Pour commencer, il s’agit de pays peu peuplés (environ 1,3 million d’habitants) où les 30-70 ans représentent la moitié environ de la population (52 % en Estonie et 49 % à Bahreïn). Les deux pays ont aussi connu une transition épidémiologique, les maladies non transmissibles pesant de plus en plus lourd sur les systèmes de santé et étant responsables de pratiquement 92 % des décès en Estonie, pour 78 % à Bahreïn.