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« Je veux devenir hôtesse de l’air »

04 décembre 2014


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Grâce au programme Lisungi, qui signifie « entraide », Saïra (à droite) et sa sœur Sephora vont désormais à l’école. 


LES POINTS MARQUANTS
  • La République du Congo, avec l’appui de la Banque mondiale, a mis en place un nouveau programme de filets sociaux dénommé Lisungi - « entraide » en lingala - d’un montant de 17 millions de dollars
  • Ce Programme vise à améliorer l’accès aux services de santé et d’éducation des enfants des ménages les plus pauvres dans 7 localités des départements de Brazzaville, Pointe-Noire et Cuvette
  • Lisungi offre aux enfants l’espoir de sortir de la pauvreté, comme l’illustre le témoignage de la petite Saïra, qui vient de commencer l’école primaire à Pointe-Noire et rêve de devenir hôtesse de l’air

POINTE-NOIRE, le 4 décembre 2014 — En République du Congo, où 46,5% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté (selon les chiffres de 2011), les autorités viennent de mettre en place un programme dénommé Lisungi, qui signifie « entraide » en lingala, la langue locale. Objectif ? Jeter les bases d’un programme national de filets sociaux et contribuer à briser le cycle de la pauvreté.

D’un  montant de 17 millions de dollars, ce programme consiste en une contribution du gouvernement congolais de 15 millions de dollars et d’un crédit  de 2 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres. Ce programme pilote de transferts monétaires vise notamment à améliorer l’accès aux services de santé et d’éducation des enfants des ménages les plus pauvres dans les départements participants.  Cinq mille ménages et environ 1 000 personnes âgées démunies dans 7 localités (Makélékélé, Bacongo, Moungali, Talangai, Mvoumvou, Makoua et Oyo) de 3 départements du pays (Brazzaville, Pointe-Noire et Cuvette) devraient en bénéficier. 



« Je veux travailler dans les avions quand je serai grande  »

Saïra

6 ans, scolarisée à Mvoumvou, un quartier de Pointe-Noire.


Lors de la mission de préparation du lancement du programme Lisungi, nous avons rencontré Saïra, une fillette de 6 ans, à Mvoumvou, un quartier de la ville portuaire de Pointe-Noire, dont la famille fait partie des bénéficiaires de ce programme. Sa mère, Vanessa,  âgée de 22 ans, élève seule ses quatre enfants dont l’aînée a 8 ans et le dernier 2 ans. Ils vivent dans une cabane en bois, en face de la décharge publique du quartier.  Dernière-née d’une famille de 5 filles, la jeune femme  explique sa situation: « Mes sœurs et moi vivons chacune de notre côté…. Nous avons perdu notre père et maman vit aussi de son côté. Je vis ici dans la parcelle laissée par ma grand-mère paternelle et je me débrouille comme je peux pour nourrir mes enfants. » 

Déscolarisée très jeune et sans qualification professionnelle, la mère de Saïra vit dans une telle précarité qu’elle n’avait pas envisagé un seul moment pouvoir envoyer ses enfants à l’école. C’est grâce aux agents de la CAS (Circonscription d’action sociale) qui ont identifié cette famille, pour le compte du programme Lisungi, il y a quelques mois seulement, que Saïra et sa grande sœur Séphora ont cependant pu être scolarisées. Lisungi va en effet, pendant quelques années prendre en charge leur scolarité  ainsi que les soins médicaux des enfants. Saïra est très fière de nous dire que sa sœur et elle sont  « au débutant », c’est-à-dire au cours préparatoire et de nous montrer  leurs uniformes et cartables donnés par des voisins bienveillants.

Aujourd’hui, ce qui fait le bonheur de Saïra, c’est la chance d’aller à l’école. Lorsqu’on lui demande quel métier elle voudrait faire plus tard, elle répond sans aucune hésitation : « Je veux travailler dans les avions quand je serai grande ».  De toute évidence, ces fillettes ont très peu de chance de pouvoir terminer ne serait-ce-que  l’école primaire si  la situation de leur mère Vanessa ne s’améliore pas. Lorsqu’on lui demande quel type d’aide lui permettrait de mieux subvenir aux besoins de sa famille et de garder ses enfants à l’école,  Vanessa répond quant à elle qu’elle aimerait apprendre la couture,  formation à laquelle elle peut justement avoir accès dans le cadre du Programme Lisungi.

Le Programme Lisungi  répond à des orientations stratégiques clés du Plan National de Développement (PND 2012 – 2016), en aidant à la promotion de l’inclusion sociale, l’équité et la réduction de la pauvreté. Il contribue à l’amélioration de la consommation des ménages en facilitant l'accès aux services d’éducation et de santé des enfants et l’accès des populations les plus défavorisées à des activités génératrices de revenus. Pour Sylvie Dossou, représentante résidente de la Banque mondiale au Congo, ce programme représente en effet « une seconde chance qui est offerte aux enfants de sortir de la pauvreté et surtout de briser le cycle de transmission intergénérationnelle de la pauvreté ». Ce sont en effet les enfants éduqués et en bonne santé d’aujourd’hui  qui contribueront au développement de demain.

Dans ces conditions, la petite Saïra aura peut-être la chance de réaliser son rêve !


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