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Conférence de l’ONU sur le climat : la vigilance s’impose

11 novembre 2013


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Philip Schuler/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • Des délégations du monde entier sont réunies à Varsovie pour poursuivre les discussions sur la lutte contre le changement climatique et poser les bases d’un accord international pour 2015.
  • L’un des enjeux prioritaires de cette conférence porte sur l’accroissement du financement nécessaire au développement d’énergies et d’infrastructures sobres en carbone.
  • Pour le Groupe de la Banque mondiale, il s’agit de mettre l’accent sur les pertes et les dommages dus aux épisodes climatiques extrêmes, sur les énergies propres et sur un développement durable des villes, des transports et des paysages.

Le changement climatique est bel et bien réel, et il se produit à un rythme rapide. Alors que les nations du monde se réunissent à Varsovie ces deux prochaines semaines pour entamer de nouvelles négociations sur le climat, la lutte contre le réchauffement climatique apparaît d’abord comme une question de volonté politique et de financement.

Les nations parviendront-elles à éviter le désastre qui s’annonce ?

Dans l’état actuel des choses, il faut s’attendre à une hausse de 2 degrés Celsius sur quelques dizaines d’années et à une hausse de 4 degrés (a) au-dessus des moyennes de l’ère préindustrielle d’ici 2100. Les scientifiques en prédisent déjà parfaitement les conséquences : les régions côtières seront fortement touchées par des inondations, l’eau nécessaire aux centrales hydroélectriques et à l’agriculture se raréfiera, le manque de nourriture se généralisera et la violence des tempêtes augmentera.

Bien que les changements climatiques nous concernent tous, nous savons également que les pays et les communautés pauvres et vulnérables ont plus de difficultés à faire face à ces adversités.

Pour l’équipe du Groupe de la Banque mondiale présente à Varsovie, la conférence des Nations unies sera l’occasion de partager l’expertise et l’expérience acquises dans des aspects qui concernent directement le changement climatique : la gestion des risques liés aux catastrophes, les fonds pour le climat, les marchés du carbone, le développement d’énergies propres et de transports écologiques, l’analyse économique et, bien entendu, la pauvreté.

La Banque mondiale ne participe pas directement à cette « 19Conférence des Parties (COP 19) ». Mais, en tant qu’organisation de développement majeure, elle joue un rôle essentiel dans nombre de programmes ayant trait au financement d’interventions d’envergure liées au changement climatique.

Ces programmes comprennent les Fonds d’investissement climatiques (a), dotés de 7,6 milliards de dollars et conçus pour généraliser un mode de développement sobre en carbone et à l’épreuve du changement climatique, ainsi que 15 initiatives de finance carbone (a) administrées par la Banque mondiale. Celle-ci fournit également une aide financière et son expertise à de nombreux pays en développement assis à la table des négociations à Varsovie.

La question des financements, priorité absolue à Varsovie

Comment accroître le financement nécessaire au développement de solutions énergétiques et d’infrastructures à faible intensité de carbone ? Et comment aider les pays à s’adapter au changement climatique ? Ces deux questions seront au centre des préoccupations de la Banque mondiale à Varsovie.

En 2009, à la conférence de Copenhague, la communauté internationale avait accepté de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour la lutte contre le changement climatique, et ce, en plus des 30 milliards qu’elle s’était engagée à réunir en 2012 pour le financement rapide des pays en développement. Il n’est pas certain que les pays riches puissent atteindre l’objectif fixé pour 2020, et encore moins qu’ils soient capables de fournir les 700 millions de dollars (a) nécessaires pour des investissements dans des infrastructures écologiques dans les pays en développement.

« Une véritable action contre le changement climatique exige de financer des investissements sobres en carbone et d’intervenir là où la situation est critique », explique la vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable. Rachel Kyte, qui se rendra dans la capitale polonaise en fin de semaine, poursuit : « À Varsovie, nous devons absolument progresser sur la question des financements climatiques. »

Le changement climatique cause une augmentation de 25 à 30 % des coûts du développement dans les pays les plus pauvres. Pour s’adapter à un monde dont les températures auront augmenté de 2 degrés Celsius, les pays en développement auront besoin d’au moins 100 milliards de dollars par an sur les 40 prochaines années, en plus des 140 à 175 milliards de dollars destinés aux projets de réduction des émissions d’ici 2030.

Pour mener à bien cette mission, il est indispensable que tous les acteurs entreprennent des efforts concertés : banques de développement, institutions financières, agences de crédit à l’exportation, bailleurs de fonds publics et investisseurs institutionnels.


« Nous sommes à Varsovie car l’incapacité à agir contre le changement climatique risque de mettre à mal des dizaines d’années de développement et de priver des millions de personnes du partage de la prospérité  »
Rachel Kyte, Vice President of Sustainable Development, The World Bank

Rachel Kyte

Vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable

Il est plus que temps de réduire nos émissions

S’il est essentiel de soutenir massivement l’adaptation au changement climatique, il est également crucial de mettre en place de plans efficaces de réduction des émissions de gaz à effet de serre. À Varsovie, les représentants de la Banque mondiale mettront l’accent sur les mesures visant la réduction des polluants atmosphériques à courte durée de vie et la suppression des subventions accordées aux énergies fossiles (a) qui ont pour conséquence de fausser le coût des solutions énergétiques propres.

En 2013, l’Association internationale de développement (IDA) — le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres — a consacré 2,3 milliards de dollars d’engagements à l’action climatique, tandis que la Société financière internationale (IFC) — l’institution du Groupe de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé — a fourni 2,5 milliards de dollars pour la réduction des gaz à effet de serre.

Ces fonds financent par exemple des projets de développement de systèmes de transport durables (a) ou de sources d’énergie renouvelable ; une initiative récente consiste aussi à aider 300 villes dans le monde en développement à construire un avenir plus vivable et décarboné. La Banque finance par ailleurs le développement d’une agriculture « climato-intelligente » et des solutions paysagères globales qui créent des emplois tout en réduisant les émissions.

Mais il reste encore beaucoup à faire.

Certes, il ne faut pas s’attendre à des progrès renversants lors de cette COP19, où il s’agit plutôt de créer l’élan qui permettra d’aboutir à un nouvel accord mondial en 2015. Mais, pour Rachel Kyte, il s’agit de militer, autant qu’il le faudra, pour une action vigoureuse.

« Nous sommes à Varsovie car l’incapacité à agir contre le changement climatique risque de mettre à mal des dizaines d’années de développement et de priver des millions de personnes du partage de la prospérité », affirme-t-elle. « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’attendre que des solutions tombent du ciel. »



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