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Combler l’écart hommes-femmes en Afrique

13 octobre 2013



LES POINTS MARQUANTS
  • Un événement, organisé le 12 octobre à l’occasion des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, portait sur la parité hommes-femmes en Afrique
  • Les participants ont partagé les conclusions d’études basées sur des faits et leur impact direct sur la vie des femmes
  • Il est nécessaire d’insister encore davantage sur l’importance de la parité hommes-femmes dans les programmes de développement

WASHINGTON, le 13 octobre 2013 — Un grand nombre de projets de développement aident les jeunes filles à poursuivre leurs études et à trouver des emplois, mais permettent-ils réellement de combler les disparités hommes-femmes ? Une équipe d’analystes de la Banque mondiale s’est penchée sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en la matière et a présenté un examen rigoureux d’un certain nombre de projets au cours d’un événement organisé en marge des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) 2013. 

Au cours de l’événement intitulé « Empowering Women Through Evidence in Africa » (Encourager l’autonomisation des femmes en Afrique, preuves à l’appui) qui a eu lieu le 12 octobre dernier, quatre économistes et une spécialiste du droit travaillant pour le Laboratoire d’innovation de la Banque mondiale sur la parité hommes-femmes en Afrique ont brièvement présenté les résultats de leurs études et ont pu écouter les commentaires des ministres des Finances africains, de dirigeants d’ONG et d’autres acteurs du développement à propos de leur travail. Le Laboratoire sur la parité hommes-femmes utilise des évaluations d’impact pour déterminer de quelle manière les projets améliorent la vie des femmes africaines.

« Notre engagement envers la parité hommes-femmes en Afrique apparaît clairement dans notre programme pour cette région », a déclaré Makhtar Diop, le vice-président de la Région Afrique de la Banque mondiale.

« En 2010, 70 % de nos projets prenaient en compte le facteur égalité hommes-femmes et ce taux a atteint 94 % en 2013. Nous voulons désormais que nos programmes contribuent à la parité hommes-femmes et cela signifie qu’il faut utiliser des recherches et des données de pointe pour faire ce qu’il faut en vue d’atteindre la parité», a-t-il ajouté.

« On assiste ces derniers temps à une forte mobilisation en faveur de l’autonomisation des adolescentes, mais sans qu’elle soit fondée sur les faits que nous cherchons à mettre en évidence », souligne une économiste pour la Région Afrique de la Banque mondiale, Shubha Chakravarty.

Madame Chakravarty a présenté les résultats encourageants obtenus par deux projets portant sur les adolescentes faisant leur entrée sur le marché du travail et mettant à des degrés divers l’accent sur l’importance de la formation professionnelle et de la préparation à la vie active.

Au Libéria, après avoir intégré un club où elles discutaient des compétences nécessaires à la vie active ainsi que des questions de  santé et de  reproduction, le taux d’emploi des participantes a progressé pour atteindre 47 % et leurs revenus ont augmenté de 32 dollars par mois environ, c’est-à-dire de 80 %, raconte-t-elle.

En Ouganda, chez des jeunes filles ayant participé à un club similaire, le taux de maternité avait diminué de 26 % et le nombre de jeunes filles déclarant avoir eu des relations sexuelles contre leur gré avait chuté de 76 % au cours de l’année précédente, ajoute madame Chakravarty.

« Ces programmes ont également été rentables », dit-elle, citant un investissement de 1 500 dollars par an par jeune fille pour le projet du Libéria dont les coûts ont été recouvrés en seulement deux ans.

« Il s’agit de deux modèles très différents d’autonomisation des jeunes filles, mais les deux constituent un bon investissement », conclut-elle.

Après avoir écouté les cinq présentations, Claver Gatete, ministre des Finances et de la Planification économique du Rwanda, a déclaré être d’accord avec les conclusions des études.

« Cependant, ce qui compte avant tout est que le pays et ses dirigeants croient en la parité hommes-femmes. Si un pays n’y croit pas et ne s’approprie pas l’idée, alors ça ne peut pas fonctionner », a-t-il souligné.  Suite au génocide au Rwanda, un grand nombre de femmes se sont tout à coup retrouvées chefs de famille, selon monsieur Gatete. « Les dirigeants du pays en ont discuté et nous avons décidé que si développement il doit y avoir, il doit être inclusif pour tous », déclare-t-il.

À la suite, le Rwanda a élaboré un programme pour soutenir les femmes, qui comprend l’instauration d’un ministère chargé de promouvoir la famille, des programmes de soutien pour les agricultrices et des postes budgétaires spécifiques pour assurer à ces mesures de promotion de la parité hommes-femmes les ressources qui leur sont nécessaires.  « La volonté ne suffit pas. Il faut que des lois existent pour promouvoir la parité hommes-femmes. »  Selon monsieur Gatete, la constitution du Rwanda favorise la parité hommes-femmes.

Tazeen Hasan, experte en droit de la parité hommes-femmes pour le développement à la Banque mondiale, a présenté les conclusions d’un projet sur les droits des femmes. Des contraintes culturelles telles que permettre ou encourager les femmes à se marier en bas âge, un droit foncier qui ne permet pas aux femmes d’être propriétaires de leurs terres ou même un droit de la famille qui exige que les femmes obtiennent la permission de leur mari avant de créer une entreprise, empêchent les femmes d’accéder au marché du travail, a-t-elle expliqué.

Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International, reconnaît que ces normes culturelles constituent d’importants obstacles pour les jeunes filles et les femmes qui souhaitent gagner leur vie.

« À qui incombe la tâche de sensibiliser un pays aux contraintes culturelles qui empêchent les femmes d’accéder au marché du travail ? », s’interroge madame Byanyima. « C’est souvent une ONG qui s’en charge », dit-elle. « Je pense qu’il est nécessaire que tous les acteurs participent à ces efforts de sensibilisation. Le gouvernement et même le secteur privé ont aussi un rôle à jouer. »

Makhtar Diop a profité de l’occasion pour faire l’éloge du travail effectué par le Laboratoire d’innovation sur la parité hommes-femmes.

« Je pense que le Groupe de la Banque mondiale sur la parité hommes-femmes est la principale agence mondiale à mettre en lumière des analyses rigoureuses des données sur les questions de parité hommes-femmes », a-t-il affirmé. « Nous croyons que la Banque mondiale, notamment grâce au travail effectué par le Laboratoire sur la parité hommes-femmes, constitue la source la plus importante d’études sur la parité hommes-femmes en Afrique».

Makhtar Diop a conclu en disant qu’il est indispensable de disséminer le savoir développé par le Laboratoire sur la parité hommes-femmes.

« Cette équipe est toujours en mouvement », dit-il. « Elle est prête à se rendre dans n’importe lequel de vos pays, à en parler à vos parlementaires ou à quiconque dans la société et à expliquer que les choses bougent dans le domaine de la parité hommes-femmes en Afrique».


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