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Reconstruire le Burundi – Une réforme à la fois

13 novembre 2012


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LES POINTS MARQUANTS
  • Selon le rapport Doing Business, le Burundi continue d'améliorer son climat des affaires
  • Le pays a mis en place des réformes visant à stimuler l’investissement et encourager la création d’emplois
  • En créant des emplois, les entrepreneurs burundais œuvrent à améliorer la stabilité sociale du pays.

BURUNDI, 13 novembre 2012 -- « J'ai créé ma [deuxième] société en une seule journée, et en un seul endroit. Ce n'est pas croyable. Et pour moi, c'est une raison d'espérer. »

Louis Ntibuberwa est l'un des nombreux entrepreneurs du Burundi qui veulent croire à la voie de la réforme engagée dans son pays. En facilitant et en accélérant les procédures de création d'entreprise pour des entrepreneurs comme Louis, le Burundi est aujourd'hui considéré comme l'un des pays qui a le plus progressé du point de vue de l'amélioration du climat des affaires, ce qui n'est pas rien pour un pays qui est sorti de la guerre civile il y a tout juste dix ans de cela.

En 2010, le Burundi a demandé une assistance pour stimuler l'investissement et créer des emplois. Le Groupe de la Banque mondiale a répondu à son appel par la signature d'un accord visant à appuyer jusqu'en 2014 les réformes engagées dans le but d’améliorer le climat d'investissement.

Le Programme d'amélioration du climat d'investissement (Investment Climate Program) vise à stimuler l'investissement et la création d'emplois au moyen de réformes dans différents domaines, tels que la constitution de sociétés, une procédure qui nécessite aujourd'hui un maximum de huit jours, et la protection des investisseurs. D'autres réformes prévoient notamment la diminution de l’impôt sur les sociétés et le raccourcissement des délais d'obtention de permis de construire ; la simplification de la fiscalité des petites entreprises ; et l'amélioration de la compétitivité de secteurs clés tels que l'agroalimentaire et le tourisme. Les réformes permettent également au Burundi de mieux s’intégrer à la Communauté d'Afrique orientale dont il est devenu membre en 2007.

Laurent Corthay, spécialiste du développement du secteur privé et directeur de ce projet au sein du Groupe de la Banque mondiale, rappelle que l'enregistrement des sociétés était jusque-là une procédure très coûteuse et compliquée. « Lorsque le Burundi était en guerre, les gens se sont habitués à travailler de manière informelle, évitant ainsi l'enregistrement, » a-t-il expliqué. « L'un des objectifs consiste donc à faciliter l'enregistrement des sociétés et à rendre le respect de la fiscalité plus attractif. Un statut officiel peut faciliter l'accès aux financements et aux marchés publics, ce qui peut être particulièrement important dans un pays en reconstruction. En outre, les sociétés dûment immatriculées ont généralement une productivité et une croissance supérieures ». Selon le rapport Doing Business 2013, le Burundi est résolu à améliorer le climat d'investissement. De fait, voilà deux années de suite qu'il compte dans ce classement parmi les dix pays qui ont le plus amélioré le climat des affaires.

Les réformes ont permis des avancées dans des secteurs cruciaux pour les économies au sortir de conflits. Le Groupe de la Banque mondiale a contribué à accélérer les procédures d'octroi de permis de construire, ce qui signifie que les installations des petites entreprises peuvent être construites et reconstruites plus efficacement. Le pays a également réduit le coût des études géotechniques nécessaires à l'obtention de permis de construire. Il a renforcé le cadre réglementaire régissant les faillites et les restructurations, un aspect essentiel au lendemain de conflits qui ont provoqué l'effondrement de nombreuses entreprises, dans la mesure où il favorise la libération de capitaux immobilisés dans des sociétés insolvables, qui peuvent dès lors être utilisés à des fins plus productives.

Le Burundi a également adopté des mesures visant à protéger les investisseurs, ce qui a renforcé la confiance des entrepreneurs. Les réformes engagées à cette fin sont notamment l'instauration de nouvelles règles pour la validation des transactions entre parties intéressées, l'obligation faite aux sociétés de rendre des comptes à leur conseil d'administration et au moyen de rapports annuels, et la possibilité de poursuivre en justice des directeurs d'entreprise pour mauvaise gestion. Les procédures commerciales aux frontières ont aussi été considérablement améliorées, notamment avec la Tanzanie, ce qui a permis d'accélérer le mouvement de marchandises en provenance ou à destination du port de Dar-es-Salaam, un aspect essentiel pour un pays enclavé tel que le Burundi.

Les équipes du Groupe de la Banque mondiale concentrent actuellement leurs efforts sur l'amélioration d'un guichet unique récemment créé en vue de l'enregistrement des sociétés, et sur la simplification de la fiscalité, notamment pour les très petites entreprises. Ces changements serviront particulièrement les petites sociétés telles que les ateliers de mécanique automobile, les fabriques de matelas, de lits ou de pièces détachées, les entreprises de transformation des aliments, les sociétés de transport et les entreprises de construction.

Grâce à ces nouveaux moyens, les entrepreneurs burundais contribueront à créer une économie florissante et à développer la stabilité sociale. Selon M. Corthay, « les entrepreneurs créent des emplois, et les emplois sont le seul moyen durable pour que les gens — notamment les soldats démobilisés, les jeunes et les femmes — puissent améliorer leur existence à long terme ».

Juvénal Nininahazwe, un entrepreneur burundais, est tout aussi optimiste quant à l'avenir. « Je n'arrive pas à y croire : j'ai fait ma demande [ce matin] et en moins de 24 heures, ma société était créée, à des coûts abordables. Cela devrait encourager d'autres personnes à faire de même. C'est une bonne occasion que le pays offre [à des entrepreneurs tels que moi]. J'espère que ça va durer. » Maintenant que les entrepreneurs burundais contribuent à reconstruire le pays, société après société, les perspectives de paix et de croissance économique durables sont sans aucun doute meilleures. 


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