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La Russie et le Kazakhstan, chefs de file dans la réduction des gaz torchés et des émissions de CO2 associées

27 juin 2011


LES POINTS MARQUANTS
  • De nouvelles données mettent en évidence la poursuite, pour la cinquième année consécutive, de la diminution mondiale de gaz torchés.
  • En 2010, les rejets d’émissions dans l’atmosphère ont été réduits de l’équivalent de six millions de voitures.
  • Les principaux pays pratiquant le torchage se situent au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie centrale.

Le 27 juin 2011 — D’après des données satellitaires, en à peine cinq ans, le Kazakhstan, l’un des principaux pays producteurs de pétrole d’Asie centrale, a réduit d’un tiers le torchage des gaz associés à sa production pétrolière, induisant une diminution des émissions de CO2 d’environ six millions de tonnes. Cela correspond à peu près au volume de gaz à effet de serre émis par un million de voitures.

À ce remarquable bilan fait écho celui de la Russie voisine, qui a également enregistré un recul significatif de ses quantités de gaz torchés. Le Kazakhstan et la Russie sont ainsi en tête des pays qui, en 2010, se sont efforcés de freiner leurs émissions de gaz à effet de serre en limitant le torchage.

Le premier a pu obtenir ce résultat grâce à des projets tels que celui entrepris par Tengizchevroil (TCO). En 2010, cette société a mené à son terme un projet échelonné sur quatre ans, d’un montant de 258 millions de dollars, lequel a permis de mettre fin au torchage habituellement pratiqué sur l’immense gisement pétrolier de Tengiz.

Cette coentreprise réunissant Chevron, ExxonMobil, Kazmunaigaz et LukArco a réduit les émissions de gaz torchés de plus de 94 % depuis 2000. Dans le même temps, elle a accru sa production de pétrole brut de 147 %.

Si le Kazakhstan, Chevron et ExxonMobil ont ainsi réussi à infléchir le torchage, ce n’est pas par hasard. En effet, tous trois sont membres du Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés (a) (GGFR). Ce partenariat, lancé par la Banque mondiale en 2002, vient de franchir une nouvelle étape cruciale : les données satellitaires indiquent qu’en 2010, le torchage a chuté de 9 % à l’échelle mondiale.

De l’enjeu des gaz torchés

Si le total des émissions dues au torchage représente environ 1,2 % des émissions mondiales de CO2, il s’agit d’émissions qu’il est facile de réduire grâce à des interventions ciblées et un ensemble adéquat de mesures et d’incitations. Pour avoir un ordre de grandeur :

  • Les émissions mondiales dues au torchage constituent à elles seules plus de la moitié des unités de réduction certifiée des émissions (624 millions de tonnes) actuellement délivrées chaque année au titre du Mécanisme pour un développement propre du Protocole de Kyoto (données de juin 2011).
  • Dans un pays comme le Nigéria, les émissions dues au torchage du gaz associé à l’exploitation pétrolière représentent environ un tiers du total des émissions de CO2 (selon la communication nationale en application de la CCNUCC).

Tendance à la baisse

Pour la cinquième année consécutive, le volume des gaz torchés est en baisse dans le monde : entre 2005 et 2010, il a reculé de 22 %, tombant de 172 à 134 milliards de m3, d’après les données satellitaires commandées par le GGFR.

On notera en particulier que les émissions sont passées de 147 milliards de m3 en 2009 à 134 milliards en 2010, et ce, alors même que la production de brut a progressé de 2 millions de barils par jour sur la même période. Ces chiffres viennent également confirmer une chute de 15 % du ratio gaz torché/pétrole produit depuis 2002 (voir graphique).

La baisse de 13 milliards de m3 enregistrée entre 2009 et 2010 est grosso modo équivalente à 30 millions de tonnes d’émissions de CO2, ce qui reviendrait à retirer de la circulation près de six millions de voitures.

La majeure partie des réductions estimées pour l’année dernière sont à porter au crédit de la Russie et du Kazakhstan. De fait, les parties prenantes publiques et privées y ont multiplié les investissements dans des projets de récupération et d’utilisation des gaz associés.

Globalement, ce sont la Russie et le Nigéria qui ont affiché les réductions les plus massives. Néanmoins, ils restent en tête de la liste 2010 des pays pratiquant le torchage, (a) au nombre desquels figurent également l’Iran, l’Iraq, l’Algérie, l’Angola, le Kazakhstan, la Libye, l’Arabie saoudite et le Venezuela.

Les 134 milliards de m3 de gaz brûlés à la torche en 2010 dans l’ensemble du monde équivalent à quasiment 30 % de la consommation annuelle de gaz naturel de l’Union européenne. Le torchage engendre un surcroît de rejet de dioxyde de carbone d’environ 360 millions de tonnes par an, ce qui correspond aux émissions annuelles de 70 millions de voitures — la pratique du torchage émet également du noir de carbone.

Collaboration public-privé

Les partenaires du GGFR ont établi une norme mondiale pour la réduction des gaz torchés. Elle permet aux États, entreprises et autres grandes parties prenantes de se consulter, de mener des actions collaboratives, de travailler à des projets internationaux et d’abaisser les obstacles à l’emploi du gaz associé à l’extraction du pétrole. Les partenaires s’engagent à ne pas recourir au torchage dans leurs nouveaux projets et à éliminer les sources continues de gaz associé torché, sauf s'il est impossible de faire autrement.

Pour résumer, le GGFR aide les partenaires à déployer des solutions viables pour la réduction du torchage et à exploiter le potentiel du gaz naturel actuellement gaspillé, son objectif étant d’améliorer la maîtrise énergétique, d’élargir l’accès à l’énergie et de contribuer à l’atténuation des changements climatiques et au développement durable.

Plus précisément, ce partenariat aide les pays en développement à surmonter les obstacles qui les empêchent de réduire le torchage, notamment :

  • les coûts élevés associés au captage et à l’utilisation des gaz associés ;
  • le sous-développement des marchés locaux du gaz naturel et un accès insuffisant aux marchés internationaux ;
  • le manque de financement pour construire les infrastructures gazières nécessaires ;
  • les lacunes du cadre réglementaire ;
  • l’inefficacité des systèmes de tarification du gaz (résultant surtout des subventions).

Afin d’aider les pouvoirs publics et les entreprises à surmonter ces obstacles, les travaux du GGFR sont axés sur :

  • la commercialisation des gaz associés, grâce à l’identification des usages potentiels ;
  • la réglementation relative aux gaz torchés et rejetés dans l’atmosphère, et à l’utilisation des gaz associés ;
  • la mise en application de la norme mondiale de réduction des gaz torchés et rejetés dans l’atmosphère ;
  • le renforcement des capacités nécessaires à l’obtention de crédits carbone pour les projets de réduction des volumes de gaz torchés ou rejetés.

« Par la réduction du torchage, un certain nombre de pays producteurs de pétrole et de contribuent contribue considérablement à la maîtrise de l’énergie et à l’atténuation du changement climatique, observe Paulo de Sa, directeur du secteur Pétrole, gaz naturel et mines à la Banque mondiale. D’autres pays parmi les nouveaux producteurs de pétrole doivent se joindre à ces efforts mondiaux. »

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