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Le Burundi s’engage dans une culture du résultat grâce à des institutions publiques plus efficaces

19 avril 2011


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Le président Nkurunziza (au centre) et Mme Mercy Tembon, Représentante résidente de la Banque au Burundi (à g.).


BUJUMBURA, le 19 avril 2011—Les rédacteurs de la nouvelle Stratégie pour l’Afrique de la Banque mondiale seront satisfaits d’apprendre que le nouveau projet d’aide de l’institution internationale en faveur du continent est tout à fait adapté au Burundi, où sa mise en place fait déjà l’objet d’une attention importante.

Nation enclavée au passé trouble, le Burundi s’efforce aujourd’hui de tourner la page pour devenir un havre de stabilité et de prospérité, bien intégré et lié plus efficacement à ses voisins de la Communauté d’Afrique de l’Est, dont il est devenu membre récemment, ainsi qu’à d’autres pays de la région des Grands Lacs, où la situation politique est souvent tendue et instable.


« « Nous devons réformer notre pays », a annoncé le président Pierre Nkurunziza aux participants d’un récent séminaire qui a réuni des partenaires du développement, des responsables de services gouvernementaux et leurs principaux conseillers, ainsi que d’autres institutions publiques et privées jouant un rôle central dans la vie du pays. « Il n’y aura pas de développement si nos institutions ne fonctionnent pas correctement », a -t-il affirmé lors de la cérémonie d’ouverture. »

Pierre Nkurunziza

Président de Burundi

Cette rencontre de deux jours, qui s’est tenue les 21 et 22 mars, a été l’occasion d’un échange d’idées de haut niveau grâce à la participation active des vice-présidents, de la totalité du cabinet présidentiel et de ses principaux conseillers.

Une délégation importante de la Banque mondiale a pris part à cet événement. Elle comprenait l’économiste en chef de la Banque pour la région Afrique Shanta Devarajan, venu par avion de Washington, John McIntire, directeur des opérations pour le Burundi, l’Ouganda et la Tanzanie basé à Dar-Es-Salam, ainsi que la responsable des opérations pour le Burundi Mercy Tembon .

« Nous devons adopter une nouvelle façon de voir les choses et changer le mode de fonctionnement des institutions publiques pour aller vers plus d’efficacité », a annoncé le président burundais.

M. Nkurunziza, 47 ans, a pris les rênes du pays en 2005 et a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans le 26 août 2010. Le président explique qu’il souhaiterait surtout consacrer ce mandat par la mise en place d’une culture des résultats en faveur des Burundais ordinaires.

Le Burundi doit, de fait, relever d’importants défis. Environ deux tiers de ses huit millions d’habitants vivent avec moins de 1,25 dollar par jour et à moins d’un changement majeur, le pays ne parviendra pas à atteindre la plupart des objectifs de développement pour le Millénaire d’ici 2015, bien que certains progrès – concernant par exemple l’égalité des sexes – méritent d’être soulignés.

Ainsi, ce séminaire du cabinet présidentiel s’est organisé autour de trois thèmes prioritaires : croissance économique, financement public et espace fiscal, ainsi que gouvernance. Il a permis au gouvernement d’établir un plan de route qui permettra à chaque ministère de mettre en place des solutions rapides et réalistes aux problèmes que rencontrent les Burundais.

Suivant l’exemple de l’Approche par des Résultats Rapides mise en place par l’Institut de la Banque mondiale, les membres du gouvernement ont quitté cette rencontre sur l’engagement à concevoir et mettre en place un Plan d’action dans chacun des ministères du pays dans un délai de 100 jours.

M. Devarajan de la Banque mondiale a encouragé les autorités à tenir leur engagement. Il a ainsi expliqué que plus la performance d’un pays est élevée, plus il pourra obtenir de ressources de la part de la Banque mondiale comme d’autres sources. « Lorsque vous réfléchissez aux moyens d’améliorer la performance institutionnelle, vous réalisez vite qu’une bonne gouvernance représente une étape majeure dans cette direction », a-t-il indiqué.

« Le Burundi est désormais à la croisée des chemins de son histoire et doit faire face à deux grands défis », a prévenu Mme Tembon. « Le premier consiste à consolider une paix difficilement gagnée, en favorisant une croissance économique accélérée et partagée. Le deuxième défi consiste à assurer la compétitivité de cette économie à l’échelle de la sous-région».

« Le retour à la paix pour le Burundi lui offre une chance de reconstruction, mais appelle également des réformes qui permettront de mettre en place des institutions compétentes, comme les acteurs de ce séminaire l’ont bien compris », a rajouté M. McIntire.

« Une culture du résultat s’enracine au Burundi depuis déjà quelques temps, et ce séminaire a permis de réaffirmer l’engagement en faveur de cet esprit de changement, à un moment où les financements internationaux, qui se réduisent, se tournent exclusivement vers les pays qui s’engagent à produire des résultats concrets », a poursuivi Mme Tembon.

La nouvelle stratégie pour l’Afrique de la Banque mondiale, adoptée au début du mois de mars, fait de la création d’emplois et de la compétitivité économique l’un des deux grands piliers de l’aide apportée par la Banque au continent. Le deuxième pilier – vulnérabilité et résistance – s’applique tout particulièrement aux pays sortant d’un conflit, tels que le Burundi, tandis que la base de la stratégie - gouvernance et capacité du secteur public – entre en résonance avec les nombreuses questions discutées au cours de ce séminaire du cabinet présidentiel.

Pour mettre en place cette stratégie, la Banque devra compter sur la mise en place de partenariats – avec les gouvernements, les citoyens, le secteur privé, la société civile, d’autres donateurs etc. -ainsi que sur sa vaste base de connaissances dans le domaine du développement. Au-delà du financement, la Banque souhaiterait que les actions de l’Association internationale de développement (IDA) soient utilisées pour la levée de capitaux privés. Pour un pays tel que le Burundi, le bénéfice pourrait être colossal.

Le portefeuille de la Banque mondiale au Burundi comprend 14 projets en cours dans des secteurs aussi variés que l’agriculture, la santé, l’éducation, l’énergie, l’eau, les transports, le développement communautaire et rural, la démobilisation et la réintégration, les travaux publics, le développement du secteur privé, la gestion économique et la gestion des finances publiques. En avril 2011, ces engagements s’élevaient au total à un peu moins de 440 millions de dollars.


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