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Perspectives économiques mondiales : Regain de croissance en Afrique

13 janvier 2010


LES POINTS MARQUANTS
  • La croissance économique en Afrique subsaharienne a fortement rebondi en 2010 et devrait rester forte en 2011 et 2012.
  • L’Afrique a bénéficié de la reprise mondiale.
  • Toutefois, des risques subsistent, notamment la hausse des prix des denrées alimentaires et des difficultés d’ordre climatique.

WASHINGTON, 13 janvier 2011—L'Afrique subsaharienne affiche des perspectives économiques positives à court terme, selon « «Global Economic Prospects », le recueil biannuel de la Banque mondiale sur les tendances de l’économie mondiale. D'après le rapport, le PIB du continent africain a fait un bond en avant de 4,7% en 2010, une tendance qui devrait se maintenir en 2011 et en 2012, avec respectivement 5,3 et 5,7%.

Ces tendances reflètent une embellie généralisée au niveau mondial, tirée par les pays en voie de développement, qui ensemble ont affiché un taux de croissance de 7 % en 2010, et devraient connaitre un léger recul pour se fixer à 6 % en 2011 et 6,1 % en 2012.

En Afrique, plusieurs facteurs ont contribué à ce regain de la croissance. En premier lieu, il y a eu une forte demande des matières premières, notamment les métaux, les minerais et le pétrole, à la faveur de la reprise économique observée à travers le monde. C’est le cas par exemple en République du Congo, qui tire l’essentiel de ses recettes de la production pétrolière. Estimé à 10,3 %, son taux de croissance est le plus élevé en Afrique pour l’année 2010.

Les prévisions indiquent que le Ghana (croissance de 6,6% en 2010), qui vient d’entrer dans le club des pays producteurs de l’or noir, devrait lui ravir la vedette en 2011, avec un taux de croissance de 13,4%. Ce taux devrait retomber à 10 % en 2012.

L’Afrique du sud, principale économie du continent, affiche malgré tout un taux de croissance relativement modeste (2,7% en 2010) ; tandis que le Nigeria – avec une augmentation de 7,6% de son PIB – confirme plutôt les tendances à la hausse et devrait maintenir le cap en 2011 et 2012.

Destination privilégiée des investissements

Après un recul de 12,3% en 2009, les investissements directs étrangers ont augmenté de 17% en 2010. Cette tendance confirme le positionnement de l'Afrique comme destination privilégiée des capitaux étrangers, même s'il faut reconnaitre que trois pays (Afrique du Sud, Angola et Nigeria) reçoivent à eux seuls 40% de ces capitaux.

Meilleure productivité agricole

L’Afrique a également bénéficié d’une augmentation de la productivité agricole. C’est le cas par exemple en Éthiopie, où le taux de croissance, estimé à 9% en 2010, est essentiellement propulsé par le secteur agricole. Ce secteur a bénéficié des investissements consentis dans le réseau routier et l'électricité, facteurs qui ont favorisé l’émergence de petits exploitants agricoles.

En dépit du ralentissement de la production de tabac, dont le pays tire l’essentiel de ses devises, le Malawi a connu une augmentation de 6,8% de son PIB en 2010, grâce à un meilleur rendement du maïs, mais aussi du fait de la hausse des exportations d'uranium.

De même, le Kenya a renoué avec la croissance en 2010 (hausse de 5% du PIB), grâce aux exportations du thé, qui ont augmenté de 50% par rapport à l’année précédente en tirant profit de conditions climatiques favorables. L’horticulture, autre secteur clé de l’économie kényane, a souffert des chocs adverses en Europe, notamment l’éruption volcanique qui a causé l’annulation de plusieurs vols. Pour compenser ce manque à gagner, le pays a dû recourir au secteur industriel.

Hausse des prix des denrées alimentaires, un risque réel

La hausse des prix des denrées alimentaires constitue un risque réel pour le bien-être des populations et la croissance en Afrique. Pour les ménages à faible revenu, dont une part significative des dépenses est allouée à l’alimentation, une hausse de l’ordre de 10 à 20% pourrait annuler les retombées de la forte croissance enregistrée à travers le continent.

Le risque est davantage accentué par les aléas climatiques. A ce titre, les inondations qui se sont abattues sur plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest – le Bénin par exemple – continuent de faire peser des doutes sur le secteur agricole. C’est pourquoi le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a récemment tiré la sonnette d’alarme et proposé des solutions pratiques en vue de garantir la sécurité alimentaire et préserver le pouvoir d’achat des ménages pauvres.

A ces risques s’ajoutent ceux, non négligeables, liés à un éventuel ralentissement au niveau de l’économie mondiale, mais aussi les impondérables ayant trait au cadre politique, quand on sait que près d’une vingtaine de pays devraient organiser des élections cette année. La prudence est donc de mise.

 


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