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« Jordan NOW » : renforcer la confiance, créer de nouvelles opportunités d’emploi, améliorer les conditions de vie des jeunes femmes jordaniennes

15 décembre 2010


« J’aimerais partager avec vous les émotions que j’ai éprouvées quand j’ai reçu mon premier salaire. C’était un bonheur indescriptible, le sentiment d’appartenir à la communauté, d’avoir acquis un savoir et de le transmettre à mon tour, d’avoir une qualification… une valeur irremplaçable »

Amman Heba


Amman , le 15 décembre 2010 – Grâce au programme pilote soutenu par la Banque mondiale dans le cadre de l’Initiative de promotion des adolescentes, les jeunes Jordaniennes disent qu’elles arrivent sur le marché du travail avec plus d’assurance, des compétences plus pointues, et que davantage d’opportunités s’offrent à elles.

« La formation a changé ma vie », a déclaré Farrah, une jeune femme originaire d’Amman, lors du lancement du programme dans la capitale jordanienne.

Au total, 900 jeunes Jordaniennes – toutes récemment diplômées de l’université – participent au programme pilote Jordan NOW (Jordan New work Opportunities for Women), qui vise à créer de nouvelles opportunités d’emploi pour les femmes.

Les jeunes femmes ne constituent que 9 % de la population active en Jordanie. Malgré un niveau d’étude supérieur à celui des jeunes hommes, il leur est beaucoup plus difficile de trouver un emploi. Le programme Jordan NOW a pour objectif de supprimer les obstacles auxquels sont confrontées les jeunes Jordaniennes dans le monde du travail, en fournissant aux participantes une formation pour renforcer leurs compétences professionnelles et en proposant aux entreprises qui les embauchent une petite subvention, à titre incitatif (sur présentation par les participantes d’un « bon-emploi »).

Pour Zainab, experte-comptable dans la ville de Salt, ce programme ne signifie rien moins que le passage du désespoir au succès.

« Avant de participer au programme, je me heurtais à des difficultés considérables quand je cherchais du travail, explique-t-elle. Je me sentais démunie et frustrée. Après avoir reçu le bon, j’ai repris espoir. Cela m’a encouragée. »

Zainab a trouvé un travail dans une association d’aide médicale et elle a tellement impressionné les commissaires aux comptes et la direction qu’on lui a proposé un poste permanent, afin qu’elle reste lorsque le programme de bons prendra fin en août 2011.

« Je suis si heureuse, confie-t-elle. Notamment parce que mon employeur a dit qu’il allait me garder et me rémunérer comme une employée de qualité. »

Heba, une participante originaire d’Amman, qui a été embauchée par Middle East Legal Forum, a eu une expérience semblable, avec des résultats tout aussi encourageants.

Avant qu’elle ne suive le programme, personne ne répondait à ses candidatures. « Mais lorsque j’ai joint le bon à mon CV, j’ai été prise dès le premier entretien », raconte-t-elle.

Heba continue de recevoir des appels d’autres sociétés qui ont reçu son CV accompagné d’une offre de bon. Quoi qu’il en soit, elle reste dans la société qui l’a embauchée en premier, confiante dans le fait qu’on la gardera après expiration du bon.

Dans le cadre du programme pilote, 300 participantes ont reçu un bon-emploi, 300 une formation, et 300 ont bénéficié des deux formes d’aide. Les administrateurs du programme vont comparer les taux de réussite chez des Jordaniennes ayant des diplômes similaires et issues du même groupe, ce qui permettra de déterminer les meilleures façons de réduire les obstacles qui freinent initialement l’accès à l’emploi.

« Nous assurons un suivi très consciencieux, explique Tara Vishwanath, chef d’équipe à la Banque mondiale, et nous espérons que les premières indications se traduiront par des résultats tangibles sur le terrain. C’est pourquoi ce programme pilote est évalué de manière rigoureuse. »

L’enthousiasme et la motivation des jeunes femmes sont tels que de nombreuses participantes ayant reçu des bons mais pas de formation – comme Heba – ont lu le manuel de formation de leur propre initiative.

« Tout ce que j’ai appris, je pense avoir pu le mettre en pratique dans mon travail, cela me donne le sentiment d’apporter une contribution utile », affirme Razan, une participante originaire de Karak.

Borhan, une jeune femme originaire d’Irbid, déclare que la formation lui a apporté les compétences nécessaires pour trouver un travail.

« Avant de participer au programme, je ne savais pas à quoi m’attendre, dit-elle. Je ne savais pas bien communiquer, ni comment faire un CV. Maintenant, je sais me présenter au service des relations humaines et je sais négocier. »

Le programme de la Banque mondiale est placé sous le parrainage de la reine Rania Al Abdullah de Jordanie et réalisé en collaboration avec le ministère du Plan et de la Coopération internationale, ainsi que d’autres partenaires.

Depuis que le système de bons a été mis en place en octobre 2010, 130 jeunes filles ont trouvé un emploi grâce à lui. Lors du lancement, la plupart des participantes se réjouissaient à l’idée de recevoir un salaire. Elles l’utilisent pour compléter les revenus de leur famille, prendre des cours supplémentaires ou acquérir de nouvelles compétences. Esraa, originaire de Zarqa, explique qu’elle met de côté une partie de son salaire mensuel pour aider ses parents, une partie à titre d’épargne, et une partie en vue de payer les cours qu’elle devra suivre pour passer le permis de conduire.

Les jeunes Jordaniennes sont confrontées non seulement à la résistance des employeurs qui souvent n’envisagent pas leur embauche sur le long terme, mais aussi à celle de leurs familles, attachées à des normes culturelles pouvant dissuader les femmes de travailler.

Presque toutes les jeunes femmes qui ont assisté au lancement du programme à Amman ont dû demander la permission de travailler à leur père, voire à leurs frères et à leurs oncles.

« Mes frères m’ont accompagnée à l’entretien d’embauche, raconte Doa’a, originaire d’Amman. Et après ma première semaine de travail, ils ont commencé à me surveiller et à demander à mes collègues comment je me débrouillais. Ils se sont sentis beaucoup plus rassurés quand ils ont vu dans quel environnement je travaillais. »

Il arrive aussi que les familles s’opposent à un emploi s’il ne leur semble pas approprié. Lamaral, une jeune femme originaire de Zarqa, a été obligée de refuser un travail bien payé qui comportait une mission de marketing en porte-à- porte pour une compagnie d’assurance. Mais grâce à la formation fournie par Jordan NOW, elle pense trouver un emploi qui lui convienne et que sa famille accepte.

Mais l’aspect le plus important pour les participantes, c’est peut-être de savoir que d’autres sont confrontées à des difficultés et des obstacles similaires, et qu’elles ouvrent la voie à toutes les jeunes filles du Royaume.

« Maintenant, je connais des jeunes filles de toute la Jordanie, déclare Safa, qui habite à Amman. Il y a une personne sur qui je peux compter dans chaque gouvernorat. »


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