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Les images satellites de la Banque mondiale fournissent des éclaircissements sur la pollution due aux gaz torchés

29 août 2007


Le 29 août 2007 – À une distance de plus de 650 km dans l’espace, la Banque mondiale analyse la véritable portée du flambage à la torche de gaz, l’un des problèmes environnementaux les plus graves de notre planète.
 
Ce problème ne date pas d’hier. Le flambage à la torche de gaz, un sous-produit de la production pétrolière responsable de l’émission dans l’atmosphère d’environ 400 millions de tonnes de gaz à effet de serre, se pratique depuis des dizaines d’années. Toutefois, de nouvelles images satellites financées par le Partenariat public-privé pour la réduction mondiale des gaz torchés (GGFR) de la Banque mondiale montrent que certains pays brûlent une plus grande quantité de gaz qu’ils ne veulent bien l’avouer.
 
Ces images ont permis de déterminer quelles sont les 20 premières nations émettrices de gaz torchés par rapport aux statistiques officielles datant de 2004. La Russie est maintenant en première position, devant le Nigeria, et de nouveaux pays figurent maintenant sur la liste, d’après ce qu’ont détecté les satellites lors de leurs 14 tours du monde quotidiens, notamment la Chine, l’Oman, l’Ouzbékistan, la Malaisie, l’Égypte et l’Arabie saoudite.
 
La Banque mondiale et l’Administration nationale océanique et atmosphérique des États-Unis (NOAA) ont collaboré pour produire ces images satellites de haute précision.
 
« La réduction du flambage à la torche de gaz contribue de manière concrète et pertinente à la réduction du changement climatique et facilite la transition vers une économie à faible production de carbone », déclare Somit Varma, directeur de la division pétrole, gaz, minerais et produits chimiques de la Banque mondiale et de la SFI. « Les entreprises et les pays producteurs de pétrole doivent intensifier leurs efforts afin de réduire le flambage à la torche de gaz. »

Pour mieux comprendre quels pays émettaient moins de gaz torchés et quels pays en émettaient plus, les scientifiques de la NOAA ont examiné des images satellites prises entre 1995 et 2006. Ils ont ensuite créé des images composites périodiques, identifiées au moyen de couleurs, qui donnent un nouvel aperçu des 20 premiers pays émetteurs de gaz torchés.
 
D’après les estimations, qui ont été réalisées sur la base de 60 pays ou régions, au cours des 12 dernières années, la quantité de gaz torchés émis dans le monde entier est restée globalement stable, entre 150 et 170 milliards de mètres cubes.
 
Comme la majorité des gaz torchés sont produits en dehors des zones urbaines, les scientifiques de la NOAA ont pu déterminer les emplacements des torchères et convertir leur intensité lumineuse en quantités mesurables de pollution, résultant principalement de l’émission de dioxyde de carbone. Pour établir des corrélations précises, seules les photos prises de nuit, par ciel sans nuage ont été analysées.
 
« Le flambage à la torche de gaz nuit à l’environnement et gaspille une source d’énergie plus propre, pouvant générer l’électricité dont les pays pauvres ont grand besoin », déclarait Bent Svensson, directeur du partenariat GGFR de la Banque mondiale. « Les chiffres avancés dans le cadre de cette étude ont fourni des informations supplémentaires utiles, mais l’imagerie satellite a ses limites et incertitudes que nous essayons de réduire, avec l’aide des scientifiques. »
 
Les sources d’erreurs et d’incertitudes incluent notamment les variations d’efficacité du torchage, l’identification erronée de torchères, l’échantillonnage non continu et les effets sur l’environnement tels que la fonte des neiges.
 
Le Nigeria réduit progressivement sa production de gaz torchés
 
Le Nigeria, qui pendant des années était le premier émetteur de gaz torchés, a progressivement réduit son impact avec l’aide du GGFR. Ce partenariat a permis de mettre sur pied le projet de réduction du torchage « Kwale » dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, le premier et plus important d’Afrique à participer au Mécanisme pour un Développement propre (a) du Protocole de Kyoto. Cela signifie que le projet permet d’obtenir des crédits de réductions de carbone, qui diminuent le coût de la réduction du torchage et encourage ainsi les pays producteurs de pétrole et les sociétés pétrolières partenaires à investir dans l’infrastructure nécessaire pour stopper la production de gaz torchés.

La réduction du torchage peut s’avérer coûteuse. Ces dernières années cependant, de nouveaux efforts ont permis de diminuer l’émission de gaz torchés, notamment la réinjection du gaz naturel dans le sol pour stimuler la production de pétrole, sa liquéfaction pour pouvoir l’expédier vers les marchés internationaux, son transport vers les marchés par le biais d’oléoducs ou son utilisation sur site pour produire de l’électricité ou pour être distribué aux communautés voisines.
 
Toutefois, étant donné le prix élevé du pétrole actuellement, les projets de développement pétroliers sont prioritaires sur la liste des projets d’investissement financier des pays producteurs. Les crédits de carbone visent à encourager ces pays à lancer des projets de réduction du torchage. « S’ils réalisent un profit de 30 % sur la production pétrolière et seulement 10 % sur le gaz naturel après déduction des coûts d’infrastructure, il est facile de deviner ce qu’ils feront », déclarait M. Svensson. « Il faut donc compenser les pertes. » Les crédits de carbone permettent d’équilibrer les profits.
 
« Nous établissons un dialogue entre les pays et les entreprises »
 
Le partenariat du GGFR rassemble maintenant 14 nations productrices de pétrole, y compris le Nigeria mais pas la Russie, qui sont responsables d’environ 70 % des émissions de gaz torchés dans le monde. Le Gabon, le voisin ouest-africain du Nigeria dans ce Golfe de Guinée riche en pétrole, deviendra officiellement le plus récent partenaire du GGFR au cours des prochaines semaines. Ce partenariat inclut également 10 majors pétrolières.
 
« Nous ne disposons pas des fonds pour investir dans des projets, mais nous catalysons les investissements », déclarait M. Svensson. « Nous établissons un dialogue entre les pays et les entreprises afin qu’ils collaborent et réduisent les obstacles à la diminution des gaz torchés. »
 
Plus particulièrement dans les pays développés, les obstacles incluent : le manque de cadres réglementaires efficaces et d’un accès au financement, une infrastructure insuffisante et un accès limité aux marchés locaux et internationaux de l’énergie.
 
Le GGFR a lancé des projets de réduction du torchage dans huit pays, et la majorité des partenaires du GGFR ont approuvé une norme mondiale pour la réduction des gaz torchés. Le partenariat offre son assistance à l’Algérie, au Cameroun, à la Guinée équatoriale, au Kazakhstan, au Nigeria et au Qatar afin de leur permettre d’atteindre un niveau d’émission nul ou minime d’ici certaines dates butoirs.
 
L’ensemble des projets actuels du GGFR devrait permettre d’éliminer près de 32 millions de tonnes de gaz à effet de serre d’ici 2012.


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