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publication 26 juillet 2021

Situation économique du Niger : Le bien-être des populations menacé par les crises sanitaire et sécuritaire

Dernier numéro: 
  • Juillet 2021
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Photo: Ollivier Girard/Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • Un rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du Niger indique que la crise sanitaire et sécuritaire en cours risque de compromettre les avantages tirés des années passées en terme renforcement de la croissance économique.
  • Cette situation a également des conséquences négatives sur la situation de la pauvreté avec un accroissement de 400 000 personnes vivant dans l’extrême pauvreté.
  • Le rapport formule plusieurs recommandations pour répondre à l’urgence et préparer l’avenir.

NIAMEY, NIGER, 26 juillet 2021  La crise sanitaire liée au COVID-19 et la situation sécuritaire précaire, ainsi que les chocs environnementaux affectent le bien-être des Nigériens. Le revenu par habitant a baissé de 0,3%, entraînant une augmentation de 1,3 % de la proportion de la population vivant avec moins de 1,9 dollar américain, soit environ 400 000 nouveaux pauvres en 2020.

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Selon un rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du Niger, cette situation par les multiples chocs subis par l’économie :

  • Les inondations d'août à septembre 2020, avec les énormes pertes et dommages qui ont créé une crise humanitaire touchant quelque 60 000 ménages ont entraîné des pertes socio-économiques d’environ 90 millions de dollars de pertes pour le secteur agricole ;
  • La crise sécuritaire et l'aggravation de la violence ont causé plus de 100 événements violents et plus de 1 046 pertes en vies humaines ;
  • Au 14 avril 2021, le Niger a enregistré plus de 249 cas de COVID-19 pour 1 million d'habitants, avec un taux de mortalité de 3,7 % ;
  • Les pénuries alimentaires et les comportements spéculatifs ont poussé l'inflation à la hausse de   -2,5 % en 2019 à 3,4 % en 2020.

Au-delà de l’analyse de la situation économique du pays, le rapport fait le point sur l’état de la pauvreté dans ce contexte de crise. La note explique que les gains récents durement acquis dans la lutte contre la pauvreté ont déjà été annulés. Les effets des chocs avec les confinements liés à la pandémie du COVID-19, la réduction du temps de travail, les pertes d’emploi, les restrictions des mouvements des biens et des personnes, l’arrêt des activités dans plusieurs secteurs ont eu un impact sur les revenus des ménages, augmentant la pauvreté de 0,1 point de pourcentage pour atteindre 41,7 %, et faisant basculer plus 400 000 personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté. Le nombre de personnes extrêmement pauvres devrait augmenter de 200 000 personnes supplémentaires en 2021 malgré la reprise, principalement en raison de la forte croissance démographique. Ce n’est qu’à la fin de 2023 que le nombre de pauvres commencera à baisser, tout en restant à un niveau élevé de celui d’avant la crise de Covid-19.

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Dans ce contexte, il est essentiel que le ralentissement de la croissance des revenus ne produise pas de dommages permanents et ne compromette pas la dynamique de progrès. Le pays dispose d’une marge de manœuvre budgétaire limitée pour atténuer l’impact de la pandémie. Le rapport recommande de donner la priorité à certains secteurs pour inverser cette tendance. Pour ce faire, le pays devra prendre des mesures nécessaires pour :

  • s’adapter à la détérioration continue des conditions climatiques qui augmentera son exposition à des chocs plus profonds, pour la population et pour l’économie ;
  • gérer la richesse potentielle provenant de l’augmentation de la production pétrolière de manière productive et transparente, en évitant les pièges auxquels de nombreux autres pays africains ont été confrontés ;
  • améliorer la prestation des services de base, en particulier la santé et l'éducation, ainsi que la qualité des infrastructures pour une population plus nombreuse que celle d’aujourd’hui.

Les auteurs de la note laissent entrevoir un espoir pour les années à venir, car l’économie devrait rebondir en 2021 avec une croissance de 5,5%, grâce à la réouverture de la frontière avec le Nigeria, à la reprise des grands projets d’investissement et à la normalisation d’autres chaînes d’approvisionnement. Cette croissance pourrait même atteindre 10% en 2023, grâce notamment à la production pétrolière.

Par ailleurs, pour atténuer les effets de la crise sur l’économie nigérienne et préparer l’avenir, ils recommandent au pays de mettre en place un plan de réformes audacieuses, soutenu par les partenaires internationaux, en trois étapes :

  • A partir de 2021 et au-delà, le défi consistera à combiner un soutien continu à l’économie tout en faisant face à des niveaux d’endettement plus élevés qu’avant la pandémie.
  • A court terme, la priorité devrait être donnée aux dépenses de santé, notamment au déploiement des vaccins, tout en maintenant un soutien budgétaire bien ciblé sur les ménages et les entreprises formelles les plus touchées par la crise.
  • A mesure que la situation se normalise, il est essentiel de maintenir la viabilité des finances publiques en augmentant la mobilisation des ressources intérieures et en renforçant l’efficacité des dépenses, notamment les dépenses d’investissement dans les secteurs stratégiques pour le développement durable tels que l’éducation, la santé ou l’agriculture. La réduction des inégalités entre les sexes doit également rester un objectif stratégique.

« La pandémie de Covid-19 continue d’avoir des impacts importants sur les ménages nigériens, dont la quasi-totalité a souffert du ralentissement de l’activité économique », souligne Joelle Dehasse, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Niger. « Il est important que le gouvernement puisse réaffecter les ressources de l’administration générale vers les services sociaux et les infrastructures, afin de maximiser les opportunités de croissance et le bien-être social. »

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Groupe de femmes exerçant des activités génératrices de revenus. Photo: Ollivier Girard, Banque mondiale