La croissance économique du Gabon s'est accélérée pour atteindre 2,9 % en 2024, principalement tirée par le secteur pétrolier et par l’accélération des travaux publics. Les fortes exportations de matières premières du Gabon ont résulté dans un excédent commercial élevé en 2024, mais le pays reste fortement dépendant d’un nombre réduit de produits, 97 % des exportations étant constituées de pétrole, de manganèse et de bois. Alors que l'inflation a baissé, le manque d'opportunités d'emploi et une croissance modeste ont entraîné une augmentation de la pauvreté, plus d'un tiers des Gabonais vivant dans la pauvreté, tandis que le taux de chômage reste élevé, touchant autour de 20 % de la population active.
En 2024, la baisse des recettes pétrolières et l'augmentation des dépenses publiques ont entraîné une détérioration de la situation budgétaire, augmentant les risques budgétaires et soulignant la nécessité d’assurer la viabilité des finances publiques. Malgré la stabilité des recettes publiques grâce aux efforts de numérisation fiscale, les dépenses publiques ont augmenté de 24 %, notamment en infrastructure et dans les mesures sociales. Le solde budgétaire s'est ainsi détérioré, passant d'un excédent de 1,8 % en 2023 à un déficit estimé à 3,7 % du PIB en 2024, ce qui a entraîné une accumulation d'arriérés de paiement et une augmentation de la dette publique.
L'économie gabonaise devrait connaître une croissance d’environ 2,4 % entre 2025 et 2027, mais ses perspectives sont vulnérables aux fortes incertitudes mondiales telles que les restrictions commerciales et la fluctuation des prix du pétrole. La croissance devrait être tirée par les secteurs du bois, des minéraux et de l'agriculture. L'incertitude politique devrait diminuer avec l'arrivée au pouvoir d'un Gouvernement récemment élu et le retour à l'ordre constitutionnel. Cependant, des réformes sont nécessaires pour créer plus d'emplois et pour réduire la pauvreté.
Thème spécial : Mesurer la richesse du Gabon et assurer un avenir durable et prospère
La richesse nationale du Gabon a atteint 105 milliards de dollars en 2020 (en dollars réels chaînés de 2019), ayant augmenté de 35 % entre 1995 et 2020. La richesse nationale du Gabon est principalement constituée de capital naturel (42 %), suivi du capital humain (31 %) et du capital physique (27 %). Entre 2009 et 2016, soutenus par un boom pétrolier, des investissements importants ont permis d’améliorer les infrastructures et le capital humain, tandis que les vastes réserves pétrolières et les politiques de gestion durable des forêts ont contribué à une augmentation du capital naturel.
Évolution de la richesse nationale du Gabon (en dollars réels enchaînés de 2019), 1995-2000
Cependant, la richesse par habitant a diminué de 34,7 % entre 1995 et 2020, ce qui indique des difficultés à convertir les ressources naturelles en actifs productifs et en capital humain en soutien à la croissance. Les déficits d'infrastructures, les défis en matière de gouvernance et la volatilité des investissements, étroitement liés aux cycles pétroliers, ont entravé la croissance, contribuant à une croissance négative du PIB par habitant et à une baisse de la richesse par habitant entre 1995 et 2020.
Évolution de la richesse réelle par habitant au Gabon (1995=100), 1995 - 2020
Croissance cumulée du PIB par habitant et croissance cumulée de la richesse par habitant (%), 1995-2020
La valeur des services rendus par les écosystèmes forestiers au Gabon a presque doublé entre 2000 et 2020, pour atteindre 75,1 milliards de dollars, 99 % provenant des services de rétention du carbone. Les forêts gabonaises sont bien préservées grâce à des politiques forestières durables et à une population peu nombreuse et urbanisée. Le taux de déboisement, qui s'établissait en moyenne à 0,03 % par an, était faible par rapport à la plupart des pays. Les forêts ont retenu l'équivalent de 29,8 milliards de tonnes de CO2 en 2020, mais le Gabon ne reçoit pas de compensation adéquate pour ces services cruciaux. Les forêts offrent également une valeur importante au Gabon sous la forme de ressources en bois, de viande de brousse, de plantes sauvages, de rétention des sols et d'écotourisme.
Le Gabon a besoin de réformes urgentes pour inverser la tendance à la baisse de la richesse par habitant. Pour tirer le meilleur parti de ses ressources, des réformes visant à améliorer le climat des affaires et la gouvernance sont essentielles pour promouvoir la transformation du bois, des minéraux et des aliments, ainsi que l'écotourisme et l'agriculture. Il est essentiel d'augmenter les dépenses consacrées à l'éducation, aux compétences et à la santé, en alignant les investissements sur la capacité budgétaire. Enfin, l’estimation des valeurs de rétention du carbone est une première étape, mais une compensation mondiale adéquate est nécessaire pour permettre au Gabon de tirer le meilleur parti des services de rétention du carbone.