NOTE

Le Groupe de la Banque mondiale et la lutte contre la famine : Données clés

15 juin 2017


Contexte

D’après l’Organisation des Nations Unies, dans le nord-est du Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen, plus de 20 millions de personnes sont confrontées à la famine, ou risquent de l’être sur les six prochains mois. La dégradation des conditions dans certaines régions du Kenya et de l’Éthiopie est elle aussi inquiétante.

Selon les estimations, 1,4 million d’enfants sont exposés à un risque de décès imminent à cause d’une malnutrition aiguë sévère. En outre, la famine peut avoir des conséquences durables pour la santé des individus, ainsi que sur leur aptitude à apprendre et à gagner leur vie, ce qui peut freiner les progrès de développement.

Si l’on veut résoudre cette crise, il faudra une collaboration étroite entre les partenaires des secteurs de l’humanitaire, du développement et de la paix, à savoir les gouvernements des pays concernés, les agences des Nations Unies et les organisations de la société civile.

L’action du Groupe de la Banque mondiale

Face à l’ampleur catastrophique de l’insécurité alimentaire, Jim Yong Kim a annoncé le 8 mars 2017 que le Groupe de la Banque mondiale avait décidé une action immédiate pour l’Éthiopie, le Kenya, le Nigéria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen.

Le Groupe mobilise 1,8 milliard de dollars pour mettre en place des systèmes de protection sociale, renforcer la résilience des populations locales et maintenir la prestation des services destinés aux plus vulnérables. Sur ce montant, plus de 870 millions de dollars seront redirigés depuis des projets existants afin d’aider les populations menacées par la famine. Au Soudan du Sud, au Yémen, au Nigéria, en Éthiopie et au Kenya, quelque 930 millions de dollars seront alloués à des projets d’urgence axés sur la sécurité alimentaire, sur la protection sociale ainsi que sur l’agriculture et l’eau.

Pour faire face à la montée de l’insécurité alimentaire au Yémen, l’IDA, le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, débloquera 283 millions de dollars sous forme de dons, dont 125 millions par le biais de son Mécanisme de riposte aux crises. Cette dernière enveloppe servira à financer des transferts monétaires destinés à 1,5 million de ménages parmi les plus pauvres (soit environ 8 millions de personnes), qui pourront ainsi acheter de la nourriture, tandis que des compléments nutritifs seront distribués à un million de Yéménites parmi les plus vulnérables. 

En tant qu’institution de développement, le Groupe de la Banque mondiale a pris des mesures immédiates, en complément de celles adoptées par les pays touchés et leurs partenaires humanitaires, afin de renforcer les systèmes de protection sociale, de maintenir les services destinés aux plus vulnérables et d’améliorer la résilience des populations locales. Il continuera également à travailler avec les populations locales pour les aider à retrouver leurs moyens de subsistance et à se préparer aux chocs futurs. Si l’on veut éviter d’autres crises, il faut aider les pays à investir afin de mieux comprendre les causes profondes et les facteurs de la fragilité actuelle, et d’y remédier.

Quels progrès sur le terrain ?

En Éthiopie :

  • Le Programme de filets de protection sociale productifs (PSNP) est l’un des plus importants dispositifs de ce type au monde. Il procure des transferts réguliers, en espèces ou en nature, à 8 millions de personnes, dont 4 millions vivant dans des zones affectées par la sécheresse. Son volet « travail contre nourriture » appuie des programmes de travaux publics, sélectionnés par les populations touchées et généralement en rapport avec des projets de restauration des paysages, d’irrigation et d’agroforesterie.
  • Lorsqu’on les interroge, la plupart des bénéficiaires déclarent préférer ce programme à l’aide humanitaire d’urgence, parce qu’il est fiable, prévisible et régulier.Géré par l’État, ce programme centralise les fonds apportés par 11 donateurs, dont 600 millions de dollars issus des ressources du Groupe de la Banque mondiale, par le biais de l’Association internationale de développement (IDA). Cependant, les fonds du PSNP viennent à manquer lors des épisodes de sécheresse aussi aigus que celui qui sévit actuellement. C’est pourquoi la Banque mondiale vient d’approuver 100 millions de dollars d’aide supplémentaire destinés à ce programme, en plus des 100 millions alloués l’an dernier.

Au Nigéria :

Cinq projets viennent d’être validés, qui s’inscrivent dans la continuité d’une opération d’urgence approuvée en mars. Ils apporteront un appui décisif aux six États en proie à l’insurrection menée par le groupe Boko Haram et qui subissent les conséquences désastreuses de la famine. Ces projets procureront :

  • une aide aux agriculteurs déplacés et qui reviennent dans leur village d’origine, afin de relancer la production vivrière ;
  • un soutien à l’emploi et au revenu de sorte à accroître la consommation ;
  • des services de santé maternelle et infantile ;
  • un soutien psychosocial aux victimes de conflits et de traumatismes ;
  • des services sociaux améliorés pour les plus démunis, qui veilleront en particulier à ce que les enfants restent scolarisés ;
  • la remise en état et l’amélioration des infrastructures fournissant des services essentiels.

En Somalie :

  • Le 30 mai 2017, la Banque mondiale a approuvé une opération d’urgence de 50 millions de dollars destinée à appuyer la lutte contre la sécheresse et les efforts de redressement en Somalie.
  • La Somalie n’avait pas connu d’épisode de sécheresse aussi grave depuis des décennies : plus de la moitié de sa population (quelque 6,7 millions de personnes selon les estimations) a besoin d’aide humanitaire et de soutien au redressement. Pour cela, la Banque mondiale appuie les activités du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
  • Ce projet répondra aux besoins immédiats des populations touchées par la sécheresse et les aidera à se redresser rapidement et à renforcer leur résilience aux chocs futurs. Il mettra en œuvre de nombreuses interventions rapides et à fort impact, notamment en fournissant de la nourriture, de l’eau, de l’argent et des articles ménagers essentiels. Il contribuera aussi à la reconstitution des moyens et des capacités de production, ainsi que des moyens de subsistance (bétail et biens agricoles, notamment).
  • La collaboration avec le CICR permettra de venir en aide rapidement et efficacement à ceux qui en ont le plus besoin dans les régions les plus difficiles d’accès. Le CICR travaille sur le terrain en Somalie depuis les années 80. Il procure des services d’intervention d’urgence et d’appui à la résilience grâce à son partenaire local, le Croissant rouge de Somalie. Ce financement aidera le CICR à fournir rapidement de l’argent et des produits de première nécessité à environ 500 000 personnes vivant dans des zones auxquelles les autres partenaires humanitaires internationaux n’ont pas accès.
  • Pour améliorer à long terme les moyens de subsistance ruraux, ce projet aide la FAO à déployer des programmes de « travail contre rémunération » destinés à reconstituer les troupeaux, à aider les agriculteurs ainsi qu’à générer des revenus et à renforcer la résilience communautaire.

Au Soudan du Sud :

  • Malgré un contexte extrêmement difficile, la Banque mondiale s’associe à plusieurs agences des Nations Unies — Programme alimentaire mondial, Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et FAO — afin d’apporter une aide au Soudan du Sud. Le fruit de cette collaboration est un projet d’urgence sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle qui vise à protéger des vies et du capital humain tout en aidant les agriculteurs à reprendre leurs activités de production lorsque les conditions le permettront.
  • Ce projet, approuvé par le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale le 4 mai dernier, apporte une aide de 50 millions de dollars provenant du Mécanisme de riposte aux crises (CRW) de l’IDA. Tous les fonds seront directement destinés aux agences des Nations Unies. Ce projet, qui devrait bénéficier à 580 000 personnes, vise à satisfaire les besoins immédiats de la population en matière d’alimentation et de nutrition, ainsi qu’à l’aider à reprendre ses activités dans l’agriculture et l’élevage.

Au Yémen :

·       Aux côtés de l’UNICEF et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Banque mondiale met en place un projet d’urgence pour la santé et la nutrition, avec pour objectifs :

·       d’offrir à 8 millions de Yéménites des services essentiels de santé, de nutrition et de planification familiale ;

·       de former 4 000 agents de santé ;

·       de mettre sur pied un système de surveillance épidémiologique et d’alerte avancée pour le choléra et d’autres maladies épidémiques sur 600 sites ;

·       À ce jour, cette opération a permis :

  •  la vaccination de 5 millions d’enfants contre la poliomyélite ;
  • la distribution de micronutriments essentiels à 500 000 enfants, ainsi qu’à des femmes enceintes ou allaitantes.

·       En outre, la Banque mondiale finance un projet d’urgence de 500 millions de dollars mis en œuvre par le PNUD et visant à répondre à la situation de crise. Il propose des emplois à court terme et des services essentiels aux populations les plus vulnérables. Quelque 111 millions de dollars ont déjà été décaissés dans le cadre de ce projet, dont les progrès sont rapides :

  • 400 000 personnes ont bénéficié d’un emploi salarié direct ;
  • 2,5 millions de personnes ont eu accès à des services essentiels ;
  • 1,5 million de personnes vivant dans des ménages vulnérables ou souffrant de pauvreté chronique ont reçu des transferts monétaires ciblés afin qu’elles puissent se procurer de la nourriture.

·       En plus de ces mesures d’urgence, la Société financière internationale (IFC), la branche du Groupe de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé, mobilise un mécanisme de financement du commerce de 100 millions de dollars pour permettre au secteur privé d’importer des aliments essentiels.

 

Références essentielles

Communiqués de presse et déclarations :

·       Le président du Groupe de la Banque mondiale appelle à agir d’urgence pour faire face à la crise alimentaire (8 mars 2017)

·       Statement on High Level Meeting on Famine and Fragility "Toward Zero Tolerance for Famine" (a) (22 mai 2017)

·       Statement by World Bank Group Senior Vice President Mahmoud Mohieldin at the High-Level Pledging Event for the Humanitarian Crisis in Yemen (a) (25 avril 2017)

·       World Bank Provides $50 Million Grant for Emergency Food and Nutrition in South Sudan (a) (4 mai 2017)

·       World Bank Group Supports Public Private Dialogue to Spur Economic Recovery in Somalia (a) (11 mai 2017)

·       Neuf millions de Yéménites vont bénéficier d’une nouvelle aide de la Banque mondiale contre l’insécurité alimentaire (19 mai 2017)

·       Somalia: World Bank Approves US$50 Million in Support of Emergency Drought Response and Recovery (a) (31 mai 2017)

Dernière mise à jour: 15 juin 2017

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