Appuyer une croissance sans exclus en Afghanistan

04 avril 2018

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Sous le poids d’un contexte incertain et des menaces sécuritaires, l’Afghanistan a dû faire face au ralentissement de sa croissance économique et à une aggravation de la pression budgétaire. Le pays a cependant préservé sa stabilité macroéconomique, créé les conditions favorisant la reprise et réalisé d’importantes avancées en matière de développement humain : les effectifs scolaires sont passés d’un million à 8,9 millions d’élèves (dont 42 % de filles) entre 2002 et 2017, et les taux de mortalité infantile et maternelle ont baissé de 34 % par rapport à leur niveau de 2003.

Défi

Pays fragile et en proie au conflit, l’Afghanistan est confronté à une situation sécuritaire précaire. Les victimes civiles n’ont jamais été aussi nombreuses depuis 2016. Les difficultés humanitaires du pays se sont aggravées, en raison de l’augmentation croissante de rapatriés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays subissant l’escalade de la violence.

L’activité économique (a) en Afghanistan est demeurée atone : la croissance du PIB réel a légèrement progressé, pour passer de 0,8 % en 2015 à 2,2 % en 2016. Elle est cependant en déclin en termes de PIB par habitant, sachant que la croissance démographique s’établit à près de 3 %. L’Afghanistan se classe au troisième rang des pays où l’essor des jeunes populations est le plus fort : plus d’un cinquième de sa population adulte est âgé de 15 à 24 ans. Le taux de pauvreté atteint 39 %, près de 70 % de la population en âge de travailler est analphabète et le chômage des jeunes ressort à 28 %. Les problèmes de malnutrition, en particulier chez les enfants, menace les progrès obtenus par le pays en matière de bien-être et d’éducation. Malgré une baisse annuelle de 2 %, 41 % des enfants afghans de moins de cinq ans souffrent toujours de retard de croissance.

Tandis que la mobilisation des recettes intérieures demeure faible, le gouvernement est exposé à la diminution progressive de l’aide internationale : le total de l’aide consacrée au développement et à la sécurité devrait passer d’environ 59 % du PIB en 2013 à près de 44 % d’ici 2018. Dans le même temps, la hausse des dépenses militaires risque d’évincer les dépenses civiles. En 2014, les dirigeants ont présenté un ambitieux programme de réformes afin de revitaliser l’économie, mais sa mise en œuvre n’a pas encore pris son essor.


« Les cours de planification familiale m’ont beaucoup profité. Je ne veux pas avoir d’autre enfant. Mon aîné a 13 ans et le plus jeune 3 ans. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir plus d’enfants. Voilà pourquoi j’ai utilisé le contraceptif par injection Khushi, pour éviter de tomber encore enceinte. »

-Feroza

Une habitante de Kaboul, mère de sept enfants, dont le mari est électricien et bénéficiaire du Programme d’amélioration du système de santé.

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Démarche

Les termes de ce partenariat s’inscrivent dans le droit fil du Cadre national pour la paix et le développement (a) établi par les autorités. Les objectifs du CPF sont les suivants :

  • bâtir des institutions solides et responsables pour fournir des services aux citoyens et stimuler la croissance du secteur privé ;
  • soutenir une croissance sans exclus, en privilégiant les régions qui ont pris du retard ;
  • élargir l’inclusion sociale et réduire la vulnérabilité, notamment parmi les personnes déplacées par les conflits.

Durant la période sur laquelle court le CPF, la Banque mondiale prévoit d’appuyer l’Afghanistan à hauteur de 250 à 300 millions de dollars par an, sous forme de dons octroyés par l’Association internationale de développement (IDA). En outre, le Fonds fiduciaire pour la reconstruction de l’Afghanistan (ARTF) (a) pourrait fournir jusqu’à 800 millions de dollars par an de financements, en fonction des engagements pris par les donateurs. La Société financière internationale (IFC) a pour objectif de porter le montant du portefeuille actuel de 54 millions de dollars à environ 80 millions de dollars. Enfin, l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) est disposée à accorder son concours financier au pays, en mettant l’accent sur les secteurs financier, manufacturier et agro-industriel, et les infrastructures.


« Je suis sûr que cette année je gagnerai plus parce que les routes ne me causent plus de tracas comme par le passé.  »

-Haji Turjan

Agriculteur dans le district de Daman (province de Kandahar) et bénéficiaire du Projet national de désenclavement des zones rurales.

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Résultats

Le Projet de charte du citoyen en Afghanistan (2016-2021) est financé par un don de 672 millions de dollars alloué par l’IDA et l’ARTF. Il s’inscrit dans la continuité du Programme de solidarité nationale, dont les résultats ont été très probants : en l’espace de 14 ans, ce programme a permis de développer des infrastructures rurales et des services de base au profit de près de 35 000 communautés en promouvant un développement piloté par les populations locales. Il vise à améliorer la fourniture d’infrastructures de base et de services sociaux aux collectivités participantes par le moyen de conseils de développement communautaire renforcés. Ces services font partie d’un ensemble de normes minimales de prestations que les autorités se sont engagées à offrir à la population afghane. Les résultats attendus dans le cadre de la première phase du projet sont les suivants :

  • 10 millions de bénéficiaires ;
  • accès à l’eau potable pour 3,4 millions de personnes ;
  • amélioration de la qualité des services dans les domaines de la santé, de l’éducation, des routes rurales et de l’électrification ;
  • hausse de la satisfaction de la population et de sa confiance vis-à-vis des pouvoirs publics :
  • rentabilité de 35 % des investissements consentis dans les projets d’infrastructure.

Le Programme d’amélioration du système de santé (a) bénéficie d’un financement de l’IDA et de l’ARTF d’un montant de 695 millions de dollars. Il a pour objet d’accroître la portée, la qualité et la couverture des services de santé, notamment parmi les populations pauvres. Grâce aux prestations de soins primaires et de services hospitaliers essentiels réalisées dans le cadre d’accords contractuels, le nombre d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié est passé de 15,6 à 50,5 % dans le quintile de revenu le plus faible. La couverture vaccinale (PENTA3) chez les jeunes enfants pauvres a plus que doublé, tandis que le taux de prévalence de la contraception est passé de 19,5 à 60 %.

Le Programme d’amélioration de la qualité de l’éducation secondaire, financé par l’IDA et l’ARTF, a octroyé des fonds aux communautés pour la réfection ou la construction d’écoles et l’accès à des supports pédagogiques. Clôturé en décembre 2017, le projet a financé la construction de 1 137 écoles et six instituts de formation des enseignants. Aujourd’hui, 8,9 millions d’enfants sont inscrits dans l’enseignement général, dont 42 % de filles ; 16 588 écoles ont bénéficié de subventions à l’amélioration de la qualité, consacrées à l’achat de fournitures scolaires et de matériel de laboratoire ; 154 811 enseignants (dont 35 % de femmes) ont été formés.

Le Projet national de désenclavement des zones rurales (a) s’attache à assurer l’accès de la population aux services sociaux de base tout au long de l’année. Le projet a également porté sur la mise en place d’un dispositif de planification du réseau basé sur un système d’information géographique et sur la réalisation du premier inventaire national des routes rurales et de leur état.

Le Projet national d’horticulture et d’élevage (a), qui bénéficie d’un financement de l’ARTF de 190 millions de dollars, vise à favoriser l’adoption de technologies améliorées par les agriculteurs. Il a financé à ce jour la création de 16 750 hectares (ha) de vergers de pistachiers et arbres fruitiers dans 32 provinces. En outre, plus de 90 000 ha de vergers ont été réhabilités et quelque 96 000 projets de jardins potagers ont été mis en place.

Financé par l’IDA et l’ARTF, le Projet de restauration et de développement de l’irrigation (a) a contribué à rénover 173 systèmes d’irrigation dont profitent 326 000 foyers d’agriculteurs sur 175 000 ha. La collecte régulière de données s’effectue désormais depuis 127 stations hydrologiques et 56 stations météorologiques. En outre, 40 stations de téléphérique ont été installées pour mesurer le débit dans un certain nombre de stations hydrologiques


« La condition des femmes s’est beaucoup améliorée. Nous pouvons participer aux délibérations concernant le développement de notre village et jouer un rôle actif dans la mise en œuvre des décisions prises. »

-Fatana Rahmani

Vice-présidente du conseil de développement communautaire pour le village de Botazar situé dans le district de Paghman (province de Kaboul) et bénéficiaire du Projet de développement de l’entreprise rurale en Afghanistan.

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Contribution du Groupe de la Banque mondiale

La Banque mondiale compte 16 projets en cours en Afghanistan, qui sont financés par l’IDA et dont les engagements en valeur nette représentent plus de 1,3 milliard de dollars au total. Elle poursuit en outre un travail analytique rigoureux afin d’étayer le dialogue avec les pouvoirs publics sur les politiques à mener. En décembre 2017, il comprenait un portefeuille de 19 projets en cours représentant un montant de 3 milliards de dollars ; son volet « dépenses ordinaires » a en outre fourni un soutien budgétaire de 4,7 milliards de dollars. L’appui de l’ARTF aux programmes prioritaires nationaux, aux coûts de fonctionnement de l’administration et au programme de réformes contribue à la réalisation des objectifs de la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan. La Banque apporte un soutien actif aux réformes clés, en particulier dans les domaines de la fiscalité et de l’administration publique, tandis que ses activités hors prêt permettent d’éclairer les autorités afghanes dans leurs orientations stratégiques. Le portefeuille des engagements de l’IFC s’élevait à 52 millions de dollars au terme de l’exercice 2017 et son portefeuille de services-conseil à 8,8 millions de dollars. Les investissements de l’IFC ont permis d’accroître considérablement l’accès aux financements. Les engagements bruts de la MIGA totalisent 116 millions de dollars, et comprennent une initiative conjointe avec l’IFC dans les télécommunications. Le 8 mars 2018, le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale a approuvé la première transaction du guichet pour le secteur privé de l’IDA, en appui à une garantie au premier risque de la MIGA liée à un projet d’investissement de l’IFC portant sur la transformation de produits alimentaires en Afghanistan.

Partenaires

. En décembre 2017, les contributions des 34 donateurs s’élevaient plus de 10,3 milliards de dollars, soit la contribution la plus importante au budget de l’Afghanistan. Au total, 7,7 milliards de dollars ont été alloués au titre des volets « dépenses ordinaires » et « investissement » (4,7 et 3 milliards de dollars, respectivement).

Perspectives

Au cours de la décennie écoulée, l’Afghanistan a réalisé de remarquables avancées dans de nombreux domaines. Dans les années à venir, le pays devra tout particulièrement veiller à renforcer la capacité de ses institutions à fournir des services de base sur tout le territoire et à consolider et élargir les gains obtenus à ce jour en matière de développement économique. Outre son apport financier, l’IDA devra continuer, au cours de cette période, à faire valoir ces priorités et aider les autorités afghanes à hiérarchiser et à employer efficacement leurs propres ressources.

Dernière mise à jour: avr. 05, 2018

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8,9 millions
d’enfants sont inscrits dans l’enseignement général, dont 42 % de filles.



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