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L’Afrique doit améliorer l’efficacité des dépenses publiques pour accroître la productivité agricole et réduire la pauvreté



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Stephan Gladieu/World Bank

LES POINTS MARQUANTS
  • Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, une réforme des dépenses publiques permettrait de stimuler la productivité agricole en Afrique subsaharienne, d’augmenter les revenus des agriculteurs et de favoriser une transformation structurelle dans la région.
  • Avec des dépenses agricoles plus efficaces et adaptées aux enjeux du changement climatique, les pays africains pourraient créer les conditions propices à des changements plus rapides et à l’essor de la croissance.
  • En s’inspirant de la réussite de plusieurs régions en développement et de certains pays africains, le rapport formule des recommandations pour orienter les dépenses publiques vers des investissements à haut rendement prioritaires.

WASHINGTON, le 23 mars 2017 – Vitale pour l’avenir économique de l’Afrique subsaharienne, l’amélioration de la productivité agricole est aussi un moyen essentiel pour parvenir à mettre fin à l’extrême pauvreté et à favoriser une croissance inclusive dans la région. À cet égard, les choix de dépense publique ont des effets considérables sur le développement.

Un nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé Reaping Richer Returns: Public Spending Priorities for Africa Agriculture Productivity Growth, s’intéresse à la manière dont des dépenses publiques agricoles efficaces et adaptées aux enjeux du changement climatique pourraient tout à la fois faire reculer la pauvreté et transformer en profondeur les économies subsahariennes.

« Un secteur agricole dynamique, durable et résilient est vital pour l’avenir économique de l’Afrique subsaharienne », affirme Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique. « Si nous voulons réduire significativement la pauvreté, nous devons tout mettre en œuvre pour stimuler la productivité et la compétitivité de l’agriculture africaine. Les pays de la région pourraient obtenir des gains significatifs s’ils revoyaient la conception et la mise en œuvre des programmes de dépenses publiques tout en axant davantage celles-ci sur les biens qui offrent un rendement élevé. »

Selon le rapport, le problème de l’Afrique subsaharienne ne réside pas seulement dans le fait qu’elle dépense moins pour son agriculture que les autres régions en développement : il tient également à ce que les programmes de subventions et les transferts profitent en réalité surtout aux gros exploitants agricoles et qu’ils ont un impact négligeable sur le secteur agricole en général et sur les populations les plus pauvres.

« Les pays d’Afrique subsaharienne n’investissent pas suffisamment dans des biens publics à haut rendement économique, notamment dans le développement et la diffusion de nouvelles technologies agricoles, dans le renforcement des mécanismes de marchés et dans les infrastructures rurales », déplore Aparajita Goyal, économiste senior à la Banque mondiale qui a dirigé l’équipe responsable du rapport. « L’étude identifie les domaines auxquels les gouvernements africains devraient consacrer en priorité leurs dépenses : les subventions ciblées, la relance de la recherche et du développement, l’élimination des obstacles à la diffusion rapide des nouvelles technologies et l’amélioration de l’accès aux marchés et de la gouvernance foncière. »

Toutes les conditions sont réunies pour avoir une agriculture plus productive en Afrique, estime le rapport. Les marchés régionaux sont en plein essor, portés par la démographie, l’urbanisation et l’augmentation des revenus, et devraient représenter mille milliards de dollars à l’horizon 2030. D’autant plus que les perspectives du côté de l’offre sont prometteuses et que le continent peut compter sur des ressources abondantes pour augmenter la production agricole.

Le rapport s’appuie sur des expériences réussies en Afrique et dans d’autres pays en développement pour réfléchir à la manière de mieux gérer les dépenses publiques. En Amérique latine et en Asie, les périodes de forte croissance agricole ont été marquées par la mise en place de programmes de promotion des intrants qui sont parvenus à lever les principaux obstacles à la productivité, grâce à des investissements intégrés dans les technologies améliorées, les services de vulgarisation, la gestion de l’eau et du sol et l’établissement de liens avec les marchés.

Les pays d’Afrique subsaharienne pourraient faire de même et accroître l’impact de leurs dépenses actuelles en réduisant le poids des subventions pour les engrais, au profit d’autres investissements plus pertinents et complémentaires. En améliorant la qualité des dépenses publiques agricoles tout en les réorientant vers ce type d’investissement, ils pourraient engranger des gains de productivité massifs dans l’agriculture.

De plus, une meilleure réglementation et une réforme des politiques commerciales renforceraient l’efficacité des dépenses publiques : les producteurs et les entreprises innovantes seront ainsi encouragés à investir afin de tirer pleinement parti des biens publics créés. La transformation de l’agriculture africaine ne pourra se faire sans un ensemble d’actions coordonnées en faveur de la productivité agricole. Faute de cadre politique adapté, même les dépenses consenties dans des secteurs à fort rendement s’avèreront improductives, voire contreproductives.

Enfin, une meilleure budgétisation permettrait également d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques dans l’agriculture et d’accroître la productivité de ce secteur en Afrique subsaharienne.


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