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DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS 23 septembre 2019

Allocution du Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, à la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la couverture sanitaire universelle

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux d’être ici aujourd’hui pour présenter le travail qu’entreprend le Groupe de la Banque mondiale pour améliorer l’accès et les résultats en matière de soins de santé. Il est indispensable d’accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle (CSU) afin de réduire l’extrême pauvreté et stimuler une prospérité partagée.

La santé est également un impératif économique, car elle représente l’un des secteurs les plus importants de l’économie mondiale, générant 50 millions d’emplois, dont la majorité occupée par des femmes.

Cependant, nos chiffres les plus récents montrent que les dépenses personnelles de santé annuelles dépassent les 500 000 milliards de dollars. Ces dépenses sont à l’origine des difficultés financières auxquelles sont confrontées plus de 925 millions de personnes et une cause du basculement dans la pauvreté extrême de près de 90 millions de personnes chaque année.

L’amélioration des résultats en santé est l’une des priorités du Groupe de la Banque mondiale. Les paroles ne suffisent pas ; il faut impérativement accroître les financements et améliorer les systèmes de santé. L’IDA – notre fonds pour les pays les plus pauvres – est l’un des outils les plus importants pour financer les soins de santé dans les pays à faible revenu.

Au cours de la dernière décennie, l’IDA a alloué 13,5 milliards de dollars au financement d’interventions sanitaires essentielles au profit de 770 millions de personnes et de vaccins pour 330 millions d’enfants. La part des financements de l’IDA consacrée à la santé et à la nutrition a augmenté de 60 % au cours de la dernière décennie, par suite de l’accroissement de la demande des pays.

Les financements de l’IDA sont essentiels, mais pas suffisants. Même dans les scénarios les plus optimistes, nous estimons que le déficit de financement pour parvenir à la CSU dans les 54 pays les plus pauvres – représentant 1,5 milliard d’habitants – sera d’environ 176 milliards de dollars par an.

Pour combler ce déficit, nous nous employons sans relâche à obtenir de bons résultats. Je propose quatre domaines prioritaires dans lesquels nous pouvons en faire plus, et surtout, dans lesquels nous disposons de preuves solides de ce qui fonctionne.

Premièrement, il est important d’accroître les investissements dans des soins de santé primaires de qualité et à coût abordable.

  • Cela se justifie du point de vue sanitaire comme économique. Nous avons besoin de plus de ressources pour détecter et traiter les maladies rapidement, avant qu’elles ne s’aggravent. Cette démarche sauvera des vies et réduira les coûts des soins de santé.
  • Le fait de ne pas investir a un coût prohibitif. Il s’agit notamment des coûts directs, comme nous le voyons aujourd’hui en RDC, où la Banque mondiale, par l’intermédiaire de l’IDA, a engagé plus de 350 millions de dollars pour lutter contre la maladie à virus Ebola. Il s’agit aussi des coûts économiques à plus long terme. Les pays les plus durement touchés par l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest il y a cinq ans en ressentent encore les effets aujourd’hui.
  • Au Groupe de la Banque mondiale, nous nous attachons non seulement à aider à élargir l’accès aux soins de santé, mais également à améliorer la qualité et l’accessibilité financière en assujettissant le financement aux résultats.
  • L’annonce récente faite par le Nigéria selon laquelle le pays est exempt de poliomyélite depuis trois ans est un résultat remarquable.

Deuxièmement, il est essentiel de redoubler d’efforts pour mobiliser le secteur privé et déclencher de nouveaux modèles de financement et de prestation des services de santé. La couverture et les besoins de financement non satisfaits sont trop importants pour que le secteur public puisse combler ce fossé tout seul.

  • En Afghanistan, nous apportons notre appui à la poursuite à l’échelle nationale d’un projet consistant à confier la prestation des services de base à des acteurs privés. Résultat : la couverture sanitaire a été multipliée par cinq et le taux de mortalité infantile a baissé de 60 % au cours de la décennie écoulée. Cet investissement permettra de vacciner 80 % des enfants et de réaliser deux tiers des naissances dans des établissements de santé offrant des compétences qualifiées, sauvant ainsi 200 000 vies de plus.
  • Nous travaillons avec l’Inde sur son ambitieux projet d’élimination de la tuberculose d’ici 2025 en améliorant la célérité et la qualité de la détection et du traitement de la tuberculose dans les établissements de santé privés – les premiers à accueillir 80 % des patients atteints de cette maladie. L’objectif est de faire passer le taux de réussite du traitement de 11 à 70 % au cours des cinq prochaines années.
  • De plus, face à la nature changeante du travail et avec l’émergence de l’économie à la tâche, la Banque mondiale et IFC soutiennent le déploiement de plateformes mobiles d’assurance maladie telles que M-Tiba au Kenya. Cette plateforme couvre déjà 4,5 millions de personnes et devrait atteindre les 10 millions de personnes au cours des trois prochaines années.
  • Nous estimons que ces programmes ont étendu la protection financière à environ 60 millions de personnes dans 22 pays et ont le potentiel, du point de vue du marché, pour toucher des dizaines de millions de personnes supplémentaires.

Troisièmement, pour améliorer les résultats en matière de santé, nous devons aller au-delà de la santé. Autrement dit, nous devons soutenir les communautés en améliorant l’éducation, en élargissant les services sociaux et en créant des emplois.

  • Tout l’argent que nous investissons dans les établissements de santé, le personnel de santé, les vaccins, les médicaments et les technologies de la santé aura été gaspillé si nous ne prenons pas en compte des questions telles que le retard de croissance, l’éducation des filles et la faiblesse des filets de protection sociale qui favorise la vulnérabilité des familles.
  • Nous travaillons avec plus de 60 pays dans le cadre du Projet sur le capital humain afin de les aider à adopter une approche pangouvernementale intégrée pour améliorer les résultats sur le plan du développement humain.
  • Le projet d’autonomisation des femmes au Sahel de la Banque mondiale (SWEDD) en est une illustration, le Sahel étant une région où les taux de mortalité maternelle et infantile comptent parmi les plus élevés au monde. Le projet SWEDD applique une approche intégrée en collaborant avec les responsables de la santé, les leaders communautaires et les chefs religieux pour améliorer les services de santé, maintenir les filles à l’école et créer des opportunités économiques pour les femmes. Les premiers résultats sont encourageants : les taux d’abandon scolaire dans les zones du projet ont baissé de moitié.

Enfin, nous devons revoir nos modèles de financement de la santé.

Pour tous les pays, cela signifie obtenir de meilleurs résultats pour l’argent qu’ils dépensent.

Pour les partenaires internationaux, cela signifie déployer l’aide et les financements de manière à catalyser les ressources nationales et à mettre en place des systèmes nationaux durables.

Les dirigeants des pays ont un rôle crucial à jouer. S’ils s’engagent à mettre en place des systèmes de santé plus intelligents, rentables et fondés sur des données, ils peuvent assurer la prestation de soins de santé de qualité à un coût abordable. Ils peuvent bâtir un avenir plus sain, prospère et prometteur pour leurs populations.

Dans ce processus, le Groupe de la Banque mondiale sera un partenaire engagé.

Je vous remercie de votre attention.

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