COMMUNIQUÉS DE PRESSE

Malgré une conjoncture moins favorable, l’Amérique latine et les Caraïbes tiennent le cap

09 avril 2014


  • Les envois de fonds des migrants et les investissements directs étrangers assurent un flux de revenus plus fiable.
  • La croissance, quoique lente, se maintient : elle est attendue à 2,3 % en 2014.
  • Des réformes de la productivité s’imposent pour éviter l’effritement des avancées sociales.

WASHINGTON, 9 avril 2014 – Alors que les investisseurs internationaux se tournent à nouveau vers les économies avancées, les États-Unis notamment, sous l’effet de la normalisation de la politique monétaire, les économies émergentes connaissent un durcissement des conditions financières. Pour l’Amérique latine et les Caraïbes pourtant, qui peuvent depuis peu compter sur des apports internationaux plus stables, l’impact de ce renversement de tendance est moins marqué.

Comme le révèle le dernier rapport semestriel des services de l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la Région Amérique latine et Caraïbes, intitulé en anglais International Flows to Latin America: Rocking the Boat?, les investissements directs étrangers (IDE) et les envois de fonds des migrants ont fini, en dix ans, par représenter une part nettement supérieure des apports nets à la région que les autres flux hors IDE, plus instables. Cette stabilisation des flux, conjuguée à l’amélioration des cadres d’action macroéconomique et financière, confère à la région une capacité d’absorption des chocs externes singulièrement accrue.

« Encore une fois, la région rompt avec le passé : elle a su rééquilibrer ses sources de financement en faveur des IDE et des transferts de fonds des migrants, au lieu de compter sur les flux de portefeuille et de crédit bancaire. Cette évolution s’inscrit dans une restructuration plus profonde de la position extérieure de la région, au détriment de la dette et au profit des prises de participation, estime Augusto de la Torre, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Cela fait partie des raisons qui nous conduisent à penser que les turbulences financières internationales ne déclencheront plus les crises intérieures typiques du passé. »

Ces bonnes nouvelles ne dissipent pourtant pas les inquiétudes autour de la lenteur actuelle de la croissance dans la région. Le rapport estime que des facteurs externes — notamment la baisse du prix des métaux industriels et les incertitudes grandissantes entourant la croissance en Chine — freinent l’essor de la région, qui devrait afficher un taux de croissance de 2,3 % en 2014. En légère baisse par rapport à 2013 (2,4 %), ce chiffre reste plus de deux fois inférieur aux niveaux de 5 à 6 % régulièrement observés avant la crise financière mondiale de 2008.

L’analyse pays par pays révèle bien entendu une situation très hétérogène, de prévisions de croissance pour 2014 négatives au Venezuela (-1 %) à un niveau de pratiquement 7 % au Panama, talonné par le Pérou (5,5 %). Le Chili et la Colombie devraient eux aussi afficher une croissance supérieure à la moyenne régionale, au-delà de 3,5 %.

Les géants de la région — le Mexique et le Brésil — méritent une mention particulière. Un rebond est attendu dans le premier cas, après le ralentissement inopiné de l’an dernier, autour de 3 %, soit plus que la moyenne régionale. D’autant que le train de réformes audacieuses engagées récemment (dans la banque, l’éducation, les télécoms, l’énergie et la fiscalité) a renforcé l’optimisme des investisseurs et laisse présager d’une croissance bien meilleure après 2014. Au Brésil, tous les experts s’accordent sur un taux de croissance de 2 % ou moins en 2014, le programme de réformes conçu pour éviter un fléchissement de la croissance, de l’épargne et des investissements n’ayant pas encore pleinement porté ses fruits.

« Le ralentissement conjoncturel de la croissance en 2013-2014 s’explique en grande partie par des facteurs internationaux qui échappent au contrôle des décideurs de la région. Reste à savoir s’il ne s’agit pas en fait des premiers signes d’un tassement plus durable de la croissance à long terme, explique M. de la Torre. Un équilibre autour de 2,5 % serait nettement insuffisant pour soutenir le rythme des progrès sociaux auquel la région s’est habituée depuis dix ans. Faute d’une croissance alerte portée par les réformes, les avancées sociales dans la région risquent de piétiner. »

L’un des atouts de ce rapport tient en ce qu’il analyse ensemble les IDE et les transferts des migrants, contrairement à ce qui se fait habituellement. Plusieurs de ses constats méritent d’être soulignés :

  • les IDE comme les envois de fonds des migrants constituent deux formes d’apports plus stables que les autres, les premiers bénéficiant en général à des usines ou des infrastructures de ce type qui ne sont pas facilement délocalisables. Quant aux seconds, ils se révèlent moins volatils et, surtout, anticycliques, puisqu’ils augmentent lorsque la conjoncture se dégrade dans le pays bénéficiaire ;
  • les deux flux aggravent le déficit extérieur et contribuent à l’appréciation du taux de change, au détriment de la compétitivité ;
  • ils sont fondamentalement différents en ceci que les IDE peuvent améliorer la productivité. Un effet que n’ont pas les transferts, lesquels présentent surtout l’avantage d’offrir aux ménages une protection contre la pauvreté ;
  • la qualité des institutions a un impact diamétralement opposé sur ces deux types d’apports. La qualité du capital humain et physique et un environnement des affaires fondé sur le respect des contrats vont attirer les IDE, qui exercent ainsi un effet naturel de levier pour la main-d’œuvre locale, alors que les graves lacunes de l’environnement ambiant incitent les travailleurs à s’expatrier, en quête d’opportunités que ne leur offre pas leur pays d’origine.

En conséquence, conclut le rapport, les pays de la région qui ont déjà réussi à attirer des volumes conséquents d’IDE doivent s’efforcer de capitaliser sur les éventuelles externalités positives. Ils doivent notamment maximiser les retombées de la formation liées aux IDE, de même que la diffusion des technologies associées, ce qui leur permettra d’accroître leur productivité et de compenser leur manque de compétitivité extérieure, sachant que celle-ci découle du modèle de croissance typique de la région, fondé sur la demande intérieure.

Les pays fortement dépendants des transferts des migrants sont, quant à eux, face à des écueils plus problématiques. Pour commencer, ils doivent miser sur des politiques novatrices incitant les ménages à utiliser une partie au moins de ces fonds pour se constituer un capital, notamment en investissant dans la santé, l’éducation et le logement. Mais surtout, selon le rapport, ils doivent privilégier l’amélioration continue, et délicate, de leur environnement intérieur afin d’attirer leurs propres travailleurs et les IDE, et de pouvoir, dans un second temps, exploiter les gains de productivité découlant d’une interaction fructueuse entre les deux.

 

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° :
2014/431/LAC

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