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TRIBUNE 06 septembre 2018

Investir dans la jeunesse : la clé d’un meilleur avenir pour l’Afrique

Ces dernières années, la Chine a consacré des milliards de dollars au développement dans la quasi-totalité des pays d’Afrique, ce qui en fait l’un des principaux investisseurs sur le continent. Une grande partie de ces investissements est affectée à l’éducation en Afrique subsaharienne et en Chine.

Pour tout dire, la Chine est devenue un lieu de prédilection pour les étudiants africains qui vont poursuivre leurs études à l’étranger.

Il n’est donc pas surprenant que l’éducation et le développement des compétences occupent une place de choix dans l’ordre du jour du Forum Investir en Afrique qui se tient cette semaine à Changsha dans la province du Hunan. La raison en est simple : l’Afrique subsaharienne est la région qui abrite la plus jeune population du monde et de ce fait, l’endroit où il faut le plus privilégier le renforcement des connaissances et le développement des compétences.

Les jeunes représentent la future main-d’œuvre de la région. Au cours de la prochaine décennie, ils seront environ 11 millions à entrer sur le marché du travail chaque année. Certes les emplois salariés formels ont progressé dans certains pays, mais la plupart de ces jeunes sont susceptibles d’exercer des emplois informels, par exemple dans des entreprises ou des exploitations agricoles familiales, souvent pour des salaires très bas.

Mais la technologie est en train de changer la donne rapidement, créant des emplois qui exigent une gamme de compétences numériques. Pour que les jeunes Africains puissent rivaliser avec ceux des autres régions pour des emplois dans le secteur de la haute technologie, mieux rémunérés — et saisir les débouchés de plus en plus nombreux dans l’innovation et l’entrepreneuriat —, la formation aux compétences numériques doit occuper une place centrale dans l’éducation et la formation continues.

À cette fin, le Groupe de la Banque mondiale a lancé récemment plusieurs initiatives visant à accroître les compétences technologiques des jeunes Africains et à les connecter à l’économie numérique mondiale. Lancé en 2017, XL Africa, le programme d’accélération de la création d’entreprises mis sur pied par l’institution, a déjà permis de fournir des capitaux de démarrage à 20 des plus grands entrepreneurs numériques africains. Le Groupe de la Banque mondiale travaille actuellement sur une initiative régionale axée sur l’économie numérique qui aidera les pays à établir des bases solides pour exploiter pleinement l’énorme potentiel du numérique en Afrique.

Depuis 2015, la Chine investit dans le Partenariat pour le développement des compétences en sciences appliquées, ingénierie et technologies (PASET) et est disposée à en faire plus. Lors du Forum Investir en Afrique de l’an dernier, les ministères chinois en charge de l’éducation et des finances et la Banque mondiale se sont engagés à collaborer dans le domaine de l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) afin d’élargir les possibilités de formation professionnelle. Cette année, ces acteurs envisagent de porter leur partenariat plus loin en travaillant ensemble sur l’EFTP et l’enseignement supérieur sous la houlette du PASET, pour faire en sorte que les niveaux de salaires des jeunes Africains spécialisés dans les sciences et la technologie augmentent potentiellement au fur et à mesure que les économies du continent progressent. Arrêtons-nous un instant sur le fait suivant : actuellement, moins de 10 % des personnes scolarisées en Afrique sont inscrites dans l’enseignement supérieur, et parmi elles, moins de 30 % suivent un cursus dans le domaine des sciences, de la santé, des TIC et de l’ingénierie. L’expérience de la Chine — et celle d’autres pays asiatiques — en matière de renforcement des capacités scientifiques et d’amélioration du classement mondial des universités est riche d’enseignements importants dont peut s’inspirer l’Afrique subsaharienne tout entière.

Lorsqu’on envisage un avenir numérique, on ne saurait faire fi des possibilités qu’offre la technologie dans l’agriculture, un moteur essentiel de l’emploi qui est au cœur de la croissance solidaire et durable dans les pays africains. L’agriculture à elle seule représente actuellement environ 60 % de l’emploi total dans la région, et bien plus d’ailleurs lorsque l’on tient compte des emplois dans l’ensemble de la filière alimentaire. En Éthiopie, au Malawi, au Mozambique, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie, par exemple, entre 2010 et 2025, le système alimentaire devrait créer encore plus d’emplois que le reste de l’économie, et la technologie peut contribuer à accroître davantage le nombre d’emplois dans le secteur agricole.

L’Afrique est un continent prometteur, et nous ouvrons les discussions en gardant à l’esprit que sa jeunesse est son atout le plus précieux. C’est une région d’entrepreneurs et d’ingénieurs, d’étudiants et de chercheurs, d’agriculteurs et de futurs dirigeants désireux d’aider à transformer leur continent. 

Pour que le partenariat Chine-Afrique évolue dans la direction la plus bénéfique pour les jeunes de la région, la Chine et les pays africains doivent impérativement redoubler d’efforts. Les dirigeants africains doivent mettre en place une infrastructure numérique solide et éliminer les obstacles juridiques, réglementaires, procéduraux et institutionnels qui font barrage aux entreprises et aux investissements directs étrangers. De même, les nouveaux investissements chinois doivent être centrés sur les jeunes en créant sans tarder plus d’emplois pour eux tout en les préparant au travail de demain.

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