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ARTICLE 11 février 2021

Entretien avec le Dr Jorge Noel Barreto, coordinateur de la lutte contre la COVID-19 à Cabo Verde : « Nous sommes absolument convaincus que nos agents de santé sont bien préparés à cette tâche immense. »

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Avec ses plages de sable fin et sa situation stratégique au large de l’Afrique de l’Ouest, Cabo Verde dispose de formidables atouts de croissance économique. C’est le pays africain qui a le plus réduit la pauvreté depuis 1990. Mais l’économie de ce petit archipel, qui est principalement tournée vers le tourisme, a été durement touchée par la pandémie de COVID-19.

Depuis le premier signalement en mars 2020, le virus s’est rapidement propagé et Cabo Verde a rapidement pris des mesures pour faire face à la pandémie. Il sera le premier pays africain à bénéficier d’un financement de la Banque mondiale pour sa campagne de vaccination anti-COVID.

Pour en savoir plus sur la logistique et les enjeux de ce plan vaccinal, nous avons interrogé le Dr Jorge Noel Barreto, directeur national de la santé au ministère de la Santé et de la Sécurité sociale de Cabo Verde.

Tout d’abord, pourriez-vous nous parler de la situation actuelle à Cabo Verde après presque une année de lutte contre la pandémie ?

Dans la lutte contre la pandémie, la protection de la vie et de la santé des Caboverdiens reste la priorité. Depuis que le premier cas de COVID-19 a été détecté dans le pays le 19 mars 2020, Cabo Verde a enregistré environ 14 500 cas d’infection par le SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19. La majorité de ces infections concernent des femmes (environ 52 %) et le groupe le plus touché est celui des jeunes adultes âgés de 20 à 39 ans (environ 47 %).

Le pays a dû réorganiser ses services de santé pour éviter d’exposer au risque d’infection les patients atteints de maladies chroniques ou devant subir une intervention chirurgicale. Dans l’ensemble, il n’y a pas eu d’augmentation significative du nombre de décès dus à des maladies respiratoires. En revanche, l’impact sur la population a été immense, en particulier sur le plan de la santé mentale. En raison des mesures d’isolement et de confinement, les personnes qui vivaient d’emplois informels ont été les plus touchées. Dans ce contexte, les vaccins sont synonymes d’espoir et le gouvernement met les bouchées doubles pour mener à bien son plan de vaccination anti-COVID. Il a déjà alloué des ressources à la mise en œuvre et au déploiement du plan.

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Depuis mars 2020, Cabo Verde a enregistré environ 14 500 cas de COVID-19. La crise de la COVID a ébranlé l’économie caboverdienne, dont le PIB pourrait avoir enregistré une contraction de 11 % en 2020. @UNCaboVerde

Pouvez-vous nous en dire davantage sur les enjeux de ce plan et sur les aspects qui, selon vous, seront les plus déterminants pour la réussite du déploiement de la vaccination à Cabo Verde ?

Cabo Verde a été l’un des premiers pays à faire appel à la Banque mondiale, dès juillet 2020, pour obtenir un soutien à la vaccination contre la COVID-19. Pour un pays insulaire comme le nôtre, avec une population de plus de 500 000 habitants, la préparation à la vaccination est l’une des principales priorités pour les mois à venir, car elle nécessite une importante planification sur le plan de la logistique et des chaînes d’approvisionnement.

Nous nous sommes efforcés de faire en sorte que le pays dispose des systèmes de chaîne du froid appropriés et de toute la logistique nécessaire au stockage et au transport des vaccins entre les principales îles, et d’avoir accès à des doses suffisantes pour vacciner le plus grand nombre de personnes possible. Il est également essentiel de former les vaccinateurs et de mettre en place un système de référence technique. Nous espérons pouvoir vacciner au moins 60 % de la population.

Malgré toutes les difficultés, nous sommes absolument convaincus que nos agents de santé sont bien préparés à cette tâche immense. La première des priorités était de disposer d’un plan bien conçu et de ressources bien définies conformément aux directives de l’OMS. Nous avons adopté le modèle de vaccination standard utilisé dans d’autres pays afin de garantir qu’au moins 95 % de la population à risque soit incluse dans la première phase de vaccination. Les professionnels de la santé seront donc les premiers sur la liste, suivis par les personnes les plus susceptibles de développer des formes graves de la maladie. En outre, 10 000 professionnels du tourisme figureront dans le quatrième groupe prioritaire afin de favoriser le redémarrage du secteur touristique et d’offrir plus de sécurité aux touristes se rendant sur l’archipel.

Comment les autorités communiquent-elles sur la campagne de vaccination et quels systèmes mettez-vous en place pour garantir un accès juste et équitable aux vaccins ?

Cabo Verde peut compter sur la solidité du système de santé déjà en place et s’appuyer sur la réussite de sa politique globale de vaccination, qui assure déjà une couverture vaccinale de 99 % pour les maladies les plus courantes. Ainsi, contrairement à de nombreux autres pays, la population ne devrait pas manifester beaucoup d’hésitation à l’égard du vaccin. Nous nous appuyons sur notre expérience antérieure pour planifier une campagne de communication sur les risques qui visera à sensibiliser la population cible à la vaccination et à expliquer le processus et les critères de sélection des groupes prioritaires. Cette campagne devrait commencer dès que les vaccins seront disponibles dans le pays.

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Cabo Verde dispose d’un système de santé solide et d’une politique de vaccination efficace, avec une couverture vaccinale de 99 % pour les maladies les plus courantes. @UNCaboVerde

Y a-t-il des leçons que Cabo Verde peut partager avec ses voisins en termes de préparation ?

Tout d’abord, les pouvoirs publics doivent s’attacher résolument à travailler selon une démarche multisectorielle. Ensuite, il faut une équipe bien préparée, prête à faire de son mieux et à élaborer suffisamment à l’avance un plan de vaccination national, avec le soutien technique des partenaires internationaux. La planification, la détermination et le leadership sont fondamentaux dans ce processus.

La Banque mondiale apporte déjà des fonds supplémentaires dans le but de soutenir le plan de vaccination national et de contribuer à l’achat de vaccins par l’intermédiaire du mécanisme COVAX, qui vise à faciliter l’accès mondial aux vaccins anti-COVID. Qu’est-ce que la communauté internationale et la Banque mondiale peuvent faire de plus pour aider les pays africains à bénéficier d’un accès abordable et équitable aux vaccins ?

La communauté internationale peut soutenir les pays africains en leur apportant ses compétences techniques et l’expérience d’autres pays pour les aider à élaborer et à mettre en œuvre leur programme de vaccination. La collaboration de la Banque mondiale dans ce processus a été remarquable. À Cabo Verde, nous avons bénéficié de discussions techniques de haut niveau, de solutions rapides et de conseils qui nous ont aidés à atteindre des jalons cruciaux et à réaliser les objectifs fixés à chaque étape. 




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