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ARTICLE 13 septembre 2018

Un pont pour souder les communautés

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Harouna Abdoulaye, vice-président du comité de concertation a’ Mandjou Ier pose fièrement devant le pont construit grâce à l’engagement de tous les villageois.

Photo: Odilia Hebga/Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • À Mandjou comme dans 360 communes du Cameroun, le gouvernement met en œuvre un programme de développement participatif destiné à impliquer les citoyens dans le développement de leur commune.
  • En définissant eux-mêmes leurs besoins prioritaires et en suivant l’exécution des projets votés, les habitants participent activement à l’amélioration de leurs conditions de vie et des finances publiques locales.
  • Le projet a déjà permis de réaliser plus de 4 000 microprojets dans l’éducation, la santé, et l’énergie.

MANDJOU Ier, le 13 septembre 2018. Théodore a 11 ans. Il traverse avec son petit frère un petit pont en bois pour aller récolter le manioc dans le champ familial, situé de l’autre côté du cours d’eau. « Ceux sont les habitants du village qui ont construit ce pont », nous explique fièrement Abdoulaye Harouna. « Nous avons tous cotisé pendant plusieurs mois pour obtenir les fonds nécessaires à sa construction. Il nous a coûté 180 000 francs CFA. »

Abdoulaye est vice-président du Comité de concertation du village de Mandjou Ier, à l’est du Cameroun, et s’il est si fier de ce pont, c’est parce que toute la communauté s’est impliquée dans cet ouvrage. Ceux sont les habitants eux-mêmes qui ont identifié ce besoin, décidé qu’il s’agissait d’une priorité pour la commune et ont pris les choses en mains pour le construire. Un pur exemple d’engagement citoyen. « Sans ce pont, c’était quasiment impossible d’accéder aux champs lorsque le niveau de l’eau montait, et les ménages qui vivent essentiellement de l’agriculture perdaient énormément d’argent. » nous explique-t-il.

Cette expérience a été encouragée par le Programme national de développement participatif du Cameroun (PNDP), financé jusqu’à présent à hauteur de 70 millions de dollars par la Banque mondiale pour promouvoir une approche communautaire du développement. Les populations sont non seulement impliquées dans l’identification des problèmes les plus urgents qui affectent leur village, choisissent ensemble des solutions pour les résoudre et améliorer leurs conditions de vie, mais elles gèrent également la mise en œuvre de ces solutions, en s’assurant qu’elles soient réalistes et durables.  

Le village de Mandjou Ier fait partie des 25 villages de la commune de Mandjou. Celle-ci centralise et coordonne les projets de développement citoyen de tous les villages dans un Plan communal de développement (PCD).

Concrètement, l’engagement citoyen comment ça marche ? À Mandjou Ier par exemple, la voix des quelque 1 150 habitants est exprimée par les trois groupes représentatifs du village (les hommes, les femmes et les jeunes) qui se réunissent régulièrement. Lors de leurs dernières réunions ils ont convenu que les villageois avaient avant tout besoin d’améliorer l’éducation, la santé et l’eau et ont décidé de commencer par la construction de deux puits d’eau et la fabrication de tables-bancs pour l’école publique. Ces deux projets prioritaires ont été inscrits dans le Plan communal de développement de la commune de Mandjou.

Mis en place en 2004, ce programme est déployé à travers tout le pays et couvre aujourd’hui l’ensemble des 360 communes du Cameroun. 91 % d’entre elles ayant eu recours à un processus participatif. « Ce projet aide les communes à améliorer la gestion des finances publiques locales », souligne Benjamin Burckhart, chargé du projet et spécialiste principal en développement social. « Le processus participatif de développement au sein des communes permet quant à lui, de garantir la fourniture d’infrastructures et de services socio-économiques adaptés, durables et de qualité. »

Une approche qui renforce également la cohésion sociale en rapprochant les villageois. Il contribue aussi à améliorer la gouvernance puisque les villageois suivent eux-mêmes la mise en œuvre des projets et micro-projets, évaluent la qualité du service public et gèrent les plaintes et doléances. À la fin de chaque projet, ce type de mécanisme permet également de mesurer facilement la satisfaction des bénéficiaires et de tirer des enseignements pour les projets à venir.

Et les résultats sont là : environ 4 000 microprojets dans les secteurs de l'éducation, l'hydraulique, l'électrification ou encore la santé ont pu être cofinancés par le programme et les communes, permettant ainsi d'améliorer les conditions de vie de plus de deux millions de personnes.



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