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ARTICLE 07 août 2018

Des routes pour ouvrir le champ des possibles : construire l’avenir des populations rurales au Maroc


LES POINTS MARQUANTS

  • Au Maroc, 54 % seulement de la population rurale avait accès à des routes praticables par tous les temps en 2005.
  • Dès 1995, le gouvernement marocain avait lancé un vaste programme d’amélioration des routes en milieu rural avec l’appui de la Banque mondiale
  • Aujourd’hui, près de 80 % des habitants des zones rurales bénéficient d’un réseau routier en bon état.

Dans un monde moderne où la technologie est omniprésente et le changement continu, il est difficile d’imaginer à quel point une route, une simple route, peut changer la vie. Au Maroc, 54 % seulement de la population rurale avait accès à des routes praticables par tous les temps en 2005. De ce fait, un grand nombre d’habitants ne bénéficiaient pas de services essentiels tels que l’éducation et la santé, pas plus qu’elles n’avaient accès à des opportunités économiques. Sans routes, aller d’un point à un autre ne se décidait pas au pied levé, tant le voyage pouvait être long, coûteux et parfois même dangereux.

En 1995, avec l’aide de la Banque mondiale, le gouvernement marocain avait lancé son Programme national de routes rurales (PNRR). Après dix ans de mise en œuvre, celui-ci avait permis d’obtenir des résultats encourageants et de mettre fin à l’isolement total de régions enclavées. Par conséquent, en 2005, le gouvernement s’est fixé des objectifs encore plus ambitieux : généraliser l’accès à des routes praticables en toute saison dans les zones rurales. Le Maroc a alors fait appel au soutien technique et financier de plusieurs bailleurs, dont la Banque mondiale qui a apporté une aide totale de 180 millions d’euros par le biais de trois prêts accordés en 2006, 2010 et 2014.

En 2005, la qualité et la fiabilité du réseau routier rural étaient très insuffisantes : de nombreuses routes étaient encore coupées pendant plusieurs jours, voire semaines en raison des conditions météorologiques, en particulier dans les régions montagneuses. Compte tenu de la faible densité de population et du mauvais état des routes, les sociétés de transport privées n’assuraient qu’un service de base et une seule desserte par jour.

Le deuxième programme gouvernemental avait donc trois objectifs : étendre le réseau de routes praticables par tous les temps à l’ensemble du territoire, combler les écarts d’accessibilité entre les provinces et mettre en place un contexte favorisant l’amélioration des services de transport dans les zones rurales. Il était par ailleurs prévu de prendre davantage en compte l’avis des populations et des autorités locales dans le choix des routes prioritaires et de leur accorder une plus grande autonomie pour gérer la mise en œuvre du programme sur le terrain.

« Notre soutien à ce programme était au cœur de notre mission de réduction de la pauvreté et de partage de la prospérité. À chacune de nos visites dans les régions bénéficiant du programme, nous constatons à quel point la vie quotidienne de la population s’améliore. Ces habitants autrefois isolés, coupés de tout et vivant dans la pauvreté peuvent désormais se déplacer, accéder aux marchés et bénéficier de services essentiels, comme aller à l’hôpital ou scolariser leurs enfants», explique Marie Françoise Marie-Nelly, Directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb. « C’est le fruit de notre engagement aux côtés du gouvernement marocain depuis plus de dix ans ».

Aujourd’hui, les résultats sont éloquents : après 13 ans de mise en œuvre, le programme a permis d’améliorer 15 500 kilomètres de routes rurales, en particulier dans les régions montagneuses les plus reculées du Maroc, portant ainsi de 54 % à près de 80 % la part de la population rurale ayant accès à des routes praticables par tous les temps. Une récente enquête menée auprès des habitants a montré que, grâce au programme, le taux de scolarisation à l’école primaire a fortement augmenté dans les régions rurales, où l’on observe notamment une progression très encourageante de 7,4 % du taux de scolarisation des filles. De même, la situation des femmes s’est nettement améliorée : elles se rendent bien plus régulièrement dans les établissements de santé et, puisque des bouteilles de gaz leur sont maintenant livrées à domicile, elles n’ont plus à s’acquitter de corvées pénibles comme aller chercher du bois pour cuisiner et se chauffer.

Outre l’impact sur les bénéficiaires, le soutien de la Banque mondiale a contribué à rationaliser le suivi de chaque phase de mise en œuvre du programme pour évaluer régulièrement les résultats ainsi que les réalisations concrètes. Les capacités institutionnelles de l’administration centrale ont également été renforcées, ce qui a permis d’améliorer la gestion et le suivi des différentes dimensions de la mise en œuvre du programme, depuis les travaux routiers jusqu’à la prise en compte des remarques et des griefs des habitants.

À la clôture du projet fin 2017, l’équipe de la Banque mondiale a pu constater l’impact positif du programme, y compris au travers de certains aspects insoupçonnés. Elle en a tiré une leçon importante, résumée par l’un des bénéficiaires : « la voie vers de nouveaux possibles commence par une route praticable en toute saison ».




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