BATTAMBANG, Cambodge – Dans le village de Tuol Ta Aek, un groupe d’enfants jouent dehors entre deux averses. Sur les maisons et les clôtures, on distingue nettement la trace laissée par l’eau lors des inondations de l’an dernier.
Kong Halimas, 53 ans, fait sa lessive dehors. « Grâce au nouveau système de drainage, nos enfants arrivent à l’heure à l’école et leurs livres ne sont plus détrempés », explique-t-elle.
Octobre marque la fin d’une longue saison des pluies ici, et de nombreuses zones, tant en ville qu’à la campagne, sont inondées. Les enfants se baignent dans les fossés et des débris obstruent un réseau de drainage insuffisant. Les tuk-tuks, ces tricycles motorisés servant de taxis, se frayent un chemin dans les rues, leurs pneus s’enfonçant profondément dans la chaussée et projetant de la boue.
Tuol Ta Aek bénéficie toutefois d’un nouveau système de canaux géré par la communauté, et cette infrastructure permet désormais au village de ne plus être inondé.
Chitembo Kawimba Chunga travaille au ministère de la Planification du développement en Zambie. Elle a fait le déplacement depuis Lusaka pour voir la résilience climatique à l’œuvre dans cette région du Nord-Ouest du Cambodge. Par le biais d’un interprète, la fonctionnaire zambienne se lance dans une discussion enthousiaste avec Kong Halimas et Chnom Somat, 67 ans, son mari, à propos des améliorations dont bénéficie le village. « Les familles m’ont dit que davantage de clients fréquentent leurs magasins, et qu’il est plus facile pour les enfants d’aller à l’école. Les gens constatent aussi qu’il y a moins de maladies transmises par l’eau », relaie-t-elle.
Une délégation zambienne de 17 membres s’est rendue de Phnom Penh à Siem Reap, puis à Battambang et Pursat, dans le but de s’inspirer d’exemples concrets de résilience climatique. Ils ont parcouru quelque 9 000 kilomètres pour venir de leur pays enclavé d’Afrique australe, et, pour nombre d’entre eux, c’était la première fois qu’ils quittaient leur continent. Représentants des pouvoirs publics, chefs communautaires, villageois : tous souhaitaient voir de leurs propres yeux la façon dont le Cambodge lutte contre le dérèglement du climat dans le cadre du Programme pilote pour la résilience climatique (PPCR) (a), que les deux pays ont rejoint en 2008.
Il s’agit du premier échange Sud-Sud de ce type pour les pays du PPCR, l’un des guichets de financement des Fonds d’investissement climatiques (CIF) (a). Ce programme (1,2 milliard de dollars) est axé sur l’adaptation et l’atténuation du changement climatique. Il gère 58 projets dans 30 pays. C’est l’un des quatre programmes clés des CIF dans 72 pays.
Phan Diev a trois enfants. Elle habite à Battambang, le long du canal qui traverse son village. Depuis quelques années, le canal débordait, charriant dans son sillage des débris laissés par la tempête. Le PPCR a financé la remise en état du canal, ainsi que d’autres projets analogues, notamment au Cambodge et en Zambie. Cette cultivatrice de riz explique que, grâce à l’amélioration de l’irrigation à partir des eaux du canal, « la production de riz de son village a doublé ».