Q. Quelles sont les contraintes pesant actuellement sur les revenus du secteur de la pêche à Oman ?
R. Oman ne s’intéresse encore qu’à la pêche à proprement parler — le poisson ramené dans les filets — dont la contribution au PIB est ressortie à 0,7 % en 2015. Or, le pays devrait prendre en considération la filière dans son intégralité : de la pêche à la vente au détail, en passant par la transformation, le transport, le commerce de gros et la commercialisation. Ce faisant, il pourrait multiplier par deux la contribution du secteur à l’économie. Son développement aurait tout à gagner d’une attention accrue accordée aux marchés (nationaux et internationaux) et d’une activité de pêche à plus forte valeur ajoutée, qui permettrait de créer des emplois, au lieu de privilégier uniquement les volumes débarqués. Actuellement, les revenus de la pêche sont minimes et volatils. L’effort de pêche est élevé, d’où un phénomène de surexploitation qui, avec le temps, se traduit par une baisse des volumes et une perte de productivité. Pour sortir de ce cercle vicieux, Oman doit, comme l’ont fait avec succès d’autres économies basées sur la pêche, gérer ses ressources halieutiques de manière à accroître durablement le niveau des revenus.
Q. Le pays étudie-t-il des solutions pour développer le secteur halieutique ?
R. En ce qui concerne la pêche, la situation d’Oman est en réalité comparable à celle d’un pays comme la Norvège. C’est pourquoi les autorités nous ont demandé d’en tirer des enseignements utiles. Le sultanat est disposé à apprendre des autres pays, développés ou en développement, et est ouvert aux meilleures pratiques, d’où qu’elles viennent. Le cas de la Norvège est intéressant parce que, au-delà de leurs différences climatiques, les deux pays ont des points communs, notamment la longueur de leurs côtes. L’expérience norvégienne nous a conduit à penser que le secteur de la pêche d’Oman pourrait s’affranchir — progressivement évidemment — de sa dépendance à l’égard de l’État et de pratiques de gestion non viables. Pour cela, ce dernier doit gagner la confiance des différents acteurs, à tous les niveaux, et leur confier des responsabilités accrues pour la gestion des ressources halieutiques côtières.
Q. Sait-on combien d’Omanais dépendent de la pêche pour vivre ?
R. On estime entre 45 000 et 50 000 le nombre de personnes dont les moyens de subsistance reposent sur la pêche ou des activités connexes. Les Omanais savent qu’à condition d’être bien gérée, la pêche peut devenir une ressource durable et pérenne qui jouera un rôle majeur dans le projet de développement et de diversification économiques que visent les autorités à long terme. De fait, notre étude nous a permis de comprendre que seule une fraction des Omanais exerce une activité de pêche à plein temps. La plupart pêchent pour leurs loisirs ou parallèlement à un autre métier.