ANTANANARIVO, le 2 février 2017─Elle a tout perdu, tout vendu. Dans sa petite maisonnée construite en bois, il ne reste plus qu’un lit de fortune sans matelas ni nattes, quelques vêtements sales et de la cendre, vestige lointain d’un repas préparé. Pas de marmites, pas d’assiette, aucun ustensile de cuisine, ni cuillère ni verre, ni seau d’eau.
Ialatsara a 40 ans et 11 enfants. Ses traits sont tirés et émaciés par près de trois années de sécheresse et de famine, ou kere, comme on dit dans le sud de Madagascar. Elle tient sa fille de 20 mois dans les bras, Natody, elle aussi très maigre et fatiguée.
Ialatsara et son mari possèdent un petit lopin de terre où ils cultivent des haricots, des patates douces et des brèdes. La pluie n’est pas tombée depuis trois ans et la terre n’a plus rien donné.
« Nous avons dû tout vendre l’année dernière. Les récoltes ont été très mauvaises, nous n’avions rien à manger, les enfants allaient à l’école le ventre vide. C’était très dur. Si nous mangions et buvions, c’était grâce aux amis et famille qui nous donnaient un peu de leur part, des feuilles de patates douces, un peu de maïs », se rappelle Ialatsara.
Mais aujourd’hui, Ialatsara sourit. Elle aura ce matin ses 60 000 ariary, l’équivalent de 20 dollars, le premier transfert monétaire qu’elle reçoit dans le cadre du Programme d’aide d’urgence face à la sécheresse octroyé par la Banque mondiale. 30 000 ariary pareront au plus pressé, calculés pour couvrir une bonne partie des dépenses en nourriture de base et diverses charges. Les autres 30 000 servent de fonds de redressement pour permettre de relancer la production agricole d’élevage et pouvoir ainsi faire face aux prochains épisodes de sécheresse.
C’est un jour qu’Ialatsara attend avec impatience depuis qu’elle a eu connaissance de ce programme d’urgence. Ses projets sont nombreux. Elle prévoit d’abord d’acheter 200 kapoks de maïs, qui nourriront sa famille pendant au moins un mois, et des poules pour ses activités de production.