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Le financement basé sur la performance : un système gagnant-gagnant pour les patients et le personnel médical

19 janvier 2017


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Awa Dia, jeune patiente ayant accouché au CSI « Le Bien-Être ».

© Alexis Boyoko/PDSS II

LES POINTS MARQUANTS
  • Depuis quelques années les centres de santé de Pointe-Noire testent le système de financement basé sur la performance.
  • Les effets positifs sont au rendez-vous avec une hausse des fréquentations et une amélioration de la qualité des soins.
  • Un système gagnant-gagnant pour le personnel soignant et les patients.

POINTE-NOIRE, le 19 janvier 2017—Assises sur un banc de la salle d’accueil du centre de santé intégré (CSI) Saint-Joseph à Pointe-Noire, capitale économique de la République du Congo, une dizaine de mamans écoutent attentivement la sage-femme les conseiller sur les soins à apporter à leur bébé, sur la nutrition et leur expliquer le calendrier de vaccination. « Ce que j’apprécie ici, c’est d’abord la propreté, et ensuite la ponctualité, la disponibilité et l’application avec laquelle les agents apportent des soins aux patients », témoigne Daïna Nkouka, jeune mère de 25 ans en consultation sur la petite enfance.

Comme 37 autres CSI conventionnés de Pointe-Noire faisant partie du deuxième projet de développement des services de santé (PDSS II) financé par la Banque mondiale, le centre Saint-Joseph a adopté le mécanisme de financement basé sur la performance (FBP). Ce dispositif permet aux structures de santé d’être subventionnées en fonction de la quantité et de la qualité des services et soins qu’elles dispensent. Pour le docteur Jean-Michel Ndzodault, directeur départemental de la santé de Pointe-Noire, « L’efficacité du FPB s’explique par le fait que cette stratégie profite aussi bien au régulateur des services, à l’agent de santé qu’au patient. Cela contribue à améliorer les conditions de vie de toute la communauté ».

Depuis la mise en place du FBP, les patients trouvent que le service est plus agréable, la prise en charge s’est améliorée, les soins sont de meilleure qualité et les campagnes collectives de d’information comme celle à laquelle assiste Daïna se sont développées. « Lorsque je viens dans ce centre, j’ai confiance parce que je sais que ma journée ne sera pas perturbée, et je suis sûre de payer le tarif affiché. Par contre, dans d’autres centres, vous perdez une journée entière parce que les agents arrivent en retard, négligent les malades, et les tarifs varient tout le temps », explique Awa Dia, jeune patiente ayant accouché au CSI « Le Bien-Être ». « Il est évident que la mise en œuvre du FBP nous a permis d’améliorer la qualité des prestations de notre centre, ce qui a rejailli sur sa fréquentation qui est passée de 60 à 180 malades par mois », constate Judycaelle Dzongo, sage-femme du centre.


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Daïna Nkouka, jeune mère de 25 ans assiste à une consultation collective sur la petite enfance

© Alexis Boyoko/PDSS II

En général, le personnel soignant a accueilli d’un œil plutôt bienveillant le FBP qui rime potentiellement avec plus d’allocations financières pour le centre de santé s’il a été suffisamment performant, davantage de matériel médical et de médicaments et davantage de formation pour améliorer la qualité des soins. « Le FBP offre une prime au mérite au personnel soignant : plus tu travailles, plus tu gagnes. Ce qui fait que le personnel est toujours motivé et donne le meilleur de lui-même », soutient Célestin Pembellot, chef du CSI Saint-Joseph. « Le FBP m’a aidé à prendre mon travail au sérieux. La prime de motivation m’aide à alléger mes frais de transport et me permet d’être ponctuelle au centre. Les évaluations et l’accompagnement dont je bénéficie me poussent à m’améliorer continuellement. Servir les patients est ma seule priorité », renchérit Stevie Moussavou, infirmière au CSI « Hôpital ».

Dans le département de Pointe Noire, les trois districts sanitaires de Ngoyo, TiéTié et Mvoumvou, sont couverts par le FBP. Ils ont tous été dotés de fonds d’investissement moderniser leurs équipements et leur plateau technique afin d’augmenter leurs capacités opérationnelles. « Nous avons acquis une vingtaine de bancs pour la salle d’accueil, un stérilisateur, des pèse-bébés, des balances, trois lits séparés de toiles pour le bloc d’accouchement et une pharmacie bien équipée. Par ailleurs, divers travaux d’aménagements des locaux sont en cours », indique Célestin Pembellot.

Mis en œuvre depuis 2015, le deuxième programme de développement des services de santé (PDSS II) s’élève à 120 millions de dollars sur une période de cinq ans dont 100 millions proviennent directement des caisses de l’État congolais. La Banque mondiale a apporté 10 millions de dollars par le biais de l’Association internationale de développement, son fonds pour les pays les plus pauvres. Cet apport est complété par un don de 10 millions de dollars du Fonds fiduciaire pour l’innovation axée sur les résultats en matière de santé, qui est financé par le Royaume-Uni et la Norvège.

L’objectif de ce projet est d’augmenter le taux d’utilisation des services de santé maternelle et infantile dans les zones ciblées et d’améliorer leur qualité grâce à l’approche de financement basé sur la performance qui donne des résultats tangibles dans de nombreux pays africains.

Testée dans sept des douze départements de la République du Congo (Brazzaville, Pointe-Noire, Niari, Bouenza, Pool, Plateaux, Cuvette) le projet couvre environ 86 % de la population totale du pays.

Le projet se concentre sur la vaccination complète des nourrissons et des enfants et le suivi de leur croissance ;  le traitement de la malnutrition ; le suivi médical des femmes enceintes et jeunes mères, le dépistage du VIH pendant la grossesse et la fourniture de traitement contre la transmission du virus de la mère à l’enfant ainsi que sur des campagnes d’informations sur les méthodes modernes de planification familiale, pour les couples qui souhaitent espacer les naissances.


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