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Les 5 axes d’action du Maroc contre le changement climatique

17 novembre 2016


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LES POINTS MARQUANTS
  • Le Maroc subit déjà de plein fouet le changement climatique, après la grave sécheresse de 2015 qui a décimé les récoltes et déprimé l’économie.
  • Pour contrer cette évolution, le pays a adopté une série de politiques vertes afin de préserver ses ressources naturelles et renforcer la résilience de l’agriculture.
  • Ces politiques s’inscrivent dans une approche triplement gagnante, puisqu’elles visent à la fois à s’adapter au changement climatique, à atténuer ses effets et à créer de nouveaux débouchés.

Le Maroc sait que le changement climatique ne le laissera pas indemne ; la seule inconnue concerne l’ampleur des dégâts. Les effets se font déjà sentir : cette année, la croissance économique est retombée à 1,5 %, plombée par la grave sécheresse de 2015. Si une mauvaise campagne agricole parvient à déprimer l’économie marocaine, comment ne pas redouter les conséquences du réchauffement de la planète sur fond d’aggravation du dérèglement climatique ?

« Le Maroc a lancé son “Plan Vert” pour affronter la menace du changement climatique », indique Marie Francoise Marie-Nelly, directrice des opérations du Groupe de la Banque mondiale pour le Maghreb. « Ce plan repose sur un scénario triplement gagnant, puisqu’il entend adapter le pays à la réalité du changement climatique, prendre des mesures pour atténuer son impact sur les populations et l’environnement et, dans le même temps, créer de nouveaux débouchés — en aidant par exemple les agriculteurs à adopter des pratiques climato-intelligentes et à accroître leur productivité mais aussi en veillant à améliorer les circuits de distribution de leurs produits. »

La préservation de l’eau accumulée naturellement dans les aquifères souterrains constitue un cas d’espèce : de nouvelles politiques protègent cette précieuse ressource tout en s’assurant que les volumes d’eau disponibles suffisent à satisfaire les besoins de l’agriculture, un secteur clé pour l’emploi. Pour Andrea Liverani, chef de programme à la Banque mondiale, les Marocains ont compris depuis longtemps l’intérêt de réglementer les forages.

Mais les progrès techniques ont eu un effet aggravant : « aujourd’hui, on peut pomper jusqu’à 200 mètres de profondeur, au lieu de 40 mètres auparavant, ce qui constitue une sérieuse menace pour les nappes phréatiques », s’alarme Andrea Liverani. Le pays doit durcir ses réglementations pour enrayer ce processus. Dans le même temps, le réseau d’irrigation a été optimisé pour permettre, grâce à l’introduction de techniques modernes comme le goutte-à-goutte, un emploi plus efficient de l’eau et pour offrir aux agriculteurs un accès plus fiable à cette ressource. Le Plan Vert prévoit également des mesures proactives pour inciter les exploitants à préférer l’arboriculture à la céréaliculture. Car, en fixant le sol, les racines des arbres contribuent à sa conservation. Cette stratégie encourage par ailleurs le semis « direct », une pratique respectueuse de l’environnement puisque les graines sont semées dans un sol qui n’a pas été labouré et qui a donc conservé tous les nutriments présents dans la couche arable.

Pour être écologiques, ces politiques peuvent néanmoins rimer avec rentabilité et attirer ainsi le secteur privé, estime Andrea Liverani.

Voici, en résumé, les cinq axes d’action sur lesquels le Maroc s’est engagé afin de tirer tous les avantages de sa triple stratégie d’adaptation au changement climatique, d’atténuation de son impact et de création de nouvelles opportunités :

  1. à l’horizon 2030, le pays devrait couvrir 52 % de ses besoins en électricité grâce à des sources d’énergie renouvelable. Parallèlement, il veut relancer l’activité puisqu’il s’est fixé un objectif de sous-traitance à des agents locaux de 35 % pour la deuxième phase des travaux de la centrale solaire à concentration NOOR ;
  2. le pays a supprimé toutes les subventions au diesel, à l’essence et au mazout lourd pour induire une utilisation plus efficiente de l’énergie et économiser des ressources, qui seront réinvesties dans la transition vers une croissance décarbonée ;
  3. le Plan Maroc Vert entend protéger l’environnement mais aussi les moyens de subsistance de tous les Marocains. L’agriculture, qui ne représente que 15 % du PIB, continue d’employer 40 % de la main-d’œuvre ;
  4. le Maroc considère que ses ressources naturelles océaniques sont aussi importantes que ses ressources naturelles terrestres et a pour cela amélioré la gestion de son littoral et favorisé le développement d’une aquaculture durable. La pêche constitue 56 % du total des exportations du pays ;
  5. le Maroc s’emploie à préserver ses aquifères souterrains, cette source naturelle d’eau douce qui se reconstitue pour autant qu’elle reste propre et intacte. C’est un pari gagnant pour l’environnement comme pour les générations actuelles et à venir.

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