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Payer maintenant ou plus tard ? Ou comment se prémunir des conséquences financières d’une catastrophe naturelle

27 septembre 2016


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Photo: Samir Jung Thapa/Asian Development Bank


La manière dont on choisit de se protéger financièrement contre les conséquences d’une catastrophe naturelle détermine le coût économique total de cette catastrophe. Dans tous les pays, le ministère des Finances reçoit de très nombreuses offres de protection financière émanant de réassureurs et de banques, mais, bien souvent, il ne dispose pas de l’expertise technique et des outils quantitatifs qui lui permettraient d’évaluer leur bien-fondé.

Les récents travaux du Groupe de la Banque mondiale pourraient lui faciliter la tâche. Un cadre intégré a en effet été élaboré et testé afin d’évaluer les stratégies de protection financière envisageables. Il ne requiert que des compétences techniques élémentaires et des données facilement disponibles. Mais ce qui le différencie des autres, c’est qu’il s’appuie sur la théorie actuarielle, économique et financière pour condenser certains des principaux avantages et faiblesses de chaque instrument financier sous la forme de nombres simples. Ce cadre permet ainsi de comparer directement les instruments et les stratégies, et d’aider les pouvoirs publics et leurs partenaires de développement à choisir une protection financière contre les catastrophes qui soit à la fois adaptée et bon marché.

Les risques ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, tout comme le contexte économique et budgétaire, ou les capacités institutionnelles de gestion des finances publiques. De plus, les instruments peuvent présenter des différences de coût, de rapidité, de précision et de flexibilité. Or, lorsque l’on définit une stratégie de financement du risque de catastrophe, tous ces éléments comptent.

Ainsi, d’après ces travaux, une analyse financière comparative et une planification précoces peuvent permettre de réaliser des économies substantielles. L’application de ce cadre à un pays d’Afrique particulièrement exposé à des épisodes de sécheresse montre que si l’on finance les coûts induits par une catastrophe en combinant réaffectation budgétaire, fonds de réserve et assurance, on peut réduire d’un quart le coût des interventions par rapport à la solution qui consiste à attendre l’arrivée de l’aide humanitaire. Et l’analyse menée dans un petit État insulaire exposé aux cyclones tropicaux indique que, sur un plan financier, l’assurance est plus de deux fois plus intéressante que les réaffectations budgétaires d’urgence. Ces recherches montrent comment évaluer et utiliser les arbitrages et les incertitudes liés aux instruments financiers afin d’éclairer la prise de décisions.

Le Programme de financement et d’assurance contre le risque de catastrophe naturelle (Disaster Risk Financing and Insurance Program) est en place dans plus de 60 pays. Il consiste à élaborer et à déployer des solutions de protection financière ex ante, ainsi qu’à en tirer des enseignements. Ces solutions sont efficaces.

Instruments financiers et budgétaires

Objectif

Instrument ex ante
(mis en place avant la catastrophe)
 
Instrument ex post
(mis en place après la catastrophe)
Rétention des risques
(modifier la manière ou le moment de versement des fonds)
Fonds de réserve ou allocation budgétaire
Ligne de crédit préventive
Réaffectation budgétaire
Hausse d’impôts
Ligne de crédit post-catastrophe
Transfert des risques
(sortir les risques du bilan)
Assurance ou réassurance classique
Produits d’assurance, de réassurance ou de dérivés indiciels
Instruments des marchés financiers

Aide post-catastrophe ad hoc

Source : Clarke et Dercon (2016).

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