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Le financement basé sur la performance : une approche prometteuse pour le secteur de la santé au Bénin

21 septembre 2016


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Echographie dans une maternité au Bénin.

Crédit photo : Projet relatif à la performance des systèmes de santé.

LES POINTS MARQUANTS
  • La qualité des soins, notamment en matière de santé maternelle, infantile et de lutte contre les maladies, s’est beaucoup améliorée dans 8 zones sanitaires du pays ayant bénéficié d’un financement basé sur la performance.
  • Mise en œuvre avec le soutien de la Banque mondiale, cette approche incite les structures hospitalières et les centres de santé à améliorer l’efficacité de leurs services grâce à un système de primes.
  • Dans la zone Zogbodomey-Bohicon-Zakpota par exemple, le nombre d’accouchements en centres de santé publics, a augmenté de 7 679 à 11 047 et celui des consultations prénatales est passé de 6 404 à 10 936 entre 2012 et 2016.

BANIKOARA, le 22 septembre 2016 ─ Alexandrine Same Ibrahima est arrivée à Banikoara, dans le nord du Bénin, avec son mari en 2014. Enceinte, son premier réflexe est de se faire suivre dans une clinique privée pour accéder à de meilleurs soins. « Lors de la première visite, j’ai été reçue par la sage-femme. Mais lors des deux visites suivantes, la sage-femme était absente et les agents qui m’ont reçue ne m’ont pas inspiré confiance », raconte-elle.

En suivant le conseil d’une amie, Mme Ibrahima a décidé de se rendre à l’hôpital public : « j’ai été agréablement surprise par la qualité des soins et par l’accueil de la sage-femme. Elle m’a reçue à chacune de mes visites et cela m’a rassurée. L’idée que je me faisais des hôpitaux publics a beaucoup changé. Tout est propre et les prix des consultations et des médicaments sont affichés, donc je sais exactement ce que je dois payer », témoigne-t-elle. 


« Avant l’intervention du projet, les personnes ne se rendaient pas dans les centres de santé, en raison d’une prise en charge peu satisfaisante. Grâce à notre travail de sensibilisations, le taux de mortalité a diminué de manière significative et nous arrivons à diagnostiquer les maladies avant qu’il ne soit trop tard  »

Winto André

Relais communautaire du village de Towe, dans la commune de Zogbodomey.

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Au Bénin, hôpitaux et cliniques ont considérablement amélioré la qualité des soins et le personnel médical est plus motivé grâce au  financement basé sur la performance.

Crédit photo : Projet relatif à la performance des systèmes de santé

Depuis 2012, le Bénin déploie des efforts importants pour améliorer la qualité des prestations sanitaires, notamment en matière de santé maternelle, infantile et de lutte contre les maladies. Avec le soutien de la Banque mondiale, à travers le Projet de renforcement de la performance du système de santé (PRPSS), le Bénin applique une nouvelle démarche pour gérer ses structures de santé, le financement basé sur la performance (FBP). Cette approche incite les structures hospitalières et les centres de santé à améliorer l’efficacité de leurs services grâce à un système de primes.

Le projet permet d’évaluer régulièrement les centres en fonction d’une grille d’indicateurs, établie pour mesurer le niveau de la qualité des prestations dans divers domaines tels que l’accueil des patients ; l’hygiène et l’assainissement ; les consultations ; la vaccination ; la planification familiale ; la lutte contre le VIH ; les interventions chirurgicales ; et la gestion financière. Si le centre reçoit un bon score, il est récompensé par une prime destinée à améliorer le plateau technique, acquérir des médicaments, mettre en place des stratégies de sensibilisation, recruter des agents spécialisés et motiver le personnel.  

« J’ai été affectée au centre de santé de Gomparou en 2014 et je suis très contente. J’ai un salaire de 40 000 francs CFA, mais tous les trois mois, lorsque nous enregistrons de bons résultats, je reçois une prime qui peut aller jusqu’à 135 000 francs. Cela m’encourage à faire toujours mieux dans la prestation des services qui me sont confiés », explique Bio Titan Rabiatou, responsable de la pharmacie à Gomparou, dans le nord-est du Bénin.

Lors d’une visite récente effectuée dans trois des huit zones sanitaires qui pilotent le programme FBR—Banikoara dans le nord du pays, Zogbodomey-Bohicon-Zakpota et Covè-Zagnanado-Ouinhi, dans le centre—des avancées significatives ont été constatées. Entre 2012 et 2016, dans la zone de Zogbodomey-Bohicon-Zakpota, les accouchements en centres de santé publics sont passés de 7 679 à 11 047, les consultations prénatales de 6 404 à 10 936 et les consultations curatives de 91 666 à 145 463. Le nombre d’enfants bénéficiant d’une vaccination intégrale est passé de 10 797 à 17 292 durant la même période.

Ces améliorations doivent également beaucoup au travail des relais communautaires, formés pour détecter les cas de maladies au sein des communautés et à sensibiliser les femmes enceintes, qu’ils réfèrent auprès des centres de santé. Ces personnes jouent un rôle essentiel au sein des communautés car ils encouragent la population à consulter le plus tôt possible.

« Avant l’intervention du projet, les personnes ne se rendaient pas dans les centres de santé, en raison d’une prise en charge peu satisfaisante. Grâce à notre travail de sensibilisations, le taux de mortalité a diminué de manière significative et nous arrivons à diagnostiquer les maladies avant qu’il ne soit trop tard », indique Winto André, relais communautaire du village de Towe, dans la commune de Zogbodomey.

Afin de généraliser l’approche FBP, des initiatives novatrices sont à l’essai pour impliquer les établissements privés. Pour le Dr Prisque Bah Nangbe, responsable de la clinique privée Ste Perpétue à Bohicon : « le FBP renforce le partenariat public-privé dans le secteur de la santé au Bénin, et exige le respect de tous les acteurs des normes et procédures en vigueur dans notre pays. Il permettra ainsi d’harmoniser les prestations, et surtout d’instaurer une plus grande discipline dans la délivrance des services. »

Même si l’utilisation des services de santé maternelle et infantile reste inégale, les collectivités locales sont convaincues de l’utilité de cette démarche. « Nous voulons faire de notre zone sanitaire un laboratoire de référence en matière de bonnes pratiques, et promouvoir la recherche de l’excellence en faisant de la pédagogie pour que chaque agent puisse donner le meilleur exemple. Nous allons conduire des évaluations individuelles des agents pour les inciter à améliorer leur performance. De plus, nos maires apprécient l’approche FBR et nous comptons sur leur appui pour mobiliser des ressources communautaires pour poursuivre notre travail », a dit Dr. Blaise Guezo Mevo, médecin coordonnateur de la zone de Zogbodomey-Bohicon-Zakpota. 

Alors que le projet de la Banque mondiale s’achèvera en juin 2017, d’autres bailleurs institutionnels soutiennent le développement de l’approche FBP au Bénin. Cette approche est en train d’être diffusée  à l’échelle nationale grâce au soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) et de la Coopération belge. 


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