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Après les ténèbres, la lumière : des raisons d’espérer pour les Afghans ultra-pauvres

22 août 2016



LES POINTS MARQUANTS
  • Pour les familles rurales ultra-pauvres, élever du bétail est un moyen de gagner sa vie et de créer de petites entreprises.
  • Le programme de ciblage des ultra-pauvres vise à faire sortir des dispositifs d’aide sociale les personnes concernées pour leur donner accès à des activités rémunératrices en lien avec des programmes de microfinance.
  • Le projet d’accès à la finance bénéficie du soutien de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds du Groupe de la Banque mondiale pour les pays pauvres.

district de Nahr-e-SHAHI, province de Balkh, Afghanistan – Bibi Gul, 40 ans, est tout sourire sous les applaudissements d’un groupe de femmes qui admirent l’animal qu’elle tient par le licol. Le dos un peu voûté, elle conduit précautionneusement sa nouvelle vache vers un mur où d’autres femmes attendent leurs bêtes.

« Je suis tellement heureuse d’avoir reçu cette vache aujourd’hui », explique Bibi Gul. « Je vais bien m’occuper d’elle, comme ça, je pourrais améliorer mon ordinaire en vendant ses veaux et son lait. » Bibi Gul partage avec neuf membres de sa famille une maison dans le village de Qezelabad, dans le district de Nahr-e-Shahi (province de Balkh). Le jour où son mari est mort, tout a basculé. Les normes sociales locales lui interdisent de travailler à l’extérieur alors qu’elle se torture l’esprit pour savoir comment nourrir ses six jeunes enfants. « Les gens ne tolèrent pas qu’une femme, surtout si elle est veuve, travaille en dehors de chez elle. C’est pour cela que je suis coincée à la maison », explique-t-elle.

Mais le programme de ciblage des ultra-pauvres est passé par là. Pour Bibi Gul, cette journée porteuse d’espoir lui permet de retrouver la lumière après une si longue période de ténèbres. Elle espère, avec son travail, pouvoir nourrir correctement ses enfants : « Mon ambition, c’est d’améliorer progressivement mon ordinaire grâce à cette vache. Si je m’en occupe bien, je pourrai peut-être monter également une petite affaire. »

Ce programme de ciblage des ultra-pauvres est un volet du projet d’accès à la finance en Afghanistan déployé dans le cadre du Mécanisme de microfinance et de soutien en Afghanistan (MISFA). Il s’agit de renforcer les capacités institutionnelles de manière à améliorer l’accès au crédit des micro, petites et moyennes entreprises locales. Le projet d’accès à la finance bénéficie du soutien de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds du Groupe de la Banque mondiale pour les pays pauvres.

À l’échelle du pays, le programme lancé en 2015 a déjà aidé 6 725 familles, dans le but de les faire sortir des dispositifs d’aide sociale et de leur donner accès à des activités rémunératrices en lien avec des programmes de microfinance. Fort des enseignements retirés des expériences pilotes et internationales, le programme propose à ses bénéficiaires un soutien pendant trois ans, qui comprend le transfert d’actifs productifs (du bétail par exemple), une formation (théorique et pratique), une allocation de subsistance (versée tous les mois en appui aux revenus) et une prise en charge sanitaire de base par des agents de santé communautaires.



« Dorénavant, en gérant mon bétail, je vais pouvoir mener une vie meilleure et, au moins, envoyer mes enfants à l’école.  »

Zainab

Bénéficiaire du programme de ciblage des ultra-pauvres, du village de Qezelabad


Créer des débouchés pour améliorer les conditions de vie

Avec le soutien de la Banque mondiale au projet d’accès à la finance, le programme de ciblage des ultra-pauvres sera déployé dans 20 autres districts de cinq provinces du pays, pour toucher 7 500 ménages d’ici sa clôture, fin 2018, soit quelque 52 500 Afghans.

Pour l’instant, il est opérationnel dans quatre districts de la province Balkh — Dehdadi, Dowlatabad, Kholm et Nahr-e-Shahi — et est mis en œuvre par une organisation non gouvernementale, Coordination of Humanitarian Assistance (CHA), officiellement mandatée par le MISFA.

« L’idée que se font les gens du rôle de la femme dans les sociétés traditionnelles a forcé bon nombre d’entre elles à rester à la maison, les privant de sources de revenus », analyse Mohammad Rashed Sekandari, le coordonnateur de CHA pour la province de Balkh. « En distribuant des têtes de bétail à ces femmes, nous leur donnons la possibilité de travailler chez elles et d’améliorer leurs conditions de vie. »

Les femmes qui, comme Zainab, n’ont pas d’autres solutions pour avoir un revenu, ont tout à gagner du programme de ciblage des ultra-pauvres. À 45 ans, veuve et mère de trois enfants, elle espère que les quatre chèvres qui lui ont été attribuées vont lui assurer un avenir meilleur.

« Avant, pour pouvoir manger, nous allions tous les jours dans le désert récupérer les grains de blé pluvial tombés par terre, après la moisson », explique-t-elle. « Dorénavant, en gérant mon bétail, je vais pouvoir mener une vie meilleure et, au moins, envoyer mes enfants à l’école. »



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