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Construire des toilettes et changer les comportements peut sauver des vies en Haïti

25 mai 2016


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istock/vichinterlang

Cette semaine, l’assainissement est à l’ordre du jour en Haïti. « Améliorer l’assainissement est l’affaire de tous. Pour chaque toilette construite, adoptée et utilisée, c'est une famille de moins touchée par le choléra et autres maladies hydriques qui causent plus de mort d’enfants de moins de cinq ans que le VIH/Sida, la malaria et la rougeole réunis. Nous ne pouvons pas ignorer cette possibilité de sauver des vies en améliorant l'accès à l'assainissement et en supportant cette nouvelle feuille de route nationale, » souligne Mary Barton-Dock, Envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti.

Plus de 100 experts et praticiens Haïtiens et internationaux sont réunis à Port-au-Prince pour travailler sur un plan d’action pour mettre en œuvre la stratégie nationale d’assainissement.  Pourquoi est-il urgent d’améliorer les comportements et les systèmes d’assainissement ? Voici quatre raisons clés pour appuyer la mise en œuvre de la nouvelle feuille de route de l’assainissement en Haïti :

Un habitant sur quatre défèque à l’air libre en milieu rural

Dans les campagnes, beaucoup d’habitants ont gardé la pratique de la défécation à l’air libre. Il y a certes un manque d’accès à des toilettes adéquates puisque seul 28% de la population a accès à des toilettes adéquates. Mais le nœud du problème, comme dans de nombreux pays reste qu’une bonne partie de la population rurale n’a pas coutume d’utiliser les toilettes même lorsqu’ils en ont. Parfois les toilettes restent fermées et ne sont utilisées que pour les invités.

L’enjeu est stratégique dans un pays où les maladies hydriques causées par de mauvaises pratiques d’hygiène et d’assainissement sont responsables de 20 pour cent des décès chez les enfants de moins de cinq ans.

Pour remédier à ce problème la Direction Nationale de l’Eau et l’Assainissement (DINEPA) a lancé, avec l’appui de la Banque mondiale, une feuille de route pour sensibiliser et inciter les ménages à construire ou améliorer leurs propres latrines. Dans ce cadre, La DINEPA n’accorde aucune subvention directe aux ménages pour l’achat de toilettes. Elle met à leur disposition des services conseils pour la construction de latrines.

Des toilettes et structures publiques difficiles d’utilisation

L’un des défis majeurs de beaucoup de villes haïtiennes est la lutte contre l’insalubrité. Haïti connait actuellement un important accroissement démographique, avec un taux d’urbanisation de 57 pour cent en 2014 qui devrait atteindre 76 pour cent en 2050. Dans ce cadre, l’installation de structures d’assainissement institutionnel dans les écoles publiques, les institutions de santé et les espaces publics tels que les marchés est indispensable.

La lutte contre l’insalubrité est en effet difficile quand les marchands de fruits et légumes qui passent plus de huit heures sur les marchés n’ont pas accès à des latrines adéquates. La situation est également dramatique dans les écoles où la plupart des institutions ont des infrastructures sanitaires généralement peu entretenues, et peu utilisées.

«  Pour améliorer cette situation, la stratégie insiste sur l’éducation et la promotion pour sensibiliser et inciter les ménages à construire ou améliorer leurs propres latrines, et sur l’installation de toilettes dans les écoles, les hôpitaux et autres établissements publiques, » a déclaré Edwige Petit, Directrice de l’Assainissement à la DINEPA.

Les trois étapes de l’assainissement « toilettes, vidange et traitement » fonctionnent mal

Il n’existe pratiquement pas de systèmes viables de collecte et de traitement des eaux usées dans le pays. Les bayakous, ou vidangeurs des égouts, descendent dans les fosses septiques sans aucune protection. Ils ne sont pas recensés, pas équipés et ne disposent que de brouettes pour évacuer les boues. Dans ce cas, il est impossible que ces déchets soient acheminés vers des centres de traitement. Un des objectifs de la stratégie sera de les incorporer dans les filières d'assainissement de façon formelle.

La grande majorité des eaux souillées est déversée sans aucun contrôle dans le milieu naturel avec des conséquences graves pour la santé et la dégradation de l’environnement. Il existe actuellement un seul site de traitement dont l’exploitation reste difficile. Les cinq autres centres qui sont en cours de construction permettent d’espérer une amélioration de la situation.

Priorité sur l’assainissement : 1 USD investi produit 7 USD en retour

Le dialogue sectoriel de cette semaine met l’accent sur le retour à l’investissement. Dans la région Amérique latine et Caraïbes, les calculs montrent que 1 USD investi dans l’assainissement produit 7.20 USD en retour, y compris des économies directes en soins de santé et gains en jours de productivité.

Les organismes internationaux financent en moyenne 60 pour cent des frais d’opérations de la Direction nationale de l'eau potable et de l'assainissement. Pour contribuer à la mise en place d‘une solution et renforcer la capacité institutionnelle, le Groupe de la Banque mondiale travaille avec les partenaires du secteur pour doter le pays d’un plan de financement durable et de long terme.

 

 

 


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