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ARTICLE 25 juillet 2018

Le Maroc met en place des systèmes d’irrigation durables pour dynamiser son agriculture

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LES POINTS MARQUANTS

  • Le rôle de l’irrigation dans l’économie marocaine est fondamental : elle est à l’origine de la moitié du produit intérieur brut agricole du pays.
  • Un programme gouvernemental soutenu par la Banque mondiale a pour but d’optimiser l’usage de l’eau et d’accroître la productivité des cultures irriguées.
  • Grâce à des systèmes d’irrigation améliorés, des agriculteurs comme Ahmed El Youssfi affichent fièrement un meilleur rendement et une hausse de leurs revenus.

Au Maroc, l’eau est rare. L’irrigation joue donc un rôle économique et social fondamental, car c’est l’une des principales sources de productivité agricole et de revenus pour la population rurale. Ainsi, alors qu’elle n’est pratiquée que sur 16 % des terres cultivées du royaume, l’irrigation génère la moitié du produit intérieur brut agricole et 75 % des exportations du secteur. Cependant, la rareté de l’eau qui s’accentue en raison du changement climatique pose des difficultés croissantes aux agriculteurs.

Afin de promouvoir un modèle d’irrigation plus durable, le gouvernement marocain a mis en œuvre un plan national pour optimiser l’utilisation des ressources hydriques et accroître la productivité de l’agriculture. Le Plan national d’économie d’eau d’irrigation (PNEEI) est soutenu par la Banque mondiale depuis 2010.

Deuxième plus grand fleuve du pays, l’Oum er-Rebia prend sa source dans le massif montagneux de l’Atlas et fournit l’eau de la moitié des grandes zones irriguées du pays. Il traverse la région de Doukkala au centre-ouest du Maroc réputée pour ses plaines fertiles. L’eau du fleuve est détournée et distribuée par un système de canaux et de canalisations que le PNEEI entend précisément moderniser pour fournir de meilleurs services aux agriculteurs. Grâce à ces travaux de rénovation, les réseaux de distribution d’eau peuvent désormais fournir de l’eau 24 heures sur 24 tous les jours de l’année (au lieu de toutes les deux semaines auparavant) et individuellement plutôt que collectivement. Ce système amélioré permet aux agriculteurs de se tourner vers des technologies plus efficaces, principalement l’irrigation au goutte-à-goutte, dont l’adoption est encouragée par un programme d’incitations promu par les autorités marocaines. Les agriculteurs ont accueilli favorablement cette initiative, car un accès plus fiable à l’eau est essentiel pour accroître leur productivité, elle-même synonyme de revenus plus élevés.

Ahmed El Youssfi est l’un de ces cultivateurs. Il possède 14 hectares de terres à proximité du village de Thnine Gharbia, dans la région de Doukkala. Ses parcelles ont bénéficié du projet financé par la Banque mondiale. « Nous avions l’habitude de puiser dans les nappes phréatiques pour irriguer nos terres, l’accès à l’eau était un luxe et, pendant l’été, nous pouvions passer des mois sans pouvoir entretenir nos terres et sans rien gagner », témoigne l’agriculteur de 52 ans. « L’irrigation au goutte-à-goutte a changé les pratiques agricoles locales. Nos économies d’eau se chiffrent à 25 % et notre productivité a fait un bond énorme. Aujourd’hui, je gagne 25 à 30 % de plus qu’avec les anciennes méthodes d’irrigation », ajoute-t-il.

Cependant, produire davantage n’est pas la seule finalité de cette initiative. Pour voir leur revenu augmenter, les exploitants agricoles doivent accéder plus largement aux marchés et à des pôles agro-industriels. C’est tout l’enjeu du Plan Maroc vert (PMV), mis en place pour promouvoir la productivité du secteur agricole et les exportations qui en découlent.

Kamel Belabbes fait partie de l’équipe d’assistance technique mise en place par la Banque mondiale dans le cadre du projet. Cette équipe est chargée de faciliter les synergies entre l’industrie alimentaire et le monde agricole dans la région de Doukkala. « Notre rôle est de créer des passerelles entre l’industrie alimentaire et les associations de producteurs », explique-t-il. Son travail et l’implication des agriculteurs ont déjà porté leurs fruits puisque la région fournit à présent des betteraves à l’industrie sucrière nationale. La production industrielle de tomates progresse également, tout comme la production laitière. Kamel précise encore : « Nous étudions actuellement le potentiel d’autres cultures locales qui pourraient intéresser le secteur agroalimentaire, comme le soja pour l’industrie des oléagineux. Cela débouchera sur une hausse du revenu des agriculteurs, tout en conférant à leur production une plus grande valeur ajoutée en réponse à la demande croissante de l’agro-industrie ».

La stratégie du Maroc en faveur du développement de son secteur agricole et agroalimentaire entend avant tout faire en sorte que les ressources en eau soient optimisées à la goutte près. Il s’agit aussi de soutenir les moyens de subsistance des agriculteurs, les emplois en milieu rural et l’accroissement de la productivité. En promouvant une gestion plus durable de l’eau, le Maroc se donne les moyens de devenir un acteur agricole de premier plan et d’accroître ses exportations vers les marchés régionaux.




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