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Kaboul : la nouvelle prospérité des habitants d’un quartier rénové

13 août 2015


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Grâce à l’asphaltage de la chaussée, les produits alimentaires vendus dans la rue sont moins exposés à la poussière et les commerçants voient leurs revenus augmenter.

Rumi Consultancy/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • Pratiquement intouchées depuis près de 50 ans, les rues poussiéreuses et défoncées de ce quartier de Kaboul viennent d’être transformées en artères modernes, avec revêtement et systèmes d’évacuation.
  • Les habitants du quartier attribuent cette amélioration au Programme de développement municipal de Kaboul, qui a engagé ces travaux d’infrastructure.
  • Mis en place par la municipalité de Kaboul avec le soutien du Fonds fiduciaire pour la reconstruction de l’Afghanistan, ce programme entend élargir l’accès aux services municipaux de base, améliorer les prestations et permettre une meilleure réaction en cas d’urgence.

KABOUL – Depuis le pas de sa porte, Mohammad Naeem admire la nouvelle chaussée asphaltée ainsi que les magasins et les autres maisons situés des deux côtés de la rue. Cet ancien combattant de 50 ans vit depuis son enfance dans le quartier de Qala-e-Zaman Khan, dans le sud-est de la capitale afghane, Kaboul. Ici, près de 10 000 familles se sont habituées à circuler sur des rues en terre. Mais cela fait plus d’un an que Mohammad observe la remise en état des rues, désormais goudronnées, et la construction de nouveaux axes routiers.

« Aucune intervention de structure n’avait eu lieu dans cette rue depuis au moins 50 ou 60 ans. Bénis soient les donateurs du projet qui s’est attaqué à ce problème », déclare-t-il.

Notre homme, l’aîné d’une famille de 10 enfants, a ouvert une épicerie à quelques mètres de chez lui voici 10 ans. Mais la poussière engendrée par la route en terre finissait toujours par recouvrir ses étals de produits alimentaires. Les autres commerçants connaissaient le même problème. « Avant que la chaussée ne soit asphaltée, une grande partie des denrées devenaient immangeables, abimées par la poussière soulevée par des véhicules circulant à vive allure », se souvient-il.

Depuis, ce problème a disparu et Mohammad Naeem a vu son revenu doubler. « Avant, je gagnais entre 4 à 5 000 afghani par mois (80 dollars). Aujourd’hui, ça peux aller jusqu’à 10 000 afghani (170 dollars) », souligne-t-il avec satisfaction.

Les autres commerçants du quartier estiment eux-aussi que la hausse de revenus dont ils bénéficient peut être attribuée à la mise en œuvre du Programme de développement municipal de Kaboul. Les améliorations infrastructurelles réalisées ici relèvent effectivement de ce programme de la municipalité de Kaboul (a). Grâce à un don de 110 millions de dollars du Fonds fiduciaire pour la reconstruction de l’Afghanistan (ARTF), ce programme vise, entre autres, à remettre en état les rues dans certains quartiers de la ville, notamment celui de Qala-e-Zaman Khan. Le programme poursuit plusieurs objectifs, comme élargir l’accès aux services municipaux de base dans certaines zones résidentielles de la capitale ; remettre à plat le système de gestion financière de la municipalité pour améliorer la prestation de services ; et mettre en place les conditions d’une réaction rapide en cas d’urgence relevant des compétences de la ville.


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Depuis que les chaussées sont asphaltées, l’accès aux services municipaux de base s’améliore et les autorités ont pu réagir à temps lors d’une situation d’urgence.

Rumi Consultancy/ Banque mondiale

« Le revêtement de la route a eu d’autres effets positifs. Le quartier est devenu plus sûr, le transport des malades vers l’hôpital est plus simple et les courses de taxi coûtent moins cher. »

Ahmad Reshad

Étudiant du quartier de Qala-e-Zaman Khan à Kaboul.

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Un déplacement à pied qui prenait entre 15 à 20 minutes avant ne dure plus que 5 minutes et les élèves sont en meilleure santé parce qu’ils respirent moins de poussière.

Rumi Consultancy/Banque mondiale

Le programme devrait bénéficier à plus de 770 000 habitants, à travers les services déployés sur quelque 1 770 hectares de terrains appartenant au gouvernement. À ce jour, le nombre de bénéficiaires directs dépasse les 310 000 personnes (plus de 100 000 grâce à la remise en état des routes et plus de 210 000 avec les nouveaux axes routiers), contre plus de 76 000 bénéficiaires indirects, dont les élèves et le personnel de plusieurs écoles et établissements d’enseignement supérieur. Environ les trois quarts de ces bénéficiaires sont des femmes et des enfants. Sans oublier les 670 000 journées de travail temporaires ainsi engendrées, au bas mot.

Près de 618 hectares ont été pour l’instant réhabilités, soit pratiquement 34 % de la superficie visée, pour un coût de 15,6 millions de dollars — et, en un an, le programme a réalisé 13,17 km d’axes routiers, pour 3,9 millions de dollars. Pour les habitants, ce sont aussi 77 km de routes locales et 121 km de canalisations collectives qui ont vu le jour. Les chantiers ont respecté des normes exigeantes, les plans techniques étant soumis à des procédures d’assurance et de contrôle de la qualité équivalentes à ce qui se fait ailleurs dans le monde.

L’amélioration des conditions de circulation a d’autres avantages

Pour Mohammad Nazir, 34 ans, ingénieur et superviseur pour le programme, un total de 2 947 mètres de routes et de rues du quartier de Qala-e-Zaman Khan ont été à ce jour asphaltés et cimentés. Le projet, qui a démarré en août 2013 et s’est achevé en juillet 2014, a coûté un peu plus de 1 million de dollars.

Il explique comment, en plusieurs points, les routes ont été élargies, de 7 à 10 mètres, ménageant de chaque côté une bande de 2 mètres pour les piétons et les évacuations. La coopération des habitants a été fondamentale pour mettre en place le projet et remodeler le quartier.

Pour les riverains, la reconstruction de la route principale et des rues adjacentes a amélioré leur quotidien, à de nombreux égards. Ahmad Reshad, un écolier de 12 ans en 6e année, se souvient de l’époque où, avec ses camarades, il devait marcher dans la boue pour se rendre à l’école voisine, ce qui l’obligeait à changer de vêtements plusieurs fois par jour.

« La route était en terre et, avec le passage des voitures, la poussière se répandait partout. Nous tombions très souvent malades. Le chemin pour aller à l’école était long et désagréable. Avant, cela nous prenait entre 15 et 20 minutes. Aujourd’hui, nous mettons à peine 5 minutes. »

Ahmad ajoute, en montrant un poste de police : « Le revêtement de la route a eu d’autres effets positifs. Le quartier est plus sûr ; et les malades peuvent aller plus vite à l’hôpital alors qu’autrefois, certains mourraient pendant le trajet. Les taxis coûtent aussi moins cher : avant, il fallait débourser 3 dollars pour venir du centre ville jusqu’ici. Depuis que la chaussée est asphaltée, ça revient à un peu plus d’un dollar. »


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