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Accompagner la Tunisie sur la voie d’un meilleur développement

14 juillet 2015


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Panneaux de signalisation routière en Tunisie

Photoman29 l Shutterstock.com

LES POINTS MARQUANTS
  • L’agrandissement des axes routiers entre les villes intérieures et les villes côtières de Tunisie permettra de désenclaver des territoires laissés pour compte.
  • L’amélioration du réseau routier témoigne de la volonté des pouvoirs publics de se mobiliser en faveur de régions qui se sentent délaissées.
  • La Banque mondiale n’avait plus mené de projet de réfection des routes en Tunisie depuis dix ans.

La Tunisie d’aujourd’hui peut-elle s’inspirer de la Rome antique ? Il y a 2 000 ans, sur le territoire de l’actuelle Tunisie, les Romains avaient bâti une route reliant les ports de la côte méditerranéenne, tandis que d’autres axes s’enfonçaient très loin à l’intérieur des terres nord-africaines.

Ces ports ont depuis été rebaptisés et des autoroutes modernes les relient, mais l’arrière-pays rural de la Tunisie est mal desservi. La Banque mondiale s’est engagée dans un projet à moyen terme de 230 millions de dollars pour élargir les axes routiers reliant les villes intérieures aux villes côtières, dans l’optique de désenclaver des régions délaissées du pays. Les travaux prendront plusieurs années, mais pourraient aider le pays à parer les chocs économiques, comme ceux provoqués cette année par deux attaques terroristes isolées qui ont mis à mal le secteur du tourisme, essentiel au pays.

Le tourisme ne représente pas moins de 7 % du PIB tunisien. Selon les estimations de la Banque mondiale, il avait déjà chuté de 22 % lors du premier semestre 2015, avant même l’attentat du mois de juin. Le Printemps arabe de 2011, qui signait la fin d’un long régime dictatorial en Tunisie, s’est accompagné d’une plus grande liberté politique. Sur le plan économique, cependant, la Tunisie est devenue une société plus inégalitaire au cours de la décennie écoulée.

Le littoral, plus riche, contraste avec la pauvreté de l’arrière-pays. Certes, les automobilistes peuvent emprunter l’autoroute entre les villes de Bizerte et Sfax, par la côte, mais dès qu’ils s’en éloignent, ils peuvent se retrouver sur des routes à deux voies bloquées par des poids lourds qui transportent des produits agricoles. (Même si la Tunisie s’est dotée d’un réseau ferroviaire, 80 % du fret transitent par la route). À elles seules, les villes côtières les plus importantes (Tunis, Sfax et Sousse) représentent 85 % du PIB et abritent la plupart des entreprises industrielles et de services. Sur la côte, les poches de pauvreté ne sont rien en comparaison de la situation dans les régions intérieures et rurales.

Aussi l’amélioration du réseau routier témoigne-t-elle de l’engagement des pouvoirs publics en faveur des zones défavorisées où les populations se sentent délaissées par le gouvernement. À l’instar du Centre-Ouest, où est située la ville de Sidi Bouzid, berceau de la révolution, et qui est le théâtre de manifestations depuis 2010. C’est la deuxième région la plus pauvre de Tunisie, avec un taux de chômage de 20 % chez les adultes. La route nationale 4 en direction de la ville de Siliana sera agrandie sur 65 kilomètres pour accueillir quatre voies, et faciliter ainsi la circulation existante tout en absorbant les flux des futures dessertes.

Le Projet des corridors de transport routier est la première opération de la Banque mondiale en faveur de la réhabilitation et de la gestion des routes tunisiennes depuis dix ans. « Le plus important, à mes yeux, c’est d’être un partenaire important du gouvernement dans sa réponse aux besoins de développement des citoyens dans les régions défavorisées», indique Vickram Cuttaree, économiste senior spécialisé dans les infrastructures. L’équipe de la Banque mondiale a consacré un an à l’étude des modalités de fonctionnement et de performance du secteur routier en Tunisie, avec le souci de trouver une base commune entre les principes qui régissent l’institution et les pratiques locales en vigueur depuis la révolution.

Deux autres chantiers de modernisation sont également prévus : une section de 56 kilomètres sur la route nationale 12, entre la ville touristique de Sousse et Kairouan, ainsi qu’un tronçon de 25 kilomètres entre des zones plus industrialisées, à la périphérie de Tunis, et le gouvernorat de Zaghouan, troisième région la plus pauvre de Tunisie.

Le projet comprend par ailleurs une composante pour l’amélioration de la sécurité routière, avec la réalisation d’ouvrages d’évacuation des eaux pluviales, de ponts, de panneaux et d’intersections plus sécurisés. Même si le taux d’accidents de la route a diminué entre 2008 et 2011, le gouvernement tunisien et l’Organisation mondiale de la santé recensent 1 200 à 2 000 victimes, qui sont majoritairement des passagers et des conducteurs de véhicules sur les axes nationaux et régionaux (par opposition aux piétons ou cyclistes renversés en ville, moins nombreux).

Ce projet devrait être le premier d’une série d’opérations importantes que la Banque mondiale destine aux zones défavorisées et sous-développées du pays.


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