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ARTICLE23 mars 2015

De grands travaux pour dépolluer le bassin du Gange

LES POINTS MARQUANTS

  • Plus de 500 millions d’Indiens vivent dans le bassin du Gange.
  • Le fleuve sacré a une valeur culturelle et spirituelle qui rayonne bien au-delà des limites de son bassin.
  • Malgré la ferveur religieuse qu’il suscite, le Gange est soumis à de vives pressions en raison de la pollution, qui met en péril sa biodiversité ainsi que la durabilité de son environnement.

 

Le Gange est le fleuve le plus important et le plus emblématique de l’Inde. Il prend sa source dans les glaciers de l’Himalaya, puis traverse cinq États dans les plaines du Nord avant de se jeter dans les eaux tumultueuses du golfe du Bengale, via le delta des Sundarbans, la plus grande forêt de mangroves au monde. Sur 2 500 kilomètres, il arrose d’immenses étendues de terres agricoles et une longue succession de villes et de villages. 

Le bassin du Gange, qui s’étend sur 860 000 km² et couvre 11 États, est le plus peuplé de la planète. Il compte plus de 600 millions d’habitants, soit près de la moitié de la population du pays, et est à l’origine de plus de 40 % de son produit intérieur brut (PIB). Ce bassin totalise plus d’un tiers des eaux de surface de l’Inde, dont 90 % servent à l’irrigation. Paradoxalement, cette région fertile est aussi celle où vivent bon nombre des Indiens les plus pauvres : plus de 200 millions d’habitants se situent en dessous du seuil de pauvreté national.

Fleuve sacré pour les hindous, le Gange a une valeur culturelle et spirituelle qui rayonne bien au-delà des limites de son bassin. Il est vénéré comme une divinité vivante et, depuis des temps immémoriaux, les Indiens convergent de tout le pays vers la multitude de villes-temples historiques qui jalonnent ses berges pour y prier et prendre des bains rituels.

La pollution du Gange

Malgré la ferveur religieuse qu’il suscite, le Gange est soumis à de vives pressions en raison de la pollution, qui met en péril sa biodiversité ainsi que la durabilité de son environnement. Une population qui ne cesse de croître, conjuguée à une urbanisation et à une industrialisation mal planifiées, nuit à la qualité de ses eaux. Aujourd’hui, le Gange est souillé par le rejet incessant d’eaux usées ainsi que par le déversement de volumes considérables de déchets solides et industriels produits sans discontinuer par les activités humaines et économiques sur ses rives.

En l’absence d’une infrastructure adaptée, et compte tenu de la piètre gouvernance environnementale et de l’expertise technique insuffisante pour gérer ces pressions environnementales extrêmes, la qualité des eaux du fleuve s’est dégradée à vive allure durant ces dernières décennies. 

Le cours principal du Gange traverse 50 villes indiennes, qui comptent presque toutes plus de 50 000 habitants. Ces villes génèrent quelque 3 milliards de litres d’eaux usées par jour, dont seule une fraction est traitée avant d’être rejetée dans le fleuve. Si les eaux usées domestiques représentent de 70 à 80 % des liquides qui sont déversés dans le Gange, les effluents industriels y ajoutent 15 % supplémentaires, et leur toxicité produit un impact de grande ampleur sur la santé humaine et celle du milieu aquatique. Qui plus est, faute d’une gestion adéquate des déchets solides dans la plupart des villes, des montagnes de détritus s’amoncellent et ne font qu’exacerber une pollution déjà omniprésente.

L’aide de la Banque mondiale

La Banque mondiale apporte actuellement son concours aux efforts déployés par les pouvoirs publics indiens pour nettoyer l’un des fleuves les plus pollués du monde. Le projet national pour le bassin du Gange (a), d’un montant d’un milliard de dollars, aide l’autorité nationale du bassin du Gange (ou NGRBA selon son acronyme en anglais) à renforcer ses capacités institutionnelles dans ce but. Il finance également des investissements d’infrastructure essentiels dans les cinq principaux États concernés : l’Uttarakhand, l’Uttar Pradesh, le Bihar, le Jharkhand et le Bengale-Occidental.

Ce projet se subdivise en deux principales composantes. La première (200 millions de dollars) appuie le développement institutionnel, lequel englobe l’opérationnalisation des institutions au niveau central et des États, un programme de communication et de mobilisation des parties prenantes, une surveillance de la qualité de l’eau et une assistance technique aux prestataires de services dans les villes ainsi qu’aux autorités environnementales. La deuxième composante prévoit un guichet de financement de 800 millions de dollars pour des investissements d’infrastructure dans quatre secteurs : collecte et traitement des eaux usées, lutte contre la pollution industrielle, gestion des déchets solides et aménagement des berges. 

Les institutions

La mission nationale pour un Gange propre (a), qui est la branche opérationnelle de la NGRBA, a été mise en place pour coordonner le programme de nettoyage du fleuve. Des groupes pour la gestion des programmes ont été créés dans les cinq États concernés. Les investissements sont mis en œuvre par diverses entités d’exécution, qui sont principalement des organisations parapubliques comme l’Uttar Pradesh Jal Nigam, la Bihar Urban Infrastructure Development Corporation, la Kolkata Metropolitan Development Authority et certains organismes urbains locaux.

Les investissements

Ce projet a pour but de combler une partie du considérable déficit d’infrastructure dont souffrent les villes riveraines du Gange. Plusieurs investissements essentiels ont été arrêtés, en premier lieu pour s’attaquer au problème des eaux usées domestiques non traitées rejetées par les villes et les villages le long du fleuve. Les travaux relatifs aux investissements dans ce domaine ont déjà commencé dans les villes de Rishikesh, Haridwar, Kanpur, Allahabad, Patna et Calcutta, ainsi que dans les petites localités qui bordent le tronçon du Gange, particulièrement pollué, qui traverse l’Uttar Pradesh. Ces investissements vont se traduire par l’installation de capacités de traitement des eaux usées de plus de 300 millions de litres par jour et par la pose de plus de 2 000 kilomètres de conduites d’égouts dans ces centres urbains. 

Ces investissements, qui capitalisent sur les enseignements des initiatives de dépollution passées, ont été pensés dans l’optique d’une viabilité à long terme. Ils donneront lieu à des partenariats public-privé prenant la forme novatrice de contrats de conception-construction-exploitation dans le cadre desquels l’opérateur privé sera tenu d’assurer la maintenance de l’infrastructure pendant 10 ans. Cette période permettra de renforcer la capacité technique et financière des prestataires de services des organismes locaux urbains à gérer le fonctionnement à long terme de ces installations. Pour éviter que cette nouvelle infrastructure ne soit sous-utilisée, tous les logements/biens fonciers seront raccordés aux réseaux d’égouts ; ces réseaux seront à leur tour reliés aux systèmes de traitement nouveaux ou existants.

L’avancement du projet

Uttarakhand : Le premier investissement réalisé dans cet État concerne un système de collecte et de traitement des eaux usées pour le nagar panchayat de Muni Ki Reti, dans l’agglomération de Rishikesh. D’autres grands investissements sont en cours d’élaboration afin de mettre un terme au rejet d’effluents liquides non traités dans le Gange depuis Rishikesh et Haridwar. Par ailleurs, une initiative prévoit de transformer les berges du Gange dans l’agglomération de Rishikesh afin de les rendre plus accessibles et de faciliter, dans cette ville de pèlerinage de première importance, les interactions avec le fleuve.

Uttar Pradesh : Dans cet État, le projet se concentre sur les villes de Kanpur et d’Allahabad, ainsi que sur plusieurs petites localités comme Bithoor, Narora et Anupshahr, qui bordent la partie du fleuve la plus polluée ; ces investissements devraient considérablement réduire la charge polluante du Gange. À Allahabad, le projet va appuyer la construction de deux stations d’épuration et de réseaux d’égouts dans quatre districts, qui desserviront près de 1,3 million de personnes.

Bihar : Patna ne compte qu’une vingtaine de kilomètres d’égouts, pour plus de trois millions d’habitants. Des investissements représentant 200 millions de dollars aideront à raccorder toute la ville à des réseaux d’égouts et à des stations d’épuration. De plus, dans le cadre d’un chantier d’aménagement des rives du fleuve, d’un montant de 40 millions de dollars, une promenade de six kilomètres sera construite et l’infrastructure publique de 21 ghats sera également modernisée (toilettes, espaces réservés aux bains, etc.).

Bengale-Occidental : Des investissements pour la gestion des eaux usées dans les villes de Halishaher, Budge Budge et Barrackpore, toutes situées dans la région métropolitaine de Calcutta, sont en cours d’élaboration. À Calcutta même, ce projet financera le nettoyage et la remise en état du Tolly’s Nullah, un canal urbain fortement pollué qui traverse le Sud de la ville. Il aidera aussi les autorités de la ville à élaborer un plan d’aménagement intégré des berges du Gange à Calcutta et Howrah.

Pollution industrielle : Ce projet a pour but de trouver des solutions pour le traitement des effluents liquides des usines de papier et de pâte à papier de l’Uttarakhand et des tanneries du pôle de Jajmau, à Kanpur.

Surveillance de la qualité de l’eau : Plus d’une centaine de stations ultramodernes de contrôle en temps réel de la qualité de l’eau seront installées le long du Gange afin de produire des données fiables. Ces stations seront gérées par le Bureau central de lutte contre la pollution et viendront étayer la réglementation et la surveillance de la charge polluante du fleuve en aidant les autorités à déterminer si la pollution provient d’une source ponctuelle ou non, et à évaluer l’impact du traitement sur la qualité de l’eau.

Ganga Knowledge Center : Le Ganga Knowledge Center, un institut de recherche de renommée mondiale qui se penche sur tous les aspects du cours d’eau, a été créé ; cet institut n’est opérationnel que depuis peu. Il a pour mandat d’effectuer des recherches ciblées et des modélisations afin d’éclairer la prise de décisions à l’échelle du bassin, de cartographier tout le bassin grâce à un système d’information géographique et de diffuser le savoir, notamment via un portail Web optimisé. 

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