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Égalité et dignité au cœur de l’édition 2014 de la Journée mondiale des toilettes

18 novembre 2014



LES POINTS MARQUANTS
  • La Journée mondiale des toilettes, le 19 novembre, met l’accent sur l’égalité et la dignité afin de faire de l’assainissement une priorité mondiale de développement.
  • La défécation à l’air libre bafoue la dignité des femmes et menace leur sécurité. Souvent, les jeunes filles renoncent à leurs études, faute de pouvoir aller aux toilettes dans l’intimité (notamment pendant les règles).
  • Au Rajasthan, en Inde, une campagne d’assainissement pilotée par les communautés cherche à limiter la défécation dans la nature en faisant appel à la fierté et à la dignité des femmes.

Tous les jours, Kesar part chercher un coin isolé dans les champs, autour de son village, pour faire ses besoins. Cette mère de sept enfants, âgée de 50 ans, parcourt parfois plusieurs kilomètres un seau à la main avant de trouver un endroit suffisamment abrité des regards. « Je n’ai pas le choix », explique-t-elle. « Il faut bien que je me soulage ».

Deux milliards et demi de personnes dans le monde n’ont pas accès à des systèmes d’assainissement améliorés et 1 milliard continuent de déféquer à l’air libre. Pour les femmes comme Kesar, cette pratique nuit à leur santé mais bafoue aussi leur dignité et leur fait courir des risques. Sans compter que, faute d’installations adéquates dans les écoles, les filles renoncent souvent à faire des études.

Au Rajasthan, les familles rurales pratiquent la défécation à l’air libre depuis des générations. L’enjeu de l’assainissement dans cet État est particulièrement écrasant, ne serait-ce qu’à cause du poids de cette tradition séculaire mais aussi du caractère désertique de la région. À Bikaner, l’un des 33 districts du Rajasthan, le recensement de 2011 a confirmé que 70 % de la population locale déféquaient dans la nature. Pourtant, les choses sont en train d’évoluer, pour le meilleur.

La coordinatrice du district (un poste dont le titulaire est nommé par l’État), Arti Dogra, savait qu’en dépit des difficultés, il fallait s’atteler à cette tâche. Avec ses collègues, elle a réfléchi à la manière de remédier à cette situation. Elle en est ainsi venue à se rapprocher du Groupe de la Banque mondiale, par le biais du Programme mondial pour l’eau et l’assainissement, qui a fourni une assistance technique à ce qui est devenu une campagne de la communauté pour la communauté, qui s’appuie sur le ressort de la fierté et de la dignité des femmes, des familles et des villages tout entiers.

Baptisée « Banko Bikano » (« magnifique et courageux Bikaner »), la campagne, qui relève du programme phare d’assainissement du gouvernement central, a commencé par former les responsables de la communauté afin qu’ils disposent des compétences devant leur permettre d’infléchir les comportements de leurs semblables. Un animateur formé, issu de la communauté, a discuté avec ses voisins et voisines des problèmes de santé découlant de la défécation à l’air libre et des atteintes à la dignité et à la fierté. Il a aussi expliqué comment les matières fécales contaminent l’eau et les aliments consommés. Ce processus préalable de formation a permis à de nombreux habitants du district de se poser comme défenseurs de la campagne. La nouvelle s’étant répandue, des communautés entières se sont mobilisées pour mettre fin à la défécation à l’air libre. Soucieuse d’entretenir cet élan, elles ont aussi soutenu la construction de toilettes pour les habitants les plus démunis — une évolution rendue possible par l’accent mis sur la dignité de l’ensemble du village et non pas uniquement de chaque individu.



« La construction des toilettes a radicalement changé la donne. Il y a beaucoup moins de maladies. Les gens sont en meilleure santé et il n’y a plus autant de problèmes liés à l’assainissement qu’avant. »

Archana

Infirmière


Par ailleurs, la campagne a mis en place un mécanisme de suivi, pour veiller à la pérennité des progrès et à l’utilisation des nouveaux sanitaires. Le district de Bikaner a ainsi testé une application mobile qui permet de vérifier que les communautés continuent effectivement de bannir la défécation dans la nature. Ce dispositif, qui s’appuie sur des photos et des coordonnées GPS, fournit des informations fiables que l’on peut analyser en temps réel. Une équipe de vérificateurs indépendants a été mise en place, qui réunit des journalistes, des étudiants et des membres d’organisations non gouvernementales.

Les résultats ont été quasi immédiats. Le premier village à avoir éradiqué la défécation dans la nature y est parvenu en quelques semaines après le début de la campagne. En 10 jours, les habitants ont construit plus de 500 toilettes améliorées. Le principe était le suivant : la construction devait être gérée par les usagers eux-mêmes, afin qu’ils conçoivent les sanitaires dont ils ont besoin et en fonction de leurs moyens, plutôt que d’accepter des modèles uniformisés.

« La construction des toilettes a radicalement changé la donne. Il y a beaucoup moins de maladies. Les gens sont en meilleure santé et il n’y a plus autant de problèmes liés à l’assainissement qu’avant », analyse Archana. Cette infirmière rappelle qu’elle pouvait traiter jusqu’à 50 patients par mois, le plus souvent des enfants, pour des maladies à transmission oro-fécale. Depuis que le village a banni la défécation à l’air libre, elle n’en voit guère plus qu’un ou deux.

Les premiers soutiens à la campagne Banko Bikano ont été les femmes et les filles, qui sont venues en masse à chacune des réunions et ont joué un rôle déterminant dans la construction de toilettes pour leur famille.

Parmi ses axes d’intervention prioritaires, le pôle Eau du Groupe de la Banque mondiale s’attache précisément à préserver l’égalité et la dignité de chacun, notamment des femmes et des filles.

Dignité et égalité sont aussi les maîtres mots de la Journée mondiale des toilettes, le 19 novembre 2014.



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