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La simplification des démarches aide les entrepreneurs tunisiens à sortir de l’économie souterraine

05 septembre 2014


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LES POINTS MARQUANTS
  • Zoom sur un petit web designer tunisien qui travaillait au noir pour se soustraire à l’impôt, à l’instar de nombre de ses clients de taille pourtant plus importante…
  • … jusqu’à ce qu’un contrat particulièrement lucratif avec une société turque l’obligeant à officialiser son activité ne le pousse à reconsidérer sa situation.
  • Aujourd’hui, la création d’un guichet unique et la simplification des procédures facilitent considérablement l’immatriculation des entreprises, au détriment de l’économie souterraine.

Lorsque ses parents sont au travail et ses petites sœurs à l’école, Samir étale ses essais de design sur la table de la salle à manger familiale. Sinon, il s’installe dans sa « zone d’activité professionnelle », installée dans sa chambre à coucher...

Samir (le nom a été changé) s’est mis à la conception de sites web afin de couvrir les frais de sa formation pour devenir pilote professionnel. Il s’est associé à deux camarades d’université et, ensemble, les trois anciens étudiants en marketing et web design offrent des services en publicité.

Dans ce secteur encombré, ils veillent à maintenir compétitifs leurs tarifs et travaillent tous de chez eux. Il y a quelques mois, ils facturaient leurs services dans une fourchette comprise entre 600 et 1 200 dinars (soit 350-710 dollars).

Au départ, leur petit business n’était pas déclaré : ils travaillaient dans la « clandestinité », raconte Samir, avant d’ajouter fièrement qu’ils avaient pour clients des « entreprises convenables » et que leur activité était profitable. 



« Après tout, il y a des sociétés qui gagnent des millions et qui ne payent pas d’impôts.  »


La position relativement tolérante de la Tunisie en matière de fiscalité a aidé des start-up comme la leur, explique Samir : « Ça donne plus de liberté. Tu te dis ‘c’est une petite entreprise, personne ne va me repérer’. Après tout, il y a des sociétés qui gagnent des millions et qui ne payent pas d’impôts. »

Du reste, ses clients tunisiens étaient visiblement nombreux à ne pas payer d’impôts non plus puisqu’ils ne leur demandaient pas de factures… Finalement, c’est un contrat avec un exploitant d’aéroport turc qui leur a donné l’impulsion dont ils avaient besoin pour régulariser leur activité. Avec ce client turc, « tout a été réglo, de A à Z ».

Pour Samir, il était temps de passer la vitesse supérieure : « Déclarer son entreprise, cela signifie avoir un logo et pouvoir pratiquer des tarifs plus élevés ». Cela veut dire aussi élargir sa clientèle.

Le jeune homme a été agréablement surpris de la facilité avec laquelle il a pu enregistrer sa société au début de l’année 2014. L’antenne de l’Agence de promotion de l'industrie et de l'innovation à Tunis dispose désormais d’un guichet unique qui simplifie considérablement les démarches.

« Des amis qui ont lancé leur société il y a trois ou quatre ans, avant la révolution, m’ont dit que c’était très compliqué », confie Samir. « C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’ai mis du temps à créer la mienne, à cause de l’idée que je me faisais de l’administration tunisienne. » 

Cet article est le premier d'une série consacrée à la Revue des politiques de développement, intitulée The Unfinished Revolution: Bringing Opportunity, Good Jobs and Shared Prosperity (à paraître). Il s'agira de la première analyse complète de l'économie tunisienne après la révolution de 2011.



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