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Les ministres africains misent sur le secteur privé et l’intégration régionale pour accélérer la croissance

13 avril 2014


LES POINTS MARQUANTS
  • Les ministres africains font appel aux investisseurs privés de leur pays et d’ailleurs.
  • L'Ouganda s'apprête à raffiner son pétrole et à torréfier son café sur son propre territoire.
  • Un fonds de développement des infrastructures est en cours de mise en place dans de nombreux pays d'Afrique.

WASHINGTON, 13 avril 2014 - Les pays d'Afrique continuent d'enregistrer une croissance  vigoureuse, et un certain nombre d'entre eux se préparent même à fabriquer des produits finis à partir des matières premières qu'ils produisent sur leur territoire. 

Tel a été en substance le message délivré par les représentants de plusieurs pays africains lors de leur conférence de presse du 12 avril, à l’occasion des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI.

Aux côtés des ministres des Finances du Tchad, du Mozambique et de l'Ouganda, figurait aussi le gouverneur de la Banque centrale de Djibouti.

La ministre ougandaise des Finances, de la Planification et du Développement économique a ainsi annoncé que son pays s’apprêtait à se doter de sa première raffinerie de pétrole : « Nous allons construire une raffinerie qui fournira des produits pétroliers à tous les pays d'Afrique de l'Est », a indiqué Mme Maria Kiwanuka.

De même, concernant la production de café : « Nous mettons tout en œuvre pour disposer d’usines de torréfaction sur le territoire national. » Ce que vise l’Ouganda, c’est de cesser de devoir importer d’un autre pays du café torréfié à partir des graines qu’il a lui-même produites », a expliqué la ministre.

De nombreux pays d’Afrique affichent une croissance flamboyante. Parmi eux, les quatre pays représentés à cette conférence de presse constituent un bon échantillon des taux de croissance observés sur le continent.

Le Tchad croît actuellement au rythme de 8 %, mais mise sur une croissance à deux chiffres en 2013 du fait de la mise en production de deux nouveaux gisements pétroliers cette année. Le Mozambique, dont la croissance économique s'est maintenue au-dessus de la barre des 7 % au cours des dix dernières années, table sur 8 % en 2014, tandis que l'Ouganda devrait enregistrer des taux de 5,7 % et 6 % en 2014 et 2015. Quant à la croissance économique de Djibouti, elle se situe autour de 5 %. 

Selon le ministre des Finances du Mozambique, les pays d'Afrique subsaharienne se sont focalisés, ces dix dernières années, sur leur développement économique, ce qui a permis à nombre d'entre eux de se classer parmi les économies les plus dynamiques au monde. 

« De telles performances ont permis à de nombreux pays d’accroître leur développement et de mieux partager leurs gains de prospérité », a ajouté M. Manuel Chang.

Le ministre tchadien des Finances et du Budget a pour sa part souligné l'importance des partenariats public-privé (PPP), sachant que l’on ne peut pas tout attendre de l'État. « Nous savons que la croissance économique et la création d'emplois sont l’affaire du secteur privé », a insisté M. Bedoumra Kordje.

 


« « Nous mettons tout en œuvre pour disposer d’usines de torréfaction sur le territoire national. » Ce que vise l’Ouganda, c’est de cesser de devoir importer d’un autre pays du café torréfié à partir des graines qu’il a lui-même produites ». »

Maria Kiwanuka

Ministre des Finances de l'Ouganda

Sur cette question, le gouverneur de la Banque centrale de Djibouti, M. Ahmed Osman Ali, a décrit la stratégie de son pays pour attirer les investisseurs : « Nous nous efforçons depuis plusieurs années d'encourager les investissements directs étrangers en améliorant la législation, les garanties et la transparence ». Et de noter que « ces efforts portent leurs fruits : nous bénéficions d’investissements dans les télécommunications, les transports, la construction et la gestion portuaire. »

Le rôle de l'intégration régionale ainsi que la nécessité de répondre aux besoins de l'Afrique en matière d'infrastructures ont occupé une place centrale dans les discussions. Comme l’illustre le témoignage de la ministre ougandaise au sujet de la Communauté d'Afrique de l'Est, qui rassemble le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie.

« Sur le plan régional, nous collaborons avec les autres pays d'Afrique de l'Est pour améliorer les routes, les voies ferrées, et les ports intérieurs et extérieurs, ainsi que pour financer la production pétrolière », a-t-elle expliqué, en ajoutant que « le protocole de l'Union monétaire d'Afrique de l'Est a été ratifié par les chefs d'État de nos cinq pays à la fin de l'année dernière ». 

Selon Mme Kiwanuka, cette intégration renforcée, qui représentera une population de 150 millions d’habitants et un PIB de plus de 100 milliards de dollars, permettra de pérenniser la croissance économique et de générer des gains d'efficacité grâce aux synergies et économies d'échelle.

Le gouverneur de la Banque centrale de Djibouti a quant à lui mis en avant l’utilité des installations portuaires djiboutiennes pour les États voisins : « Le nouveau port en eau profonde que nous avons construit il y a quelques années a dopé l'économie, contribué à améliorer le développement en Éthiopie et favorisé les exportations d’autres pays voisins ». 

Le danger d’une trop grande dépendance vis-à-vis du pétrole a également été abordé par les ministres, qui ont unanimement et résolument prôné la diversification des économies.

Enfin, M. Chang a annoncé la tenue d’une prochaine conférence internationale qui se déroulera les 29 et 30 mai prochains sous l’égide du Mozambique, en collaboration avec la Banque mondiale et le FMI. Cette manifestation, qui réunira notamment « tous les gouverneurs de la Banque mondiale et du FMI, aura pour objectif d'analyser les ressorts de l’actuel essor économique de l'Afrique ».


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