Lancé en 2005 et achevé en juin 2013, ce programme avait pour objectif d'aider le ministère de l'Enseignement supérieur à rétablir progressivement le fonctionnement de base d'un noyau d'universités afghanes. Il a initialement bénéficié d'un financement de 40 millions de dollars pour aider six universités (Kaboul, Balkh, Hérat, Kandahar, Nangarhâr et l'université polytechnique de Kaboul). Il a essentiellement porté sur les infrastructures physiques et des améliorations touchant au renforcement des capacités du personnel, aux programmes et aux équipements. Un financement supplémentaire accordé en 2010 a permis d'intégrer six autres universités (Bâmiyân, Khost, Takhâr, Djôzdjân, Al-Beroni et l'université des sciences de l'éducation de Kaboul).
Hafiz Dost, ingénieur en génie civil faisant partie du bureau du programme au ministère de l'Éducation afghan, a été en charge de la reconstruction des bâtiments de la faculté des sciences de l'université de Kaboul. Il se souvient de l'ampleur effrayante de cette tâche. « Les bâtiments avaient été ravagés par les bombardements. Les briques elles-mêmes avaient été réduites en miettes. Par endroits, le toit avait même disparu. Il ne restait vraiment plus grand-chose, mais nous étions déterminés à tout reconstruire de la bonne manière », explique-t-il, tout en parcourant un album photos témoignant de l'étendue de la dévastation passée et des opérations de reconstruction.
Une faculté excellente
En 1968, des architectes allemands ont conçu le bâtiment principal de la faculté, qui abrite les salles de cours et les laboratoires de chimie, raconte M. Dost. Les cours de physique, de biologie et de mathématiques ont lieu dans un autre bâtiment voisin, qui n'a pas été autant endommagé.
L’ingénieur appréciait particulièrement les lignes modernes et épurées du bâtiment de chimie qui a été dévasté. « C'était un bon bâtiment, très robuste, qui méritait d'être sauvé, et nous avons fait de notre mieux », affirme-t-il.
En 2009, le programme a débloqué un financement de 1 million de dollars pour le chantier, mais M. Dost est parvenu à le boucler sans utiliser tout le budget, pour environ 861 500 dollars, explique-t-il. « Nous avons cependant veillé à utiliser des matériaux de bonne qualité, comme par exemple du marbre et du granite pour les sols, et de l'aluminium pour les encadrements de fenêtres. Ce lieu le mérite, et les étudiants aussi. »
Aujourd'hui, environ 1 500 étudiants suivent un cursus scientifique dans les deux bâtiments de la faculté. Ils ne représentent qu'une fraction des 20 000 jeunes qui ont postulé l'an dernier, explique le doyen de la faculté des sciences.
« Bien entendu, si nous avions plus de place, nous pourrions accueillir deux ou trois fois plus d'étudiants. Et notre pays a vraiment besoin de ces personnes. Je le répète constamment à mes étudiants, mais aussi aux représentants des pouvoirs publics : pour bien bâtir un pays, il est impératif de soutenir les disciplines scientifiques. »
Dans les bâtiments fraîchement rénovés de la faculté, les étudiants acquièrent les compétences nécessaires pour devenir ingénieurs ou enseignants dans l’industrie manufacturière, la banque, le secteur public ou les ONG, explique M. Taniwal.
« C'est grâce à la science que nous avons des médicaments et des téléphones mobiles. C'est elle qui rend notre vie possible et la facilite. Et nous pouvons atteindre ces objectifs parce que nous disposons de salles de classe et de bâtiments consacrés à l'enseignement. Si j'ai consacré toute mon énergie à faire en sorte que cette faculté atteigne l'excellence, comme dans n'importe quel pays développé, c'est parce que la science est la clé de tout. »
Le programme a fourni des équipements de laboratoire, des produits chimiques et d'autres fournitures destinées aux expériences scientifiques. Néanmoins, ces éléments restent difficiles à se procurer et sont fréquemment en rupture de stock, souligne M. Taniwal, en rappelant l’histoire de la faculté.
Les sciences ont été la troisième discipline, après la médecine et le droit, à intégrer l'université, il y a de cela plus de 80 ans. L'université a ouvert ses portes aux étudiants pour la première fois en 1932, sous le règne de Mohammad Nadir Shah. Ça n'est que lorsque la guerre civile a interrompu les cours que le personnel de la faculté et les étudiants ont pris la fuite. Lorsque les talibans ont pris le pouvoir en 1996, quelques étudiants de sexe masculin ont été autorisés à revenir : « Je me souviens que le cours de chimie de 4e année ne comptait qu'un seul étudiant, et les autres seulement trois. Bien entendu, les filles n'étaient pas admises. »
Partenariats avec des universités étrangères
Aujourd'hui, 40 % des étudiants de la faculté des sciences sont des femmes. Fatima Siddiqi, 21 ans, diplômée en mathématiques, figure parmi les lauréats les plus récents. Diplôme en main, elle a profité d'une pause — elle enseigne depuis peu dans un prestigieux lycée pour filles de la région — pour revenir à la faculté faire signer le précieux document à M. Taniwal.
« Je trouve tout cela très enrichissant. J'adore être enseignante. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi de faire des études scientifiques », s'enthousiasme Fatima. Elle ajoute que sa famille l'a toujours encouragée dans ses études. Sa mère est enseignante et son père employé du gouvernement. L'un de ses frères étudie l'informatique, un autre la psychiatrie, et sa sœur est aux États-Unis.
Fatima explique qu'elle vient d'obtenir une bourse pour terminer son master en Égypte. « Mes parents pensent que les études sont importantes et veulent que chacun de leurs enfants réussisse. »
Un autre jeune diplômé, Rajab Akbari, 25 ans, a décroché récemment un poste important au ministère de l'Intérieur, et participe au lancement d'un nouveau système de cartes d'identité électroniques.
Ses parents sont des agriculteurs illettrés vivant dans la province de Bâmiyân, dans le centre de l'Afghanistan. « Mes parents sont très contents que j'aie pu terminer mes études », explique Rajab. « Ils n'ont pas eu cette chance. Et je pense que si je n'avais pas réussi à étudier dans cette faculté, je n'aurais moi non plus pas pu faire grand-chose. »