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La Mongolie bâtit son avenir sur la jeunesse et la lecture

19 septembre 2013



LES POINTS MARQUANTS
  • Un projet soutenu par la Banque mondiale a contribué à la création de bibliothèques dans les classes des 383 écoles primaires rurales de Mongolie.
  • L’intégration de la lecture dans le programme scolaire a permis d’améliorer la qualité globale de l’enseignement primaire.
  • Ces investissements visant à améliorer l’enseignement faciliteront l’acquisition de compétences par les jeunes et la diversification de l’économie — deux facteurs clés pour une croissance durable sans exclus.

Depuis que la Mongolie s’est mise à exploiter la richesse de son sous-sol, elle connaît une croissance sans précédent mais aussi de nouveaux défis. Alors, pour préparer les enfants à y faire face, l’école doit avant tout faire en sorte qu’ils maîtrisent la lecture. Or, dans les zones rurales, cela implique de rattraper un retard considérable.

À partir du début des années 1990, et de la transition du pays vers l’économie de marché, la situation de l’école en milieu rural n’a cessé de se dégrader, tant au niveau des chiffres de la scolarisation que de la qualité des supports d’apprentissage. Les autorités de Mongolie ont engagé plusieurs programmes pour améliorer le système éducatif national, dont le projet d’éducation et de développement des zones rurales (READ) (a), soutenu par la Banque mondiale. D’une durée de sept ans (2006-2013), cette opération a ciblé l’enseignement primaire et a bénéficié d’un don de 5 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA).

« L’appui à la maîtrise de la lecture est primordial pour permettre aux jeunes de Mongolie de développer leur potentiel et acquérir les compétences dont ils aurons besoin pour aider leur pays à diversifier son économie », explique Axel van Trotsenburg, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Asie de l’Est-Pacifique. « La Banque mondiale s’engage à approfondir sa collaboration avec la Mongolie afin d’instaurer une croissance plus durable et inclusive et d’offrir à tous des débouchés. »

Atteindre toutes les écoles rurales

Avant 2006, les écoles primaires rurales de Mongolie n’avaient pratiquement aucun livre à leur disposition. C’est pour combler cette lacune que le projet READ a contribué à la création de bibliothèques dans ces établissements, sur tout le territoire.

À l’école primaire du district de Mörön, une des institutrices, N. Enkhpurev, raconte comment les livres ont développé l’amour de la lecture chez ses élèves : « Ceux qui n’aimaient pas lire avant peuvent désormais passer des journées entières à la bibliothèque. Ils ont été piqués par le virus de la lecture ! ».

Ces lecteurs assidus sont ensuite encouragés à raconter ce qu’ils ont lu à leurs enseignants, à leurs camarades et à leurs parents. Pour s’aider, ils créent leurs propres petits livres à partir de leurs lectures. Puis, progressivement, les « auteurs en herbe » finissent par écrire sur leur propre vie.

Baatardorj est en 4e année. Le soir après les cours, quand il regagne la yourte familiale, la ger, il sort le petit livre qu’il vient de fabriquer et lit l’histoire à son père : « Là, je suis en train de garder les moutons. Et là, c’est la maison en pierres que j’ai fabriquée ».

Les bibliothèques proposent des livres remplis de références à la culture locale et aident ainsi les petits Mongols à s’approprier le patrimoine du pays. Pour les encourager à enrichir leur imaginaire en dehors de l’école, le projet READ a également popularisé le système des « sacs de livres » : chaque écolier peut emporter des livres à la maison et les faire découvrir à sa famille. Dès qu’il est arrivé au bout de son stock, il rapporte le sac à l’école et l’échange contre un autre.

Autre retombée du projet : les familles se sont mises à acheter davantage de livres. « La superficie de la Mongolie équivaut à peu près à la moitié de celle de l’Inde mais c’est le pays à la plus faible densité de population au monde », rappelle Prateek Tandon, responsable de l’opération à la Banque mondiale. « Alors, poursuit-il, nous avons introduit un système de bons d’achat, qui permet aux habitants de commander de nouveaux ouvrages par la poste. »

Ce système d’expédition a connu un succès immédiat, satisfaisant la soif de lecture des populations rurales après deux décennies de privations.


« Ceux qui n’aimaient pas lire avant peuvent désormais passer des journées entières à la bibliothèque. Ils ont été piqués par le virus de la lecture !  »

N. Enkhpurev

Institutrice à l’école primaire du district de Mörön

Enseigner la lecture autrement

En plus de mettre des livres à disposition, le projet READ a formé les enseignants à l’utilisation de ces supports et à l’intégration de la lecture dans le programme scolaire.

L’organisation des classes a été revue, avec les pupitres installés face à face, et les enseignants circulent au milieu des élèves, au lieu de les dominer de tout leur haut. Et la pédagogie privilégie les jeux de rôle et les scénettes, ce qui facilite les échanges et l’expression individuelle en classe.

« Avant, nous n’avions pas le droit de nous lever ni de nous déplacer dans la classe. C’était nettement moins drôle », raconte Jalamjav, un élève de 3eannée à l’école primaire du district de Dadal. « Maintenant, nous pouvons bouger et discuter entre nous librement. Nous faisons nos devoirs ensemble. J’aime bien ça. »

Pour améliorer encore le niveau de lecture des élèves, les « grands livres » ont fait leur apparition. Rédigés de concert par les enseignants et les élèves, pendant la classe, à partir d’histoires dénichées dans les livres de la bibliothèque, ces récits sont inachevés, pour faire travailler l’imagination des enfants : ils se terminent par un immense point d’interrogation.

« À chaque fois que nous créons un grand livre, mes élèves rivalisent de propositions pour inventer une nouvelle fin », explique D. Purevjargal, un instituteur de l’école primaire du district de Mörön.

L’intégration de la lecture dans le programme scolaire a permis de rehausser la qualité globale de l’enseignement primaire. « Les enseignants relèvent une amélioration des aptitudes en général. Les enfants font moins de fautes d’orthographe et ils sont plus à l’aise dans l’expression de soi », analyse D. Khishigbuyan, coordonnateur du projet READ en Mongolie.

Ces méthodes pédagogiques ont suscité un tel engouement que les écoles normales publiques du pays les ont intégrées dans leur cursus pour s’assurer que les futurs enseignants les maîtrisent avant de débuter leur carrière.

Étendre l’expérience aux écoles urbaines

La Mongolie connaît aujourd’hui une croissance économique parmi les plus fortes du monde. Son avenir est sa jeunesse, et les autorités, soucieuses de pérenniser cet essor, redoublent d’efforts pour améliorer le système éducatif du pays.

« La réussite dans les écoles rurales a été telle que le gouvernement a décidé de reproduire l’expérience aux écoles urbaines, en s’appuyant sur les mêmes recettes : les bibliothèques et la pédagogie », déclare le ministre de l’Éducation, L. Gantumur.

Bilan du projet READ en 2013 :

  • 3 560 classes dans 383 écoles des 21 provinces de Mongolie ont reçu 160 livres chacune.
  • 4 549 enseignants ont été formés aux méthodes READ.
  • 130 000 enfants ont utilisé les bibliothèques de leur classe.
  • 200 000 petits livres ont été fabriqués par les enseignants et les élèves.
  • 10 000 grands livres ont été rédigés et utilisés en classe.

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