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Viet Nam : des cours personnalisés facilitent la scolarisation d’enfants issus des minorités ethniques

04 septembre 2013



LES POINTS MARQUANTS
  • Dans les régions reculées du Viet Nam, les élèves issus des minorités ethniques ont du mal à suivre les cours parce qu’ils ne parlent pas vietnamien, la langue officielle d’enseignement.
  • Grâce à un projet administré par la Banque mondiale, des classes bilingues et des supports de cours adaptés rendent l’école à la fois plus pertinente et plus agréable pour ces élèves.
  • Parents et membres de la communauté se joignent aux élèves et aux enseignants pour construire des bibliothèques interactives, élaborer des supports de cours, rénover les installations et améliorer ainsi les conditions d’apprentissage

Dans les villages reculés des provinces de Yen Bai, Dien Bien et Quang Tri, au Viet Nam, de nombreux enfants issus des minorités ethniques n’aimaient pas aller à l’école. Ne parlant que leur dialecte local et non le vietnamien – la langue officielle d’enseignement du pays – ils avaient du mal à suivre. Très souvent, les enseignants devaient venir les chercher, maison après maison, pour les persuader de venir à l’école.

Mais ça, c’était avant. Depuis 2010, les effectifs scolaires ne cessent de grossir. Certains écoliers arrivent même avant le début des cours, pour profiter des bibliothèques flambant neuves.

« J’aime bien aller à l’école, parce que je peux lire des livres sous la maison champignon [la bibliothèque extérieure] », raconte un élève de 4e de l’école Nam Lanh à Van Chan, dans la province de Yen Bai. « Et puis, les enseignants passent avec un chariot rempli de livres d’histoires où on peut choisir celui qu’on veut ».

Lancé en 2010, le Projet d’amélioration de la qualité de l’éducation de base pour les enfants des minorités ethniques dans trois provinces défavorisées du Viet Nam permet à quelque 31 000 élèves de 49 écoles primaires de bénéficier d’une approche plus concrète de l’apprentissage.

Soutenu par le Fonds japonais pour le développement social, ce projet est administré par Save the Children et la Banque mondiale. Des auxiliaires pédagogiques sont là pour expliquer le cours aux élèves dans leur dialecte et, dans certains cas, le vietnamien est enseigné comme deuxième langue. Cette stratégie aide les enfants à suivre plus facilement à l’école.

Grâce au coup de main de leurs enseignants, les élèves créent des livres personnalisés avec leurs mots, leurs peintures ou leurs dessins. Le contenu ayant un lien avec leur quotidien, ils prennent un immense plaisir à lire et améliorent ainsi considérablement leur niveau en vietnamien.

Pour rendre l’apprentissage plus amusant, des costumes ethniques, des accessoires récupérés de festivals et des instruments de musique sont exposés dans les classes, qui servent à illustrer l’histoire locale et à raconter avec humour la vie des communautés, devenant de véritables supports à l’enseignement et à l’apprentissage.

Cette idée est née de la volonté de remplacer le système actuel, basé sur le par-cœur, par des classes plus interactives. Résultat, les élèves ont moins de mal à apprendre et travaillent plus volontiers avec les enseignants.


« J’aime bien aller à l’école parce qu’on y apprend plein de choses intéressantes. Plus tard, je serai enseignant  »

Le Trieu Nhu Y

Élève de 3e année de la minorité ethnique dao dans la province de Yen Bai.

Avant le lancement du projet, les enfants s’ennuyaient à l’école, surtout quand il fallait y rester toute la journée. Certains s’endormaient en cours et n’aimaient pas étudier. Depuis qu’ils peuvent apprendre en jouant, ils finissent les exercices vite et bien.

« Avant 2010, nous avions beaucoup de décrocheurs », raconte Bui Kim Dong, responsable de l’éducation pour la commune de Van Chan, dans la province de Yen Bai« Mais ce problème a totalement disparu dans les zones isolées ».

Les communautés y ont aussi mis du leur, incitant les enfants à aller à l’école, participant à la construction de bibliothèques en plein air et fabriquant des outils pédagogiques et des jouets pour les cours.

Grâce au soutien des parents et des communautés, très motivés, le projet a pu rénover les salles de classe et les sanitaires ou construire, dans certains cas, des cuisines et faire ainsi en sorte que l’école devienne un endroit encore plus plaisant.

Près de 6 500 enseignants ont été périodiquement formés dans ce cadre et ont pu participer à des réunions pour échanger leurs expériences et leurs connaissances. Ils ont aussi amélioré leurs compétences didactiques en produisant des supports d’apprentissage adaptés aux élèves.

Le projet, qui s’est achevé en juin 2013, aura contribué à renforcer la pertinence des écoles pour les élèves, leur donnant ainsi davantage confiance en eux.

« J’aime bien aller à l’école parce qu’on y apprend plein de choses intéressantes. Plus tard, je serai enseignant », affirme Le Trieu Nhy Y, Élève de 3e année de la minorité ethnique dao dans la province de Yen Bai


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