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Europe et Asie centrale : vers toujours plus d’efficacité énergétique

30 juillet 2013



LES POINTS MARQUANTS
  • Les initiatives pour l’efficacité énergétique dans la région Europe orientale/Asie centrale permettraient d’accroître la fourniture d’énergie et d’en améliorer la sécurité, de réduire les émissions de CO2 et d’anticiper la crise énergétique annoncée.
  • Le Groupe de la Banque mondiale a engagé plus de 3 milliards de dollars pour de tels projets dans la région.
  • Au cours des 20 prochaines années, des investissements à hauteur de 3 300 milliards de dollars environ (soit 3 % du PIB régional) seront indispensables pour éviter de graves pénuries.

Notre planète est dopée à l’énergie, pour éclairer les hôpitaux, chauffer les écoles et alimenter en gaz, chauffage et électricité les ménages du monde entier. Pourtant, pratiquement 20 % de la population n’ont pas accès à l’électricité et quasiment 40 % utilisent comme carburant domestique du bois et d’autres produits de la biomasse.

L’énergie est cruciale, pour assurer une croissance durable, réduire la pauvreté et mieux partager la prospérité. Toute l’activité économique — développement des entreprises, création d’emplois et production de revenus — dépend d’un approvisionnement énergétique adapté qui soit à la fois bon marché et fiable. Or, la fiabilité de l’alimentation énergétique reste un combat de tous les instants dans de nombreuses régions en développement. Plusieurs initiatives internationales récentes, à l’instar de la campagne Énergie durable pour tous (a), ont souligné l’importance de l’énergie dans la lutte contre la pauvreté dans le monde et apportent un certain nombre de lignes directrices aux décideurs soucieux de résoudre le casse-tête énergétique.


« On estime que l’ensemble des projets, programmes et initiatives engagés ces dix dernières années ont permis à la région d’économiser quelque 42,5 TWh par an, soit la totalité de la production de la Nouvelle-Zélande en 2010. »

Face à la menace d’une crise énergétique (a) dans les pays d’Europe orientale et d’Asie centrale, les conseils et les ressources mis à disposition par ces initiatives prennent une importance particulière puisqu’il s’agit d’une des régions les plus énergivores au monde. Les déperditions techniques pendant le transport atteignent respectivement 13 et 15 % en Ukraine et dans l’ex-République yougoslave de Macédoine, et jusqu’à 20 % au Tadjikistan. Les piètres normes de construction de la région n’assurent pas un chauffage convenable et augmentent la consommation pour chauffer les écoles, les lieux de travail et les foyers. La région représente 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), soit le double du taux attendu au vu de son niveau de production. Tous ces facteurs freinent le développement d’une offre d’énergie bon marché dans la région, qui pénalise partout les ménages, notamment les plus pauvres, et impose de prendre des mesures correctrices.

Si deux objectifs de l’initiative conduite par les Nations Unies pour une Énergie durable pour tous (améliorer l’accès à des services énergétiques modernes et engager la transition vers des sources d’énergie plus durables) ouvrent de réelles perspectives pour les défis énergétiques de cette région, c’est son troisième pilier qui offre le plus grand intérêt : doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique.

Depuis dix ans, le Groupe de la Banque mondiale a engagé plus de 3 milliards de dollars pour des mesures d’efficacité énergétique dans les pays d’Europe orientale et Asie centrale. Le Bélarus a ainsi pu réduire son intensité énergétique (a) de 60 % en 15 ans et l’Ouzbékistan d’économiser 50 000 MWh qui, autrement, se seraient volatilisés, faute d’efficacité. L’ensemble des projets, programmes et initiatives engagés ces dix dernières années ont permis à la région d’économiser quelque 42,5 TWh par an, soit la totalité de la production de la Nouvelle-Zélande en 2010.

Les efforts d’efficacité énergétique ne constituent pas seulement l’une des solutions les plus rentables pour développer l’offre d’énergie ; ils sont aussi un moyen pour la région de réduire ses émissions de GES. Les investissements consentis permettent déjà d’économiser environ 7,5 millions de tonnes de CO2 par an, une manière coût-efficace d’appuyer la croissance verte.

Mais à terme, ces engagements ne suffiront pas à contrecarrer la crise de l’énergie qui s’annonce dans la région. D’ici 20 ans, celle-ci devra consacrer 3 % de son PIB — soit environ 3 300 milliards de dollars — à des investissements dans ce secteur. Ce sont des sommes substantielles mais la plupart de ces investissements seront amortis en quelques années. Dans certains pays des Balkans, les mesures d’efficacité énergétique entraînent en général entre 30 et 45 % d’économies par bâtiment, avec un retour sur investissement au bout de six à huit ans. D’autant que la réduction des subventions à l’énergie (a), la protection des plus démunis et l’investissement dans l’efficacité énergétique pourraient permettre à plus de 50 % des pays de la région d’engranger un gain de PIB supérieur à 1 %.

Conscient de ces potentialités, le Groupe de la Banque mondiale a récemment renouvelé son engagement (a), appelant à faire monter ces initiatives en puissance en fonction des besoins. Si les pistes diffèrent d’un pays à l’autre de la région, on y retrouve la réhabilitation des infrastructures existantes pour améliorer leur efficience, la maîtrise de la demande, l’adoption de technologies plus efficaces et le développement de villes plus durables (a). Toutes ces mesures devraient aider les pays à renforcer leur sécurité énergétique tout en consolidant leur croissance économique et en réduisant les impacts environnementaux et sociaux de leurs secteurs de l’énergie. Ce faisant, ils pourraient regagner en compétitivité industrielle, rendre la construction de nouvelles centrales moins nécessaire et mieux anticiper la crise de l’énergie qui s’annonce dans la région.


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