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Nations Unies et Banque mondiale : la résilience est vitale pour les promesses de développement de l’Afrique

03 juin 2013


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Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon et le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim rencontre avec le président ougandais Yoweri Museveni.

Dominic Chavez/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • Les conséquences de l’élévation des températures sur la planète, conjuguées à l’augmentation spectaculaire du nombre de personnes exposées aux catastrophes et à des conditions climatiques extrêmes, incitent en effet à privilégier le renforcement des capacités de résistance.
  • Si les programmes de développement ne s’attachent pas résolument à prendre en compte le risque en amont, les pays africains et leurs donateurs risquent de ne pas pouvoir absorber les coûts croissants des catastrophes.

À l’heure où l’Afrique est aux prises avec une sécheresse persistante, qui affecte des millions de personnes dans le Sahel, et avec des inondations qui mettent en danger des vies et des moyens de subsistance au Mozambique, il apparaît de plus en plus clairement que la résilience face aux catastrophes naturelles joue un rôle de premier plan dans l’avenir du continent et dans la concrétisation de ses bonnes perspectives de développement.

Cet enjeu a conduit le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim, ainsi que plusieurs dirigeants africains et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, à mobiliser un soutien au développement de l’Afrique et à dégager un consensus international sur l’intégration des questions de risque de catastrophe et de risque climatique dans les politiques et programmes de développement.

« L’Afrique est le moteur de la croissance de demain, a affirmé Jim Yong Kim lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD V) qui s’est déroulée la semaine dernière à Yokohama, au Japon. Cependant, compte tenu de sa croissance démographique, de son urbanisation rapide et des pressions environnementales, elle est également extrêmement vulnérable aux effets des catastrophes et du changement climatique ». 

Aussi, le président du Groupe de la Banque mondiale a-t-il poursuivi, « ce n’est qu’en assurant la pérennité du développement de l’Afrique à travers le renforcement de sa résilience que nous pourrons réussir à éliminer l’extrême pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée ».

On estime qu’au cours des 30 dernières années, les catastrophes naturelles ont causé aux pays en développement 1 200 milliards de dollars de dégâts et de pertes. Ce chiffre, qui correspond à environ trois fois le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique du Sud, ne tient pas compte de l’impact cumulé d’événements de moindre ampleur qui touchent périodiquement les populations.

Contrairement à la pire sécheresse qu’ait connue le Sahel en 60 ans, ces événements récurrents (inondations, vagues de chaleur) ne font peut-être pas les gros titres dans le monde entier mais, en venant frapper et refrapper les mêmes populations, ils enfoncent les personnes vulnérables encore plus profondément dans la pauvreté, avec pour conséquence de défaire des années de progrès sur le plan du développement.

Il faut donc se réjouir que la communauté des donateurs et les pouvoirs publics passent à la vitesse supérieure et ambitionnent de renforcer la prévention et la résilience. On ne se contentera plus de réagir après une catastrophe : désormais, la résilience est intégrée dans tous les aspects du développement.

Les conséquences de l’élévation des températures sur la planète, conjuguées à l’augmentation spectaculaire du nombre de personnes exposées aux catastrophes et à des conditions climatiques extrêmes, incitent en effet à privilégier le renforcement des capacités de résistance. Si les programmes de développement ne s’attachent pas résolument à prendre en compte le risque en amont, les pays africains et leurs donateurs risquent de ne pas pouvoir absorber les coûts croissants des catastrophes.


« Ce n’est qu’en assurant la pérennité du développement de l’Afrique à travers le renforcement de sa résilience que nous pourrons réussir à éliminer l’extrême pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée.  »
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Jim Kim

Président, Groupe de la Banque Mondiale

Le rôle de la Banque mondiale

C’est pourquoi la Banque mondiale s’est engagée à intensifier ses efforts en vue d’incorporer le risque de catastrophe et le risque climatique (a) dans tous les aspects de ses travaux.

« Nous nous sommes engagés à aider l’Afrique à réduire sa vulnérabilité et à renforcer sa résilience en investissant dans la gestion durable des ressources hydriques, dans l’agriculture climato-intelligente, dans des systèmes d’alerte avancée efficients et en exploitant le potentiel d’intégration régionale sur les marchés », a expliqué Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique.

Plus des deux tiers des stratégies de partenariat avec les pays établies par la Banque mondiale intègrent désormais les questions de risque de catastrophe. Entre 2006 et 2011, la Banque a financé 113 opérations de préparation aux catastrophes et de prévention (7,9 milliards de dollars) et 68 opérations de reconstruction après une catastrophe (3,8 milliards de dollars), ce qui représente plus de 5,3 % de l’ensemble de son portefeuille.

La promotion d’un développement à l’épreuve du changement climatique a également constitué une thématique spécifique de la Seizième reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres. Environ 32 % du total des engagements de l’IDA sur l’exercice 2012 (soit 4,7 milliards de dollars) appuyaient des mesures d’adaptation au changement climatique (2,3 milliards) et d’atténuation du réchauffement (2,4 milliards).

Un partenariat pour la résilience

En 2006, la Banque mondiale et un certain nombre de donateurs internationaux ont créé le Dispositif mondial pour la réduction des effets des catastrophes et le relèvement (GFDRR). Sept ans plus tard, ce partenariat regroupe près de 50 pays qui aident les pays sujets à des catastrophes, en renforçant leur résilience face à ces dernières et aux événements climatiques, et en mettant en œuvre les recommandations du Cadre d’action de Hyogo, un plan sur 10 ans validé par l’Assemblée générale des Nations Unies ayant pour objectif de rendre la planète plus sûre face aux catastrophes naturelles.

Dans la perspective de l’après-2015, nous avons une occasion exceptionnelle d’accomplir des progrès de grande ampleur grâce aux synergies que nous parviendrons à créer entre l’agenda du développement et ceux de la gestion des catastrophes et de la lutte contre le changement climatique. Le Cadre de Hyogo arrive en effet à expiration, et un nouveau cadre de développement faisant suite aux objectifs du Millénaire pour le développement devrait voir le jour.

« Le plus souvent, on ne se rend pas compte que les catastrophes peuvent avoir des effets à long terme qui entravent véritablement le développement, a fait observer le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon. À l’heure où nous intensifions les efforts pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement et où nous discutons des priorités pour l’après-2015, nous devons envisager les difficultés que soulèvent les catastrophes par le prisme du développement. »

Au bout du compte, la résilience aux catastrophes et aux événements climatiques est inextricablement liée au développement : la résilience ne peut pas se passer de développement et le développement ne peut pas se passer de résilience. Autrement dit, l’on ne peut obtenir l’un sans l’autre.


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